Le 11-Septembre en Europe, épisode 3 : L’Angleterre (Partie 2)
Suite et fin de l’interview de Ian Henshall (ci-dessous qui anime Take2 produite par RadTV pour « The People’s Voice »). Ian est à l’origine de la création du site Reinvestigate911 à Londres et développe plusieurs actions de sensibilisation et d’interpellation des journalistes, parlementaires et universitaires anglais (lire la première partie ici).
Ian Henshall, animateur du site Reinvestigate911.org, sur le plateau de RadTV
Le 11-Septembre en Europe, épisode 3 : L’Angleterre
Interview réalisée le 11 juin par ReOpen911
R911 – L’affaire du 11-9 est déjà loin pour beaucoup, mais pas encore entrée dans les recherches historiques. Comment traverser cette période ?
IH – En termes de positionnement intellectuel, notre message aux médias est « c’est notre Histoire ». Et c’est beaucoup plus intéressant si nous approchons la vérité par les recherches historiques, que sous la bannière du journalisme. L’information est bien plus contrôlée que la recherche historique. Et nos élites vivent à court terme et ne s’intéressent plus au 11-Septembre. Encore une fois, selon moi la raison pour laquelle les éditeurs ne publient pas la vérité est qu’ils ont peur pour leur propre crédibilité. Ils n’aiment pas être pris en train de « franchir la ligne blanche », surtout après tant d’années de déni.
R911 – Nous aurons plus de succès avec les universitaires et les intellectuels ?
IH – Absolument. Beaucoup d’entre eux doutent déjà. Et aucune organisation structurée n’était capable de déchiffrer le 11/9 lorsqu’il advint. Ni les activistes antiguerre, ni Noam Chomsky. Ni même par exemple les iraniens qui n’étaient pas plus préparés. Il n’y avait qu’un rassemblement de militants sans expérience face à ce genre d’événement. Moi-même je n’étais qu’un journaliste écrivain (livre ci-contre), pas un organisateur politique. Mais lorsque nous avons commencé à nous structurer, nous nous sommes rendu compte qu’il y a beaucoup d’intellectuels et universitaires qui doutent du récit officiel. Ils ne sont pas visibles car les médias les gardent sous silence bien plus que nous ne l’imaginons. Maintenant imaginez que vous êtes l’un de ces milliers de professeurs dans une ville tranquille. Ça ne fait pas de vous une personnalité unique ou passionnante. Et si vous vous mettez à regarder Russia Today, à lire Griffin, ou même mon bouquin, et que vous décidez que oui, il y a des problèmes importants autour de la version officielle, que faites-vous ensuite ? Vous essayez de contacter les médias ? Ils ne vous laisseront même pas publier simple une lettre dans les pages locales. Soutenir Scholars for 911 truth and justice, leur journal et leur blog ? Soutenir le 911 Consensus panel ? Mais même les universitaires ont peur pour leur carrière et leurs revenus. Si vous êtes viré, difficile de retrouver une chaire ! Et vous pouvez aussi perdre vos crédits de recherche et vos étudiants tout en restant professeur.
R911 – Recrutez-vous de nouveaux activistes ?
IH – Il faudrait des événements spectaculaires pour susciter des nouvelles vocations parmi les plus jeunes. Surtout avec les médias. Organiser des piquets de protestation réguliers, animer des comités de rédaction pour diffuser nos messages militants … ce n’est pas suffisant. La paix post-guerre froide a été détruite par ces attentats. Depuis cette date, nous avons imaginé que rétablir la vérité pourrait rétablir la paix. Nous avons eu tort. Car pendant ce temps là, ce sont l’OTAN et les USA qui étendent leur puissance de mille façons et à des degrés divers, et rien ne pourra les arrêter à part les armes, un krach, ou un soulèvement qui viendrait du peuple.
R911 – Quelles actions conseillez-vous pour inciter les médias à parler du 11/9 ?
IH – Nous pouvons manifester, c’est un droit démocratique. Devant le Guardian ou l’Independent, cela donne de la visibilité. Et les passants et ceux qui rentrent ou sortent viennent discuter et repartent avec un flyer, et leurs directions sont au courant. Lorsque nous avons manifesté devant la BBC (voir photo ci-contre), j’ai eu la sensation qu’à de nombreux niveaux dans ces institutions, y compris les desks qui font l’information, les gens savaient que le 11/9 est un « false flag », mais que pour survivre, ils doivent la boucler et ne pas contester la version officielle. Mais même si vous réussissez à sensibiliser un journaliste, son redac’chef ou sa direction lui barreront la route. « Non, nous ne traitons pas ça. Nos annonceurs le prendraient mal, et peut-être que nos affaires internes finiraient par fuiter auprès de nos concurrents avec l’aide du MI5 ». L’affaire des écoutes de la NSA nous a confirmé que le système tient par le chantage, tout simplement ! Il y a un accord tacite entre élites. Elles savent comment le système fonctionne et qu’il ne faut pas « secouer le bateau ». Votre carrière en dépend. Il pourrait vous arriver toutes sortes de choses (1). Il faut jouer à la « Gorbatchev » pour atteindre le sommet et changer les règles de l’intérieur. Hélas ce n’est pas arrivé avec Obama.
