[Brève] Le Patriot Act pose des problèmes aux fournisseurs américains de ‘Cloud Computing’
Craintes fondées ou protectionnisme?
L’administration américaine pense que le Patriot Act est exploité à tort par la compétition pour décourager les entreprises étrangères de faire appel à des services cloud(*) établis sur sol US.
Le Patriot Act établi suite au 11 septembre est fréquemment brandi comme un obstacle majeur à l’utilisation de services cloud basés aux Etats-Unis ou proposés par des firmes américaines. Les entreprises et les gouvernements d’autres pays craignent en effet que la loi ne soit utilisée par les autorités américaines pour se saisir – parfois à leur insu – de leurs données sous prétexte qu’elles seraient suspectes.
Quand bien même l’usage de services cloud américains n’est pas prohibé par les lois d’autres pays – hormis certains secteurs particuliers à l’instar des banques suisses – cette crainte et son impact sur la compétitivité des fournisseurs américains ont poussé la Maison blanche à se saisir du dossier, rapporte le site spécialisé politico. Des échanges diplomatiques auraient ainsi été engagés avec plusieurs pays en Europe et en Asie, répondant à un appel adressé au Département américain du commerce par une coalition de fournisseurs.
Du côté américain justement, on estime que le Patriot Act est mal interprété voire exploité à dessein pour bloquer le marché aux fournisseurs US. « Les personnes qui appréhendent la loi de façon erronée ne manquent pas. Si l’on ne s’occupe pas de ces mauvaises interprétations ou problèmes réels, les entreprises et gouvernements hésiteront à travailler avec des prestataires de services cloud américains », avertit Phil Bond, un lobbyiste, ancien CEO de TechAmerica. Des craintes exacerbées par le fait que le cloud computing repose justement sur la possibilité de déplacer les données sans restriction.
Toutefois, comme le souligne le site politico, les administrations américaines feraient peut-être bien d’analyser leurs propres pratiques. En effet, plusieurs d’entre elles aux niveaux national ou régional formulent dans leurs cahiers des charges des restrictions quant à la localisation des centres de données sur lesquels s’appuient les services cloud achetés. « Si les Etats-Unis ne font pas les choses correctement, cela laissera le champ libre à d’autres pays pour élaborer eux aussi des modèles protectionnistes », avertit Robert Holleymann, CEO de la Business Software Alliance.
Note ReOpenNews :
(*) Le terme Cloud fait référence ici au terme anglais Cloud computing, qui en informatique désigne le principe de déporter sur des serveurs distants des traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur le poste client de l’utilisateur (voir Wikipedia)
En lien avec cet article :
- Internet : Patriot Act, le gouvernement hollandais veut exclure les fournisseurs IT américains | par Christophe Auffray, ZDNet France, le mercredi 21 septembre 2011
- Surveillance d’Internet : Les fournisseurs d’accès français se rebiffent | paru sur Numerama, le 5 avril 2011
- Les lois liberticides PATRIOT ACT seront-elles encore reconduites par le Congrès US ? | par Olivier Tesquet, sur OWNI.fr, le 8 fév. 2011
- Opération massive de phishing sur Gmail en Tunisie | par Slim Amamou, sur ReadWriteWeb, le 29 juin 2010
- Tunisie : Microsoft complice de la censure numérique par Ben Ali | par Fabrice Epelboin, sur ReadWriteWeb, le 18 mars 2011
- Liberté sur internet: 84 000 site bloqués par erreur par les autorités américaines | paru sur NUMERAMA le 21 février 2011
- Refusons la censure d’internet | paru sur Aavaz et InternationalNews le 14 décembre 2010
- Contrôle de moralité sur internet ? | par Julien L. sur NUMERAMA le 13 décembre 2010
- LOPPSI2 nuisible et inutile | par C. Auffray pour ZDNET le 10 septembre 2010
- Internet et la Révolution | par Caleb Irri sur Investig’action (Michel Collon) le 13 avril 2010
- Les poubelles du Web | par Benoit Raphael pour LE POST le 8 février 2010
- Sarkozy et le contrôle du Net | par Guillaume Champeau pour NUMERAMA le 20 mai 2009
Et aussi le Projet de rapport du Parlement européen sur le réseau d’espionnage ECHELON (fichier PDF)
C’est par le mensonge qu’ils ont imposé le Patriot Act, est-ce par vénalité qu’ils vont le retirer?
On peut toujours rêver…
Ci après, quelques petites citations perfides:
« Aux yeux de la plupart de ses citoyens, l’Amérique constitue une exception, il est donc normal qu’elle fasse des exceptions à certaines normes internationales. » Michael Ignatieff, éditorialiste du Washington Post, rubrique Affaires de Droit, Mai-Juin, 2002
« Notre pays est une force de bien sans précédent ». Lieutenant Colonel Ralph Peters, US Army War College, 1997
« L’armée US est une force de bien global… qui n’a pas d’équivalent ». Thomas Barnett, US Naval War College, The Guardian (London), December 27, 2005
John Bolton, futur ambassadeur US auprès des Nations Unies, écrivait en 2000 : De par leur statut unique, les Etats-Unis ne pouvaient être « légalement contraints » ou limités de quelque manière que ce soit par des traités internationaux. Les Etats-Unis devaient être « des hégémonistes constitutionnels sans scrupules, impénitents et intransigeants » afin que leurs « hauts dirigeants » puisse se sentir libres de recourir à la force de manière unilatérale.
Condoleezza Rice, future secrétaire d’état, a affiché en 2000 le même mépris pour le droit international. Elle a affirmé que les nécessités de la sécurité nationale des Etats-Unis n’avaient plus à être guidés par des « notions de droit international ou de normes » ou par « des institutions comme les Nations Unies » parce que les Etats-Unis étaient « du bon côté de l’histoire ». Z Magazine, Juillet/Août 2004
« Le président (George W. Bush) a dit qu’il ne voulait pas voir d’autres pays dicter leurs termes ou conditions sur la Guerre Contre le Terrorisme. « Il arrivera peut-être un moment où nous serons les derniers encore debout. Je n’ai pas de problèmes avec ça. Nous sommes l’Amérique. » » Washington Post, 31 Janvier, 2002