Ce que cache la dernière propagande offensive américaine contre l’Iran

"Pas de politique américaine pour contrecarrer l’Iran", affirmait le Secrétaire à la Défense Robert Gates, évoquant la menace du nucléaire iranien dans sa note de trois pages au Président Obama. Worldcantwait.net, reprenant l’article du New York Times que nous avions traduit pour vous, montre ce que cache pareille affirmation. Il semblerait qu’à l’insu du public, tout soit prêt pour une intervention en Iran. Signe qui ne trompe pas, les épouvantails du terrorisme, iranien cette fois, sont ressuscités dans la propagande d’Etat. L’Irak et L’Afghanistan ont fait les frais des répétitions de ce qui pourrait bien devenir la scène d’une grande et terrible finale. Le monde ne peut se permettre d’attendre que l’horreur devienne une nouvelle fois réalité. Les pays émergents ont-ils la capacité de faire contrepoids aux visées expansionnistes américaines ? L’envol économique de la Chine, de la Russie et de l’Inde, désormais moteurs de la croissance mondiale, pourrait bien redistribuer les cartes de la compétition pour l’énergie au Moyen-Orient et en Asie centrale. D’où le renforcement de la présence américaine dans la région et la propagande offensive à l’encontre de l’Iran. Le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim a dit lors du sommet des pays émergents à Brasilia le 15 avril dernier  : "Notre impression, partagée par l’Inde et la Chine est que les sanctions seraient d’une efficacité très discutable, voire contre-productives. Elles affectent seulement les gens les plus vulnérables, pas les dirigeants. Il est encore possible de parvenir à une solution négociée avec l’Iran." 

 

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Du point de vue  de la stratégie militaire, l’idée d’un Iran doté de la bombe nucléaire se défend. (Reuters)



Ce que cache la dernière propagande offensive américaine contre l’Iran

Vendredi 23 avril 2010
Par Kenneth J. Theisen pour WorldCanWait

 
L’administration Obama mène une campagne de propagande pour renforcer sa liberté d’action contre l’Iran. De telles actions peuvent inclure une guerre.

Le 19 avril, le Pentagone a présenté au Congrès un rapport "sur la puissance militaire de l’Iran" (voir article du Washington Post). Juste avant la publication du rapport, le New York Times a rapporté que le secrétaire à la Défense Robert Gates avait écrit une note secrète en janvier à l’intention du Général James Jones, conseiller à la sécurité nationale d’Obama.

Pour le Times, cette note indiquerait que les Etats-Unis "n’ont pas de politique efficace à long terme pour faire face à la capacité nucléaire iranienne en constant progrès…" Le Times poursuit en déclarant que le mémo de Gates "… est arrivé alors que le Pentagone, la Maison Blanche et les agences de renseignements travaillaient à développer de nouvelles options pour M. Obama. Il s’agit d’un ensemble d’alternatives militaires, encore en développement, qui devraient être considérées si les sanctions diplomatiques ne parvenaient pas à faire changer l’Iran de cap. "

La semaine dernière, les différents membres de la classe dirigeante se sont exprimés publiquement sur l’Iran. Il s’agissait des représentants de la Maison Blanche, du Pentagone et du Congrès. Ils l’ont fait pour gagner l’appui du peuple américain concernant les actions qui seront prises contre l’Iran, et qui pourraient inclure des attaques militaires.

Le 16 avril, Jones, le conseiller à la Sécurité nationale, a parlé de la note secrète de Gates en disant : "A propose de l’Iran, nous faisons ce que nous avons dit que nous allions faire. Le fait que nous n’ayons pas annoncé publiquement notre stratégie au monde entier ne veut pas dire que nous n’avons pas de stratégie pour anticiper la gamme complète des risques – ce que nous faisons."

Jones a également déclaré : "Le Président a clairement fait savoir dès l’instauration de cette administration que nous devons être prêts à toute éventualité. C’est ce que nous avons fait dès le premier jour, parvenant à construire une coalition des nations pour isoler l’Iran et le presser à ses obligations." Lorsque les fonctionnaires de l’administration se référent à la "gamme complète des risques", il faut bien comprendre que cela inclut des options militaires.

Le 17 avril, Gates a fait une déclaration transmise par le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, disant : "Le secrétaire estime que le Président et son équipe de Sécurité nationale ont passé énormément de temps et d’efforts pour examiner et préparer la gamme complète des risques à l’égard de l’Iran."