R911 – Selon vous, quels points clé du dossier du 11-Septembre doit-on aborder en priorité ?
IH – Ça dépend. Un diplômé en sciences humaines ne sera pas forcément sensible aux impossibilités techniques des conditions d’effondrement des tours ! Pourtant aux USA, ils ont cette organisation très bien structurée appelée AE911 Truth autour de ce thème majeur. L’impossibilité de piloter les avions de la façon dont ils ont été observés est plus parlante pour un large éventail de public. Et troisièmement, nous savons maintenant que le FBI protégeait les pirates pour les empêcher de se faire arrêter. Richard Clarke (photo couverture Newsweek), patron du contre terrorisme à la Maison Blanche lors des attaques, l’a confirmé à plusieurs reprises depuis la publication de son livre « Against all Enemies ». Pour lui, non seulement la CIA savait ce qui se préparait, mais elle a protégé quelques informateurs et pirates.
R911 – Michael Ruppert (photo ci-contre), décédé récemment, a toujours soutenu que la piste des démolitions contrôlées était sans issue car la chaine de causalité ne sera jamais établie avec la certitude nécessaire pour en faire un argument juridique. Qu’en dites-vous ?
IH – Oui, on en revient à ma remarque précédente. Cela dépend de votre interlocuteur. A minima, il apparait évident aujourd’hui que les conditions exactes de l’effondrement des 3 tours du WTC ont été mal expliquées, si jamais elles l’ont été. J’ai été sensible aux positions de Michael Ruppert, parce qu’il parlait à des policiers, des politiciens, et non à des scientifiques. Et si la question des protections de la CIA est pour lui a contrario si importante, c’est parce que c’est une piste « sur le papier », qui ne nécessite pas de compétences particulières, d’autant que les faits ont été officiellement reconnus par Richard Clarke lui-même. Que les médias soient restés inactifs suite à ces révélations m’a fait douter définitivement de leur honnêteté. Rappelez-vous : Richard Clarke, la figure américaine la plus reconnue de la lutte contre le terrorisme, a fait la une de tous les journaux à une certaine époque, puis … plus rien.
R911 – Comment faire campagne ?
IH – En finançant la campagne en cours de AE911 par exemple. Il y a 2 manières de faire campagne. Celle à laquelle nous sommes habitués en Occident, par exemple contre l’esclavage, contre l’apartheid en Afrique du Sud, ou pour le désarmement, ou contre le réchauffement. Ces campagnes commencent toujours par quelques personnes, puis trouvent des mécènes ou des sponsors, puis se structurent. Le « 911 Truth Movement » a suivi ce chemin en partie.
De ce point de vue, il est selon moi très vraisemblable que la version officielle sera bientôt universellement considérée comme très douteuse. Souvenez-vous des grandes causes des années 60… Luther King… Rosa Parks, les droits civiques (photo : la marche sur Washington de Martin Luther King)… notre cause est du même style : s’émanciper. Et il a fallu des siècles pour abolir l’esclavage puis des dizaines d’année pour l’apartheid. Mais une bonne partie de la force émancipatrice de notre message repose sur son actualité.
Donc l’autre manière de faire campagne repose sur notre capacité à en montrer l’actualité, notamment au travers des « événements qui se déroulent en parallèle ou en conséquence ». Le 11/9 est encore d’actualité. Il suffit de constater les événements de Libye, de Syrie ou d’Ukraine… Le « paysage politique » comme on dit, évolue très vite. Le système états-unien évolue très vite d’un processus disons voulu sincèrement démocratique à son origine, à une version impériale contrôlée par les 1% et des entreprises privées qui dominent de vastes étendues économiques et territoriales avec la complicité de la planche à billets. Il faut faire attention à ce qu’on lit sur le web c’est sûr, mais il y a des signes incontournables de vrai risque de nouvel effondrement fascisant du système. Les taux négatifs de la BCE, les 1%, l’effondrement de 2008, avec en Angleterre des files d’attente devant les banques en faillite comme la Bank of Scotland… du jamais vu en Angleterre depuis plus de 300 ans, et enfin les restructurations des médias qui s’accélèrent. C’est sur ces failles systémiques qu’il faut aussi surfer, accompagner les autres causes militantes, et montrer la convergence de notre cause avec ces nouveaux combats.
