Hommage à John Judge dans le Washington Post

 


John Judge




John Judge, enquêteur indépendant sur des événements historiques, est mort à l’âge de 66 ans

Par Emily Langer pour le Washington Post, le 24 avril 2014.

John P. Judge, un chercheur indépendant qui a amassé et diffusé sans relâche des preuves à l’appui d’explications alternatives — que certains appellent des théories du complot — sur l’assassinat du président John F. Kennedy, des attentats terroristes du 11-Septembre ou d’autres événements historiques, est mort le 15 avril dans un centre de soins. Il avait 66 ans.

Grâce à des années d’enquête et d’activisme, M. Judge a suscité une fervente admiration dans la communauté des sceptiques questionnant les récits officiels ou communément admis du passé. Il a cofondé et dirigé l’organisation Coalition on Political Assassinations qui a enquêté entre autres sur la mort de John Kennedy, son frère Robert F. Kennedy, le leader pour les droits civiques Martin Luther King Jr., et le leader nationaliste noir Malcom X. Certains journaux ont mentionné occasionnellement M. Judge et son travail.

Il transforma sa maison de Washington en un dépôt de milliers d’ouvrages et de documents sur les assassinats politiques et d’autres sujets, en subsistant pendant des années grâce à des petits boulots et des collectes de fonds. Il fut décrit un jour comme un "conspirationniste professionnel" mais se considérait comme un "historien alternatif" d’après son site internet judgeforyouself.org.

"Je dis aux gens qu’ils peuvent m’appeler un théoricien du complot s’ils appellent tous les autres des théoriciens de la coïncidence," a lancé M. Judge au National Journal.

Son travail le plus remarquable concerne la mort du président Kennedy à Dallas le 22 novembre 1963. Comme un grand nombre d’autres sceptiques qualifiés de théoriciens du complot, M. Judge rejetait les conclusions de la Commission Warren selon laquelle Lee Harvey Oswald était le seul tireur.

La théorie des travaux de M. Judge, comme il l’a dit à ceux qui l’interrogeaient, était que l’assassinat avait été organisé par le Comité des chefs d’Etat-major interarmées. "Je ne crois pas que ce soit un mystère indéchiffrable," a-t-il dit une fois au Dallas Morning News. "Je ne pense pas que nous soyons juste en train de brasser du vent."

 M. Judge a aidé à l’organisation des commémorations annuelles de la mort de Kennedy à Dallas. Avec d’autres, ils se sont rassemblés sur le talus où un autre tireur était positionné, selon certaines théories. Ces cérémonies sont devenues le sujet d’une controverse l’année dernière, lorsque Dallas a célébré le 50ème anniversaire de la mort de Kennedy.

Après des débats houleux avec les organisateurs de l’événement, la Coalition on Political Assassinations a accepté de tenir sa cérémonie sur un parking à plusieurs pâtés de maison du point habituel, qui était réservé aux participants munis de tickets.

"Nous y serons," avait dit M. Judge. "Nous aurons peut-être à ramper par le réseau d’égouts et pointer nos têtes là où l’assassin se trouvait, mais nous y serons."

Dans son travail sur l’histoire plus récente, M. Judge a cofondé le 9/11 Citizen Watch pour surveiller le travail de la Commission officielle du 11-Septembre, l’organisme indépendant et bipartisan créé par législation du Congrès afin de préparer un rapport complet sur les attentats.

Il a brièvement travaillé comme assistant pour l’ancienne représentante américaine Cynthia McKinney (Démocrate, Géorgie), qui fut vilipendée lorsqu’elle a suggéré que l’administration du président George W. Bush aurait pu avoir connaissance à l’avance de l’attaque terroriste.

L’ancien membre du Congrès Dennis J. Kucinich (Démocrate, Ohio), qui a rencontré M. Judge durant son travail à Capitol Hill, l’a décrit comme un homme "brillant" et a dit qu’il avait été "très impressionné" par les capacités de recherches de M. Judge.

"Je n’étais peut-être pas d’accord sur tout avec lui," a déclaré Kucinich à propos de M. Judge lors d’une interview, mais il était "un penseur unique et indépendant, et quelqu’un qui s’immergeait dans l’histoire cachée."