Toujours selon le New York Times, "un haut responsable décrivait la semaine dernière en des termes un peu plus clairs qu’il y avait une ligne que l’Iran ne serait pas autorisé à franchir. Le fonctionnaire a déclaré que les États-Unis s’assureraient que l’Iran «ne puisse acquérir un potentiel nucléaire, "une étape à laquelle Téhéran pourrait bien arriver avant de développer une arme sophistiquée." En d’autres termes, les États-Unis empêcheront l’Iran d’avoir même la possibilité de créer une bombe.

Comment les États-Unis pourraient-ils empêcher l’Iran «d’acquérir un potentiel  nucléaire ? "Selon le Times, en décembre 2009,  l’amiral Mike Mullen, chef d’État-major a écrit une "notice d’information" à l’intention du personnel de la présidence. Il écrit  : "Si le Président appelle à des options militaires, nous devons les tenir prêtes."

Le 18 avril 2010, lors d’un discours à l’université de Columbia, Mullen a dit : "[L'Iran] fait l’objet d’une grande attention depuis des années, et non des mois" et "l’option militaire a été mise sur la table et reste sur la table." Il a poursuivi en disant : "La diplomatie, l’engagement, les sanctions – tout cela, de mon point de vue, doit être abordé."

Pour comprendre les actuelles manoeuvres de l’administration, il nous faut considérer les différentes armes utilisées par les États-Unis comme une part de son arsenal impérialiste tout entier. Ces armes ne sont pas incompatibles. Elles comprennent la diplomatie, les sanctions, la propagande, et l’option militaire. Elles peuvent être utilisées simultanément, ou l’une peut encore être plus utilisée que d’autres à différents moments. L’Irak est un bon exemple. Avant l’invasion de l’Irak en 2003, toutes ces armes impérialistes ont été utilisées contre lui. Il faudrait aussi se rappeler que les sanctions seules ont tué plus d’un demi-million d’Irakiens, avant même l’invasion proprement dite.

En essayant de traiter avec l’Iran, le régime de Bush et l’administration Obama ont mis l’accent sur la diplomatie, les sanctions, et la propagande. Mais ils ont à maintes reprises aussi utilisé la menace d’une option militaire, tandis qu’ils se préparaient très activement à une éventuelle attaque. Si une telle attaque n’a pas encore eu lieu, cela ne veut pas dire qu’il ne s’agit  pas d’une possibilité bien réelle, à laquelle il faut résolument s’opposer.

Aussi, ne nous trompons pas en pensant qu’une attaque contre l’Iran demandera les mêmes préparatifs que ceux qui ont été faits avant l’invasion de l’Irak. En raison de l’engagement actuel des États-Unis avec les troupes en Irak et en Afghanistan, il est très peu probable que les Etats-Unis envisagent une attaque sur l’Iran par une majorité de troupes terrestres. Actuellement, de telles forces ne sont tout simplement pas disponibles. Une attaque militaire est plus susceptible d’impliquer les forces aériennes et maritimes, avec de possibles opérations limitées des forces spéciales. Une telle attaque, tout en requérant certains préparatifs, pourrait avoir lieu assez rapidement et les préparatifs pourraient s’effectuer sans que le public n’en sache rien.

Une grande partie de ce qui serait nécessaire pour préparer une attaque contre l’Iran est déjà en place. La flotte navale est déjà en mesure de lancer des attaques. Les bombardiers et les missiles en place pourraient lancer des attaques sur ordre du Commandant en chef Obama. L’administration a placé des batteries anti-missiles Patriot, le plus souvent gérées par les Américains, dans plusieurs Etats à travers le golfe Persique. D’importants arsenaux de fournitures sont prépositionnés dans toute la région. Des forces spéciales américaines ont été formées pour s’emparer et protéger les champs pétrolifères iraniens.

L’objectif de toute attaque américaine contre l’Iran serait de détruire ou de paralyser les installations nucléaires iraniennes. Celles-ci incluraient des équipements y compris souterrains que l’Iran s’évertue à protéger. Pour que les États-Unis y parviennent, il faudrait utiliser ce qu’on appelle des armes anti-bunker.