R911 – Votre chaine youtube RadTV s’inscrit dans ce second type de campagne ?
IH – Oui, nous y abordons la géopolitique post-2001 au sens large, mais elle peine à décoller. Nous pensions que nous pourrions essaimer, mais nous tardons à atteindre la taille critique. D’où notre partenariat avec « The People’s Voice ». Nous produisons une heure tous les 15 jours, montée en 2 programmes de 30 minutes diffusés hebdomadairement. Cela nécessite une journée de travail à chaque fois. La plateforme « The People’s Voice » nous donne une visibilité auprès de dizaines de milliers de spectateurs. Mais cette plateforme aussi a beaucoup de mal à survivre. Nous sommes obligés d’envisager la suite peut-être d’une autre manière. Nous allons probablement nous adresser à Russia Today. Et ils nous rémunéreraient. Mais ce n’est pas la seule chaine TV au monde qui soit compatible. L’idée est de proposer un programme britannique non aligné sur l’OTAN, à des spectateurs non alignés aussi, que ce soit au sein des pays OTAN, ou en dehors. Je pense aux militants dans le vaste monde musulman. Nous ne voulons pas du sensationnel, ni produire en subissant des critiques anti-russes. Nous devons être modérés et fiables. Nous voulons faire vraiment ce que – malheureusement – beaucoup de gens encore croient que la BBC fait, même si la BBC a beaucoup perdu de son aura. Les médias continuent d’être l’arme secrète du « softpower », le pouvoir de basse intensité.
R911 – Dans ces conditions, comment avancer ?
IH – Mon conseil aux francophones serait de fabriquer des programmes courts pour une chaine TV francophone indépendante de l’OTAN. Le web est pour moi devenu plus difficile à exploiter. Il possède des limites intrinsèques. Il est noyauté par des news « sensationnalistes », et probablement par des agents d’influence qui biaisent les résultats d’audience réels et compliquent l’accès à certaines informations et à leur référencement. Pour moi la bonne stratégie est de saper indirectement la crédibilité des médias alignés sur l’OTAN en publiant massivement des informations contradictoires sérieuses et sourcées sur des nouveaux médias crédibles. Nous devons donc renforcer nos actions vis à vis des médias, leur tendre la main mais aussi leur montrer – même à leurs dépends – que nous sommes capables, compétents, et sérieux. Pour cela nous devons mieux coordonner nos efforts entre nous, ne serait-ce qu’en nous tenant mutuellement informés, ou en tentant des actions coordonnées vers eux, tout en produisant nous-mêmes en parallèle. En Angleterre, nous postons une lettre à 6000 contacts, dont 1500 sont actifs, de façon ponctuelle car nous ne voulons pas inonder les boites mails de nos abonnés. Nous organisons aussi des séries de conférences avec de nombreuses personnalités, les « SCAD meetings ». Et nous réfléchissons à lancer une collecte de signatures de personnalités respectées, et les publier sur une pleine page dans un de nos quotidiens de référence. C’est ce que nous avons fait dans l’Independent il y a quelques années (voir photo et note 1). Cela a boosté notre association. Nous avons rassemblé 120 personnes lors du meeting à Londres qui a suivi, alors que nous n’étions qu’une poignée. Mais le fait le plus remarquable fut le silence absolument assourdissant de tous les autres médias, et des journalistes de l’Independent lui-même. Il faut mettre en œuvre ces actions comme autant d’étapes produisant un effet à long terme, et ne pas hésiter à les répéter.
R911 – Vos propositions pour les commémorations du 11 septembre 2014 ?
IH – Pour septembre prochain, je crois que ce serait cohérent et porteur d’établir une liste de personnalités européennes fiables et solides, loin des polémiques sur d’autres sujets que les médias entretiennent afin de nous diaboliser, à qui nous proposerions de signer une déclaration de principe, même s’ils ne veulent rien entamer de spécial pour le moment. Nous pourrions commencer par prospecter par mail quelques personnalités européennes, y compris hors de France ou d’Angleterre, comme le professeur suisse Daniele Gänser à Bâle, ou en Allemagne où il y a de nombreux journalistes excellents comme Jurgen Elsässer. L’Allemagne a été confrontée aux réseaux Gladio ou stay-behind de l’OTAN. Sa population connait très bien, mieux que nous, les stratégies de la « terreur fabriquée » par l’OTAN avec des attentats commis sous la fausse bannière de l’extrême gauche pour mieux diaboliser les communistes. Le contenu de la déclaration commune serait du type « Nous avons des doutes sur la véracité du récit officiel retraçant les événements du 11-Septembre 2001, en voici les raisons… et en conséquence nous appelons à une nouvelle enquête… », le tout financé par un appel à dons individuels significatifs qui permettront d’acheter les pleines pages (2) dans les quotidiens de référence européens, comme Le Monde à Paris, The Independent à Londres, Le Soir à Bruxelles, Der Franckfurter Allgemeine Zeitung à Francfort, Le Temps à Genève, Le Corriere della Sera à Rome, El Païs à Madrid, le Tagesanzeiger à Zürich…
R911 – Merci Ian
IH – Merci à votre équipe, à bientôt.
