La pression sur Obama pour rouvrir les années Bush
Torture, opérations secrètes : le ministre de la Justice, Eric Holder, serait de plus en plus décidé à nommer un procureur spécial chargé de faire la lumière sur les dérives de l’administration républicaine.
Après le 11 septembre 2001, la CIA avait mis sur pied un programme secret. Tellement secret, en réalité, que le nouveau chef de l’agence, Leon Panetta, n’en aurait lui-même pris connaissance que fin juin [1], presque par hasard, après avoir passé six mois à diriger les espions américains. Il en a immédiatement informé un comité du Congrès, comme la loi lui en donne l’obligation. Et l’homme, qui ne fait pas partie du sérail de l’espionnage, aurait aussi désigné un responsable de ce long silence coupable : Dick Cheney, l’ancien vice-président.
De vilaines cachotteries. Une couche de plus dans le formidable halo de secret dont s’est entourée l’administration Bush. Des révélations du Wall Street Journal ont finalement commencé à soulever les coins de ce programme secret dont parlait déjà tout Washington : il s’agissait notamment de former des commandos spéciaux pour dénicher, et tuer sans sommation, les principaux membres supposés d’al-Qaida, même établis dans des pays amis. Une action logique, alors qu’Oussama ben Laden a été désigné comme l’ennemi numéro un de l’Amérique ?
Logique peut-être, mais illégale. Depuis que les Israéliens avaient eu recours à cette pratique pour liquider les responsables du massacre des Jeux olympiques de Munich (1972), les Etats-Unis ont explicitement banni l’usage des « assassinats ciblés », conscients des dérives qu’ils peuvent provoquer. Plus encore : tout programme « sensible » de cette nature doit avoir l’aval d’un comité du Congrès chargé de cadrer les activités des espions. Non seulement la Maison-Blanche s’est passée de cet accord, mais elle a exigé explicitement à la CIA de garder le silence.
Pourtant, l’émoi provoqué [2] dans les travées du Congrès semble démontrer qu’il reste encore des choses à découvrir. Depuis des semaines, la speaker de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, répète à qui veut l’entendre que la CIA lui a menti pendant des années, à elle aussi, à propos des méthodes d’interrogation des détenus, et sur l’usage des pratiques les plus controversées comme la simulation de noyade ou la privation de sommeil. Un temps, on a pensé que la démocrate ne lançait ces accusations que pour se dédouaner et justifier son propre manque de réaction à l’époque. Mais, depuis lors, d’autres collègues sont venus à sa rescousse pour appuyer ses dires.
Leon Panetta n’est pas le seul à faire des découvertes surprenantes. Le mois dernier, le ministre de la Justice, Eric Holder, aurait décidé de s’isoler dans son bureau. Il aurait pris deux jours entiers pour lire les rapports de l’inspecteur général de la CIA, encore classés top secret, consacrés aux abus des agents lors des interrogatoires. Des « abus » déjà connus en partie, au demeurant, et confirmés notamment par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un rapport publié à son insu.
Ce qu’a lu Eric Holder l’aurait « choqué et peiné », selon un de ses proches cité par le magazine Newsweek. Car, loin de se contenter d’appliquer à la lettre les torture memos du Département de la justice (qui autorisaient déjà un recours limité à la torture), certains agents de la CIA seraient allés largement au-delà. Depuis lors, l’attorney general serait de plus en plus décidé à nommer un procureur spécial chargé de faire la lumière sur ces agissements et, peut-être, d’inculper les responsables.
Cet homme, proche du président Barack Obama, serait-il prêt à aller contre les volontés affichées du président ? A plusieurs reprises, l’actuel chef de la Maison-Blanche a rejeté l’idée d’ouvrir une enquête sur l’administration précédente en répétant qu’il s’agissait désormais de « regarder vers l’avant ». La Maison-Blanche a même activement œuvré en coulisses pour dissuader les élus de mettre sur pied une « commission vérité » qui n’aurait pourtant pas eu de compétences judiciaires. [3]
Cependant, le président lui-même semble comme dépassé par l’ampleur des révélations. Il y a quelques jours, il reconnaissait ainsi qu’il avait demandé à ses conseillers d’enquêter sur le massacre de centaines de combattants talibans qui étaient aux mains des troupes de l’Alliance du Nord (alliée des Américains) au début de la guerre d’Afghanistan, en 2001. Or, à l’époque, l’administration Bush avait tout fait pour que ce massacre ne soit pas révélé. « Je pense qu’il y a des responsabilités qui incombent à toutes les nations, même en temps de guerre, expliquait le président sur CNN. Et s’il apparaît que notre conduite a consisté à apporter notre soutien à des crimes de guerre, alors je pense que nous devons le savoir. »
Luis Lema, New York/Le Temps
Publié sur La tribune des droits humains
Note ReOpenNews :
[1] Une ReOpenNews publiée il y a déjà deux mois relatait l’existence de ce programme secret : la révélation du journaliste Seymour Hersh avait à ce moment-là déjà été confirmée par l’ancien assistant de Cheney! Il est donc difficile de croire Panetta quand il prétend qu’il n’a entendu parler de cette affaire qu’en juin… et par hasard!