Au moment de sa mort, M. Judge travaillait à la mise en place à Washington d’un musée de l’Histoire cachée, qui comporterait des archives et une bibliothèque. Entre autres missions, d’après son site internet, il devait "informer et éduquer le public a propos des aspects peu connus de l’histoire locale, nationale et internationale."

"L’approche rationnelle est minée lorsque vous parlez de complots impliquant une petite cabale dans une salle de réunion pour contrôler l’histoire du monde," a déclaré une fois M. Judge au Boston Globe. "Mais c’est un trait commun de l’humanité de vouloir une explication pour toutes les choses inexpliquées qui se produisent — une sorte de grande théorie générale."

John Patrick Judge est né le 14 décembre 1947, dans le comté [de Washington], et a grandi à Falls Church, Virginie. Ses parents travaillaient tous les 2 au Pentagone.

M. Judge a été diplômé de l’université de Dayton dans l’Ohio en 1970, où il étudia la théologie et où il se souvenait avoir été obligé de participer au corps d’entraînement des officiers de réserve. Il a rejoint plus tard l’American Friends Service Committee [Secours des Amis américains issu du mouvement quaker, Ndt.] comme conseiller durant la guerre du Vietnam.

Dans la région, M. Judge devint ce que le Washington City Paper a décrit comme "une voix de la contestation militaire dans les écoles publiques de [Washington] D.C." Il cherchait à contrer les campagnes de recrutement militaire en se rendant aux journées de recrutement et en informant les étudiants sur ce qu’il prétendait être de la discrimination et de la privation de droits au sein de l’armée.

M. Judge laisse derrière lui celle qui était sa compagne depuis quatre ans, Marilyn Tenenoff, de York Haven, en Pennsylvanie. Elle a déclaré que M. Judge avait eu une attaque au mois de mars mais que la cause de sa mort n’avait pas été déterminée. Le bureau des examens médicaux de [Washington] D.C. n’a pas statué sur l’affaire selon un porte-parole.

[Madame] Tenenoff a dit qu’elle prévoyait de solliciter un examen externe du rapport d’autopsie, lorsqu’il sera disponible, pour apaiser les préoccupations de ceux qui pourraient douter de son authenticité.

 
Traduction : Seb pour ReOpenNews


 

3 Responses to “Hommage à John Judge dans le Washington Post”

  • Marcel Chapoutier

    Une vie de courage comme il yen a peu, car il en faut beaucoup pour contrer l’inertie et la connerie de nos contemporains, surtout aux USA ou le conformisme et le nationalisme est la règle…Hommage à lui et mes condoléances à sa famille.
    MC

  • Phrygane

    « Il transforma sa maison de Washington en un dépôt de milliers d’ouvrages et de documents sur les assassinats politiques et d’autres sujets, en subsistant pendant des années grâce à des petits boulots et des collectes de fonds. Il fut décrit un jour comme un « conspirationniste professionnel » mais se considérait comme un « historien alternatif » d’après son site internet judgeforyouself.org. »

    Malheur à celui par qui le scandale arrive…

    En URSS les contestataires de la « dictature du prolétariat » se voyaient privés de boulot par l’Etat communiste.

    Aux USA, les mêmes ne trouvent que des « petits boulots ».

    C’est çà , peut-être, la Liberté… le moins mauvais des système ?

  • Ben

    Un peu tard pour réagir mais j’ai absolument adoré les textes que j’ai pu lire de ce mec sur le site Ratical notamment son interview en deux parties en 2000 au moment des élections présidentielles où il revient sur le fonctionnement politique du système bipartite aux étas-unis, la famille Bush, l’Iran Contra et le readiness exercise 84 ainsi que sur la tentative d’assassinat sur Reagan en mars 81 ; son texte « assassination as a tool of fascism » (avec la métaphore géniale empruntée au film de Bergman « l’oeuf du serpent’) ainsi que son enquête très approfondie sur le meurtre de masse au sein de la secte du gourou Jim Jones à Jonestown en Guyane hollandaise intitulée « the black hole of Guyana ». A noter que l’historien alternatif sur le Watergate, Jim Hougan (« secret agenda’) a également consacré un article à cette histoire. Cynthia mcKinney est la femme qui a montré la totale incompétence de Rumsfeld lors d’une mémorable audition (à revoir sur Youtube). Egalement sur youtube, on peut regarder certaines de ses interventions publiques. Absolument délectable.

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