Guantanamo : Al Jazeera recueille la première interview d’un détenu

Guantanamo : Al Jazeera recueille la première interview d’un détenu
Le journaliste est lui-même ancien détenu.

Un détenu de Guantanamo a pu téléphoner à la chaîne Al-Jazeera et témoigner des mauvais traitements qui lui ont été infligés. Il s’agit de la première interview d’un détenu de la prison de haute sécurité. Les Etats-Unis n’avaient en effet jamais autorisé un seul média à s’entretenir avec un prisonnier.

Mohammed el gharani

Il s’agit vraisemblablement d’une interview réalisée durant les appels téléphoniques normalement réservés aux familles. Mohammed el-Gharani, un Tchadien de 21 ans détenu à Guantanamo, a témoigné à la chaîne Al-Jazeera des mauvais traitements infligés par l’armée américaine. Lors d’un appel téléphonique à la chaîne arabophone, il a décrit un incident précis : alors qu’il refusait de quitter sa cellule parce qu’il n’avait plus le droit de parler avec d’autres détenus et qu’on lui refusait une "alimentation normale", six soldats (accompagnés d’un soldat filmant la scène) l’ont sorti de force de sa cellule. Ils l’auraient alors battu à coups de matraque et vidé deux conteneurs entiers de gaz lacrymogène sur lui.

"Je pouvais à peine voir ou respirer. Puis, ils m’ont battu encore au sol, l’un d’entre eux tenait ma tête et la frappait contre le sol. J’ai commencé à crier à son supérieur "vous voyez ce qu’il fait? vous voyez ce qu’il fait" [mais] son supérieur s’est mis à rire et m’a dit "il fait son boulot". "

Devant ces accusations, Al-Jazeera envoie les détails de cette conversation au Pentagone et au Justice Department : elle est alors contactée par le vice-amiral Brook DeWalt, porte-parole de Guantanamo, qui déclare simplement qu’il ne dispose d’aucune preuve corroborant ces propos.

Rappelons qu’un juge américain avait ordonné la libération de el-Gharani le 14 janvier dernier devant le peu de preuves le liant à Al-Qaida. Il est actuellement toujours détenu dans l’enclave cubaine où il attend sa libération.

Flou autour de la date

Un certain flou règne autour de la date de cet incident et les versions diffèrent au fur et à mesure que l’information circule.

Sur l’article original d’Al-Jazeera traduit en anglais par la chaîne, Al-Gharani déclare que les mauvais traitements ont commencé "environ 20 jours avant que Barack Obama devienne président (…) et continuent presque tous les jours depuis." Il ajoute que "depuis qu’Obama a pris ses fonctions, il ne nous a pas montré que quoi que ce soit allait changer".

Ces phrases deviennent dans la dépêche originale de l’agence américaine Associated Press (écrite en anglais et traduite par @SI) : "El-Gharani n’a pas donné la date des violences présumées mais a dit que cela s’était passé après l’élection de Barack Obama qui a ordonné la fermeture de Guantanamo d’ici la fin de l’année."

On note au passage la suppression de la citation accusant Obama de ne pas montrer de signe de changement depuis son investiture.

Dernier rebondissement : AP France n’est pas d’accord avec AP USA. Dans la version traduite en français de cette dépêche que l’on trouve sur le site du Figaro, la phrase devient : "El-Gahrani n’a pas donné (de date : ndlr) pour ces violences présumées mais a toutefois précisé qu’elles s’étaient produites avant l’élection du président américain Barack Obama le 4 novembre dernier. Depuis, Obama a ordonné la fermeture du centre de détention de Guatanamo d’ici la fin de l’année."

L’intervieweur est un ancien détenu

Une autre information intéressante que l’on ne retrouve pas dans les dépêches AP est l’identité de l’intervieweur de el-Gharani. Sami Al-Hajj, journaliste à Al-Jazeera est lui même un ancien détenu de Guantanamo libéré en mai 2008 en raison, encore une fois, d’absence de preuves le liant à des réseaux terroristes.