Pour ce qui indique que les Etats-Unis en sont en effet à la préparation de "l’éventail complet des risques",  le lecteur devrait consulter un article paru dans le Sunday Herald le 14 mars 2010. Dans cet article, le Herald rapporte que, selon un manifeste de cargaison de la marine US, 387 bombes à charge pénétrante devaient être expédiées pour l’île britannique de Diego Garcia dans l’océan Indien. Cette île est un bunker de munitions virtuel et une zone de transit pour les États-Unis. Les Britanniques ayant déplacé la population indigène de l’île, elle est devenue une plate-forme militaire américaine pour le lancement des attaques à travers le Moyen-Orient et l’Asie du Sud. La plupart de ce qui se passe sur l’île relève du secret militaire bien gardé. L’île compte environ 50 membres britanniques, et plus de 3000 militaires américains y sont stationnés.

Faisant partie d’une possible préparation pour attaquer l’Iran, l’administration Obama joue la «carte de la peur», tout comme le précédent régime de Bush s’était servi des armes de destruction massive de Saddam Hussein pour trouver des soutiens à l’invasion de l’Irak.

Le rapport au Congrès n’est qu’une part de la constitution de la propagande de la peur. Selon le rapport, "avec une aide étrangère suffisante, l’Iran pourrait sans doute développer et tester un missile balistique intercontinental (ICBM) capable d’atteindre les Etats-Unis en 2015." Ceci couplé aux déclarations incessantes de propagande des responsables américains sur l’Iran et son développement d’armes nucléaires, il s’agit d’effrayer le camp US afin de permettre aux impérialistes américains d’avoir les mains libres pour attaquer l’Iran, et de "protéger" le peuple américain.

Le rapport a également indiqué que "le programme nucléaire iranien et sa volonté de maintenir ouverte la possibilité de développer des armes nucléaires, est l’élément central de sa stratégie de dissuasion." La semaine dernière, le directeur de la Defense Intelligence Agency, le lieutenant-général Ronald Burgess L. Jr., a déclaré à la Commission des services armés du Sénat que l’Iran pourrait produire du combustible de la qualité d’une bombe pour une arme nucléaire d’ici un an, mais qu’il faudrait probablement deux à cinq ans pour fabriquer une bombe atomique viable. Une Bombe plus un missile signifient sans doute qu’on ferait mieux de se cacher sous nos lits ou laisser Obama libre d’employer la machine de guerre.

Lors de la même audience, Michele Flournoy, sous-secrétaire à la Défense pour la politique, a déclaré à la Commission des services armés du Sénat que l’administration Obama voyait les défis posés par l’Iran comme un problème de sécurité nationale supérieur. "Nous travaillons avant tout à empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires", a-t-elle dit aux Sénateurs réunis.

Pour comprendre la menace contre l’Iran, nous devrions également prendre en compte le "Nuclear Posture Review" que l’administration Obama a récemment dévoilé. Le rapport se penche sur les scénarios selon lesquels les États-Unis lanceraient une frappe nucléaire. Interrogé sur la Corée du Nord et l’Iran à la lumière du rapport, le secrétaire à la Défense Robert Gates a déclaré que pour ces nations, "toutes les options sont sur la table". En d’autres termes, il ne s’agit pas juste d’envoyer des bombes perforantes sur l’Iran; des bombes nucléaires pourraient même être utilisées.

Mais si la crainte des armes nucléaires iraniennes n’est pas suffisante pour créer la peur nécessaire afin de susciter le soutien du public, l’administration Obama a également sorti la carte du terrorisme. Le rapport du Pentagone au Congrès a accentué l’influence de l’Iran et le soutien du Hezbollah et du Hamas, de groupes terroristes présumés qui interfèrent avec les intérêts américains. Selon le rapport, "Nous estimons, en grande confiance, qu’au cours des trois dernières décennies, l’Iran a méthodiquement cultivé un réseau de terroristes de substitution parrainés, capables de mener des attaques efficaces, certainement contestables contre Israël et les États-Unis." Le rapport affirme que l’Iran a fourni des armes et pas moins de 200 millions de dollars par an, en vue de réarmer le Hezbollah depuis l’invasion du Liban par Israël en 2006.

Le rapport du Pentagone affirme également que l’Iran a joué un rôle "déstabilisateur" en soutenant les factions en Irak et en Afghanistan contre les intérêts américains. On peut lire : "L’Iran propose également les orientations stratégiques aux milices et aux groupes terroristes pour cibler les forces américaines en Irak et saper les intérêts des États-Unis." On y prétend aussi que les armes iraniennes sont utilisées par les talibans et autres factions en Afghanistan contre les États-Unis.

Traduction apetimedia pour ReOpenNews

 


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