(1) Voir les cas de Michael Ruppert, Barry Jennings ou Kurt Sonnenfeld par exemple.
(2) Page d’information The Independent visible en VO ici et en VF ici.
- Le 11 septembre en Europe, épisode 1 : l’Allemagne
- Le 11 septembre en Europe, épisode 2 : l’Italie
- Le 11 septembre dans le monde : un doute significatif
« Le « paysage politique » comme on dit, évolue très vite. Le système états-unien évolue très vite d’un processus disons voulu sincèrement démocratique à son origine, à une version impériale contrôlée par les 1% et des entreprises privées qui dominent de vastes étendues économiques et territoriales avec la complicité de la planche à billets.
Il faut faire attention à ce qu’on lit sur le web c’est sûr, mais il y a des signes incontournables de vrai risque de nouvel effondrement fascisant du système. Les taux négatifs de la BCE, les 1%, l’effondrement de 2008, avec en Angleterre des files d’attente devant les banques en faillite comme la Bank of Scotland… du jamais vu en Angleterre depuis plus de 300 ans, et enfin les restructurations des médias qui s’accélèrent.
C’est sur ces failles systémiques qu’il faut aussi surfer, accompagner les autres causes militantes, et montrer la convergence de notre cause avec ces nouveaux combats »
Oui, le 11/9 n’est que la partie immergée de l’iceberg, un épisode de la « mondialisation », le délire de domination mondiale d’une « élite ».
Oui, il y aura fatalement un krach et des révoltes.
Et la censure disparaitra avec l’effondrement du système.
To Ian Henshall
I’m not sure how useful the following info could be for Reinvestigate911, but I thought from a British perspective it may interest you.
« On the Brink », the published memoirs of Tyler Drumheller (the CIA’s chief of clandestine operations in Europe until 2005) tells of a meeting on September 12 2001, between George Tenet, then CIA director, with three British guests – Sir David Manning (then Tony Blair’s foreign policy adviser); Richard Dearlove and Eliza Manningham-Buller, then heads of MI6 and MI5 respectively.
Isn’t quite surprising that the heads of the British Intelligence were in Washington hours after the 9/11 attacks while Air Traffic Control Zero was in place and most phone lines jammed (e.g Colin Powel hastily returned from Peru after failing to be in touch with anyone from the « Beltway »). Are Her Majesty’s agents as good as James Bond?
Moreover, David Manning was on the morning of September 10, having a meeting at the State Department with Richard Armitage ; the latter being involved in most CIA’s black-ops since Vietnam War. Furthermore, on the evening of September 10, David Manning met with Condie Rice. We don’t know exactly what was talked about, but Manning stayed so late in Washington discussing policy with Condoleezza Rice that he had to catch a flight to New York the next morning. http://www.timesonline.co.uk/tol/news/politics/article2449171.ece
traduction:
Je ne sais pas si l’info suivante peut être utile à Reinvestigate911, mais j’ai pensé que d’un point de vue britannique cela devrait vous intéresser.
Dans ses mémoires (On The Brink), Tyler Drumheller (ancien chef des opérations secrètes de la CIA en Europe) rapporte un meeting le 12 septembre 2001, le directeur de la CIA George Tenet rencontrait David Manning (conseiller de politique étrangère de Tony Blair), Richard Dearlove et Eliza Manningham-Buller, respectivement chefs du MI6 et du MI5. http://www.theguardian.com/commentisfree/2007/aug/04/comment.comment2
Comment les patrons des services secrets britanniques ont ils pu être à Washington dans les heures suivantes des attaques du 11/9 alors que « ATC Zero » était en vigueur et que les communications étaient brouillées (Colin Powell est rentré d’urgence du Pérou n’ayant pu contacter quiconque à Washington). A l’instar de James Bond, les agents de Sa Majesté seraient ils si efficaces?
Par ailleurs, David Manning a rencontré Richard Armitage le 10 septembre au Département d’Etat ; ce dernier ayant trempé dans tous les coups tordus de la CIA depuis la guerre du Vietnam. Le soir même du 10 septembre, David Manning rencontrait aussi Condi Rice. On ne sait pas quel était l’objet de ces discussions en cette veille du 11/9, mais manifestement elles durèrent tard dans la soirée pour que David Manning dû prendre l’avion pour New York le lendemain matin. http://www.timesonline.co.uk/tol/news/politics/article2449171.ece