Interviewé sur la version anglophone de Al-Jazeera, il se montre très critique envers la gestion de Guantanamo sous la présidence Obama :

"C’est vrai qu’il y a un nouveau président des Etats-Unis mais il n’y a eu aucun changement dans l’administration de Guantanamo. Ce sont les gens qui étaient déjà là durant les années Bush et donc ils utilisent les mêmes méthodes qu’avant."

Par Jean-Guillaume Santi pour Arrêt sur Images.


 

 
La dépêche du Figaro

Un détenu de la prison américaine de Guantanamo a pu téléphoner à la chaîne satellitaire panarabe Al-Jazira pour dire qu’il a été sévèrement battu pour avoir refusé de quitter sa cellule. Il s’agit de la première interview accordée à un média par un détenu de l’enclave américaine de Cuba.

Mohammed el-Gharani, un Tchadien de 21 ans, a déclaré à Al-Jazira que ses gardiens l’ont battu à coups de matraque et l’ont aspergé de gaz lacrymogène, a rapporté la chaîne pan-arabe. Ces commentaires ont été publiés sur le site d’Al-Jazira, mardi.

Les Etats-Unis n’ont jamais autorisé de journalistes à interroger les prisonniers de Guantanamo et Al-Jazira n’a donné aucune précision sur la manière elle a réussi à entrer en contact avec el-Gahrani.

Un porte-parole de la prison, le vice-amiral Brook DeWalt a déclaré au quotidien "Miami Herald" qu’el-Gahrani a apparemment profité d’un ses coups de fil hebdomadaires à sa famille pour parler avec le journaliste d’Al-Jazira. Ce même porte-parole a ajouté qu’il n’y a aucune preuve pour confirmer les violences dont el-Gahrani affirme avoir été victime.

Ni les avocats du détenu ni DeWalt n’ont pu être joints par l’Associated Press.
El-Gahrani n’a pas donné pour ces violences présumées mais a toutefois précisé qu’elles s’étaient produites avant l’élection du président américain Barack Obama le 4 novembre dernier. Depuis, Obama a ordonné la fermeture du centre de détention de Guatanamo d’ici la fin de l’année.

Le prisonnier explique qu’il avait refusé de quitter sa cellule parce qu’il n’avait pas le droit de parler aux autres détenus et qu’on lui a refusé une "alimentation normale". Il a souligné que six soldats en tenue anti-émeutes l’ont alors sorti de sa cellule pour le battre, brisant une de ses dents.

"Je pouvais à peine voir ou respirer", a dit el-Gahrani.
Un juge américain a ordonné en janvier la libération du prisonnier tchadien, jugeant insuffisantes les accusations de l’armée américaine selon lesquelles el-Gahrani aurait appartenu au réseau terroriste Al-Qaïda et travaillé avec les Talibans en Afghanistan. En attendant sa libération, el-Gahrani est aujourd’hui détenu dans une section de la prison de Guantanamo où les prisonniers jouissent de meilleures conditions.

Il avait été arrêté au Pakistan en 2001 dans une mosquée et remis aux forces américaines en 2002. El-Garahni a été l’un des premiers prisonniers de Guantanamo et aussi l’un des plus jeunes.

Les Etats-Unis détiennent quelque 240 hommes sur la base de Guatanamo à Cuba, la plupart pour des liens présumés avec le réseau d’Oussama ben Laden ou les Talibans.

2 Responses to “Guantanamo : Al Jazeera recueille la première interview d’un détenu”

  • abdel

    Ils se permettent tout !!!!!!!!!!!

  • lefebure

    Encore une vidéo retirée du circuit au motif: Son auteur l’a rendu privée.
    Promis, je casse ma tirelire et je m’achète un disque de 2 tera-octets pour conserver tout ce qui dérange Big Brother et son équipe de censeurs. Ce sera mieux que le poste à galène de ma grand mère qui est toujours caché au grenier. Ne vous moquez pas, les temps ont changé sur la forme, pas sur le fond.

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