[2] La révélation sur le programme d’assassinats dirigé par Dick Cheney a très largement été relayée par la presse américaine mais également, dans une moindre mesure, par la presse française
[3] Obama a également mis fin aux procès des familles de victimes du 11/9 contre les Saoudiens pour leur implication dans le financement des attentats
Alors il y aurait une justice aux USA, c’est vraiment pas l’impression que j’ai eu ces dernières années…
Même Obama couvre les républicains c’est juste hallucinant.
Je sens qu’on va entendre parler de peine à la madoff si la justice s’occupe vraiment de la bande à Bush junior.
Ce jour là mon coeur sera plus léger.
Si les démocrates découvrent *vraiment* ce qu’il s’est passé, alors il est urgent de ne plus jamais les élire, et de les réaffecter à des tâches mieux adaptées à leur niveau de compétence, comme par exemple s’épouiller mutuellment, faire de la balançoire dans des pneus et se boucher les yeux, les oreilles et la bouche avec des bananres.
Mais je ne pense pas qu’ils découvrent *vraiment* ce qui s’est passé.
Cheney » responsable » ?
« la Maison-Blanche s’est passée de cet accord, mais elle a exigé explicitement à la CIA de garder le silence. »
La CIA aurait quand même pu l’ouvrir plus tôt au lieu d’avaler cette couleuvre sans broncher.
Cela vient un peu tard pour nous montrer un visage moins amoral que de coutume.
Toutefois, l’influence néfaste d’un Cheney – influence qui a pu tristement suffire – n’est pas pour m’étonner.
Avant même la guerre contre l’Irak, des agents de la CIA s’étaient plaint dans une revue progressiste comme « American Prospect » (www.prospect.org, je ne sais pas si elle l’est encore vraiment… au sens où elle ferait avancer les choses) des pressions émanant du Pentagone, et de l’influence de sa fille au secteur Moyen-Orient du Département D’Etat.
Voir « The Pentagon muzzles the CIA » december 2002 (je l’avais lu aux States et cela avait atterri, après une série de mails, en page centrale du Courrier International de janvier 2003, une semaine avant le discours de Villepin à l’ONU).
Là comme pour la grossière opération 119, Cheney a dû faire le lien entre la maison Blanche et certaines forces du Pentagone.
http://www.scribd.com/ssher
Obama ne va pas réouvrir une enquète sur les attentats du 11/09
il ne veut pas finir comme KENEDY
Peut être, sauf que dans l’intérêt national, cette enquête est nécessaire, les obscurités et les illogismes politiques de l’ère Bush étant flagrants et rendant le peuple américain nerveux, curieux et exigeant de plus en plus . D’ailleurs cette perspective populaire commence à se refleter en France de manière plus rapide sur le régime Sarkoziste . Un mécontentement croissant voir même révolutionnaire apparait : on commence à prendre des patrons en otage, on menace de faire sauter des entreprise à coup de bouteille à gaz, la plupart des cadres dirigeants et politiques recoivent des cartouches par courrier … Il est grand temps de faire le ménage, et Obama risque de le faire avant qu’il prenne les conséquences de ses pairs à leur place . Par contre, je suggère que Mr Sarkozy fasse de même : certains de ses ministres et proches s’en donnent à coeur joie, et les mesures de répression utilisées sont nettement passables pour tout le monde ! Je ne comprends pas pourquoi il maintien les lois pour les gens d’en bas en les retirant pour les gens d’en haut : c’est irrépublicain et donc dangereux pour lui même ! Personne n’est intouchable, pas même Nicolas, l’histoire l’a prouvé tant de fois …
Etant donné l’ampleur des complicités médiatico politique du 11 septembre dans le monde entier, OBAMA sera déjà mort le jour où il bougera un cil vers la réouverture d’une enquête !
Obama préfèrera mille fois passer pour un faux-cul incompétent (qu’il n’est pas) plutôt que de finir six pieds sous terre.
L’enjeu est trop important et ce putain de « Patriot act » est là pour rappeler aux citoyens trop curieux qu’il n’est pas bon de trop remuer la merde…
Aujourd’hui plus que jamais « les tontons flingueurs » font peur à tout le monde et ils sont nombreux…et bien équipés…et bien protègés !!!
Le peuple va devoir se prendre en main s’il veut voir les choses changer et arrêter de faire confiance à ses maitres !!!