L’Afghanistan assis sur mille milliards de dollars de minerais
On savait que l’Afghanistan occupait une position stratégique comme "porte vers l’Asie centrale". Le pays se trouve sur la route des pipelines exportant gaz et le pétrole des immenses champs de la Mer Caspienne vers le reste du monde. Mais voilà que désormais on "découvre" que son sous-sol est d’une richesse incroyable : or, fer, cobalt, mais aussi lithium, ce précieux composant utilisé pour les batteries électriques. Et quand le Général Petraus déclare "Il y a là-bas un potentiel stupéfiant", on peut lui faire confiance pour faire en sorte que les Etats-Unis aient leur part du gâteau. Pourtant, si on veut malgré tout conserver un brin d’optimisme, on pourra se féliciter que l’argument selon lequel la culture et le trafic de drogues sont l’unique moyen de subsistance de populations déjà très pauvres, ne tienne plus et qu’on doive désormais attendre du gouvernement afghan qu’il mette à profit les richesses de son sous-sol pour le bien-être de sa population. Amen.
AFP | lundi 14 juin 2010 | repris par Boursorama
L’Afghanistan, un pays pauvre en guerre depuis plus de huit ans, est potentiellement assis sur mille milliards de dollars grâce à de gigantesques réserves de minerais dont l’existence est confirmée par un rapport de géologues américains révélé par le New York Times.
A Paris, le ministère des Affaires étrangères a indiqué qu’une première évaluation de la présence de minerais devrait être présentée le 20 juillet à Kaboul lors d’une conférence internationale et s’accompagner de l’ébauche d’une politique d’exploration.
L’information et le chiffre de "mille milliards de dollars" avaient déjà été révélés fin janvier par le président afghan Hamid Karzaï mais attendaient encore la confirmation des géologues américains qui avaient découvert en 2004, selon le New York Times, des cartes géologiques établies dans les années 1980 par leurs confrères soviétiques.
Ces gisements, qui comprendraient également du fer, de l’or, du niobium et du cobalt, seraient suffisants pour faire de ce pays ravagé par la guerre un des premiers exportateurs mondiaux de minerais, selon des responsables de l’administration américaine cités par le journal.
"Les ressources naturelles de l’Afghanistan joueront un rôle déterminant dans le développement économique de l’Afghanistan", a déclaré à l’AFP Jawad Omar, porte-parole du ministère des Mines et de l’Industrie, soulignant que le gouvernement afghan n’avait pas encore pris connaissance du rapport final des géologues américains.
"Un premier état des lieux devrait être présenté à l’occasion de la conférence de Kaboul le 20 juillet. Il devrait s’accompagner des premiers éléments de la nécessaire politique d’exploration et d’exploitation des ressources minières qui reste encore à définir", a déclaré la porte-parole adjointe du ministère français, Christine Fages.
Les seules réserves de lithium de l’Afghanistan seraient ainsi comparables à celles de la Bolivie, qui jouit des premières réserves mondiales, selon le New York Times.
Le lithium est un composant indispensable des batteries rechargeables, utilisé pour les téléphones et les ordinateurs portables ainsi que pour les automobiles électriques.
L’Afghanistan, qui voit 142.000 soldats des forces internationales combattre une insurrection qui gagne en terrain et en intensité, pourrait ainsi devenir "l’Arabie saoudite du lithium", selon une note interne du Pentagone citée par le journal américain.
De même, les réserves de fer et de cuivre seraient susceptibles de faire de l’Afghanistan, l’un des pays les plus pauvres de la planète, un des principaux producteurs mondiaux.
"Il y a là-bas un potentiel stupéfiant", a déclaré au New York Times le général David Petraeus, chef d’Etat-major général de l’armée américaine. "Il y a bien sûr beaucoup de ‘si‘", a-t-il toutefois ajouté.
"Mais je pense que, potentiellement, c’est d’une immense portée", a conclu le général.
La découverte a été faite par une petite équipe de géologues et responsables du Pentagone, en s’appuyant sur les cartes et les données collectées par les experts miniers soviétiques durant l’occupation par l’URSS de ce pays dans les années 1980.
Les géologues afghans avaient caché ces documents chez eux pour les mettre à l’abri après le retrait de l’URSS.
L’Afghanistan pourrait toutefois rencontrer des problèmes pour exporter ces minéraux en raison de la faiblesse de ses infrastructures. Une seule grande route relie le nord au sud du pays. Elle est le théâtre d’explosions de mines artisanales quasi-quotidiennes.
"Je doute que le pays soit capable de gérer correctement ces ressources ou d’utiliser ces richesses pour construire un Afghanistan plus pacifique et plus prospère", estime Janan Mosazai, un analyste politique.
"Il y a plusieurs exemples actuels de pays où les richesses naturelles ont été en fin de compte une malédiction plutôt qu’un gage de paix et de prospérité pour le peuple", ajoute-t-il.
AFP | lundi 14 juin 2010 | repris par Boursorama
Notes ReOpenNews
Légende de la 2e photo : Des mineurs cherchent des pierres précieuses dans une mine improvisée dans la vallée du Panchir en 2007. © AFP/Archives Massoud Hossaini
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oui j’image heu……. l’otan est là-bas pour sang temps!
le commandant massoud va encore se retourner plusieurs fois dans sa tombe dans les deux prochaine décennies. c’est une certitude ainsi que le disparition du mot « paix » dans le dictionnaire de ce pays martyrisé.
la tranquillité et le bien-être pour l’Afghanistan, ce serait bien mérité
Oulala, attention, vous reprenez des dépêches de l’AFP qui reprennent les dépêches du Pentagone sans les vérifier!
Vous n’êtes décidément pas vacciner des médias!
Il est fort possible que cette info soit de l’intox pure.
http://www.courrierinternational.com/article/2010/06/16/les-reserves-minieres-une-vaste-operation-de-com
repris par le site http://www.egaliteetreconciliation.fr/Afghanistan-les-reserves-minieres-une-vaste-operation-de-com-3461.html
L’info donnée dans cette R-News provient d’un article du New York Times http://www.nytimes.com/2010/06/14/world/asia/14minerals.html?pagewanted=2 qui reprend lui-même en grande partie un mémo venant du Pentagone.
Info ou intox ? Difficile de statuer quand 99% de l’information en provenance d’Afghanistan est filtrée par les autorités états-uniennes.
Il conviendra d’évaluer ces informations au travers des initiatives qu’elle suscitera auprès des pays de l’OTAN, ou auprès des multinationales qui s’offriront pour aider les Afghans à extraire ces minerais (!)
–GV
Il fallait entendre la chronique que Luc Lemonnier, la voix de l’Occident triomphant sur France Inter, a improvisée sur la base de cette info lundi dernier, car elle vallait son pesant de cacahouètes. Je dis improvisée car il a rebondi sur l’actualité et, du coup, malheureusement cette chronique ne se trouve pas sur internet, le site affichant la chronique initiale sur le Khirgizstan ( http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/regardsurlemonde/index.php?id=92601 ). Commentant, donc, cette découverte de fabuleuses richesses en Afghanistan, Luc Lemonnier, fidèle à son intangible inclination pro-Occidentale, a prophétisé que ces richesses feraient le malheur des Afghans puisque, bien entendu… les Taliban allaient alors lutter encore plus âprement pour le pouvoir. Tandis que dans l’esprit de Luc Lemonnier, l’Occident n’est là-bas que pour défendre la veuve et l’orphelin…
Sébastien, la manipulation se trouve dans le fait qu’on vienne de « découvrir » ces richesses, constituant ainsi une « divine surprise » de plus pour nos va-t-en-guerre étasuniens. Dans un article de juin, Michel Chossudovsky écrit :
« Que l’administration étasunienne reconnaisse qu’elle a seulement pris connaissance des vastes richesses minières du pays après la publication du rapport de 2007 de l’USGS constitue une esquive flagrante. Les richesses minières et les ressources énergétiques de l’Afghanistan (incluant le gaz naturel) étaient connues à la fois des élites des milieux d’affaires et du gouvernement étasuniens avant la guerre soviéto-afghane (1979-1988).
(…)
La question des « gisements jusqu’alors méconnus » perpétue un mensonge. La grande richesse minérale est exclue d’un casus belli justifiable. Cet énoncé affirme que le Pentagone a seulement appris récemment que l’Afghanistan faisait partie des pays les plus riches en ressources minérales et qu’il est comparable à la République démocratique du Congo ou l’ex-Zaïre du temps de Mobutu. Les rapports géopolitiques soviétiques étaient connus. »
Et il conclut :
« La guerre contre l’Afghanistan est une « guerre de ressources » à but lucratif. »
Mais pour certains nous sommes là-bas pour apporter la démocratie…
(lien : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19884 )