Toute l’Europe sous le poids du « bouclier » USA/OTAN
Le sommet de Lisbonne de novembre 2010 avait vu les chefs d’États et de gouvernements de l’OTAN donner leur aval à l’installation en Europe d’une capacité de défense balistique pour protéger les populations européennes. Les premiers tests de missiles américains Sm-3 ont eu lieu cette année et leur déploiement est prévu notamment en Roumanie et en Pologne. Mais qui sera visé par ces missiles ? La Russie demande des garanties et menace de prendre des contre-mesures. Même si les enjeux électoraux de part et d’autre radicalisent sans doute les discours et les prises de position, la tension est visiblement montée d’un cran, comme nous le détaillent ici Manlio Dinucci et Tommaso Di Francesco pour Il Manifesto.
Mais avant d’aborder la lecture de cet article, il faut rappeler un élément historique fondamental : ces tensions russo-américaines à propos du bouclier anti-missiles américain en Europe n’auraient pas lieu sans les attentats du 11-Septembre. C’est en effet en pleine psychose post-11/9 que les USA ont de façon unilatérale, mis fin en décembre 2001 au traité anti-missile signé en 1972, et initialement destiné à donner un coup d’arrêt à la course aux armements durant la Guerre froide, course qui semble bien avoir repris de plus belle.
Toute l’Europe sous le poids du « bouclier » USA/OTAN
par Manlio Dinucci et Tommaso Di Francesco, Edition de samedi 26 novembre 2011 de il manifesto, paru sur mondialisation.ca
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Ce 25 novembre, le président russe Medvedev a accusé les Etats-Unis d’avoir imposé à leurs alliés le « bouclier anti-missiles » en Europe, prévenant de nouveau que la Russie prendrait des contre-mesures parmi lesquelles l’installation dans l’enclave de Kaliningrad d’un nouveau système radar et de missiles mobiles Iskander à courte portée (jusqu’à 500Kms), qui peuvent transporter aussi des têtes nucléaires. Est-ce un bluff dans la campagne électorale, en vue des législatives du 4 décembre et des présidentielles du 4 mars ? Sans aucun doute Medvedev et Poutine, qui sont en train de perdre des consensus, haussent-ils le ton pour montrer que sous leur direction la Russie ne courbe pas la tête face à l’extra-puissance USA/OTAN. Mais on ne peut pas réduire la question à une simple manœuvre électorale.
On assiste en Russie à l’accroissement, surtout dans les forces armées, d’un sentiment anti-USA, motivé en particulier par la décision de l’administration Obama de réaliser à n’importe quel prix le « bouclier » en Europe. A Washington on continue de répéter que celui-ci n’est pas dirigé contre la Russie, mais servira à faire face à la menace des missiles iraniens. A Moscou on le considère par contre comme une tentative de prendre un avantage stratégique décisif contre la Russie. Le nouveau plan prévoit, en regard du précédent, un nombre plus grand de missiles déployés encore plus près du territoire russe. En outre, comme ce seront les USA qui le contrôleront, personne ne pourra savoir si ce sont des intercepteurs ou des missiles pour l’attaque nucléaire. Et, avec les nouveaux systèmes aérotransportés et satellitaires, le Pentagone pourra surveiller le territoire russe plus efficacement que ce qu’il n’est en mesure de faire aujourd’hui.
Le contentieux s’est exacerbé ces derniers mois. En avril, les USA ont opéré « le test le plus réussi du système de défense anti-missile qu’ils déploieront en Europe ». En mai, la Roumanie a consenti à l’installation sur son propre territoire de missiles mobiles étasuniens Sm-3, qui seront déployés aussi en Pologne. En ce point, Moscou a demandé à Washington des « garanties légales » que le système n’est pas dirigé contre la Russie, en proposant un traité Russie/OTAN dans lequel soient spécifiés le nombre, les types et les lieux de l’installation des missiles et des radars. Mais, en juin, le secrétaire général de l’OTAN Rasmussen a rejeté la proposition, sous prétexte que la question peut être résolue par une « plus grande confiance » et non pas avec des « formules légales compliquées qui rendraient difficile le consensus et la ratification entre les 28 pays membres de l’OTAN et la Russie ». Immédiatement après les USA ont envoyé en Mer Noire le croiseur Monterrey, doté d’un système Aegis anti-missiles, et la Russie a protesté. En septembre, la Turquie a annoncé vouloir installer, sur son propre territoire et d’ici la fin de l’année, un des radars du « bouclier » étasunien ; et la Russie a de nouveau demandé des garanties à cet égard. En octobre, les Etats-Unis ont stipulé un accord avec l’Espagne, qui leur permet d’utiliser la base de Rota pour faire stationner en permanence en Méditerranée et dans l’Atlantique orientale des navires de guerre dotés du système Aegis anti-missiles.
En même temps, les USA ont annoncé que des radars anti-missiles seront installés en Europe méridionale (à coup sûr aussi en Italie), pour « protéger tout le territoire de l’OTAN », et que les missiles Sm-3, seront ensuite remplacés par des missiles en mesure d’intercepter non seulement ceux à courte et moyenne portée, mais aussi les missiles balistiques intercontinentaux. L’objectif stratégique est évident : si les Etats-Unis arrivaient un jour à réaliser un « bouclier » anti-missiles fiable, ils seraient en mesure de lancer un first strike contre un pays doté lui aussi d’armes nucléaires, comme la Russie, confiants dans la capacité du « bouclier » de neutraliser les effets de représailles.
Le « bouclier », que la Russie entend opposer avec « des méthodes adéquates et asymétriques », ne servira donc pas à garantir une « Europe plus sûre ». Du tac au tac, il sera utilisé par Washington pour créer de nouvelles tensions, et justifier un renforcement ultérieur de sa présence militaire en Europe. Afin d’attacher toujours plus les pays de l’Europe orientale à la remorque des USA et de maintenir leur leadership sur ceux de l’Europe occidentale.
Edition de samedi 26 novembre 2011 de il manifesto
En lien avec cet article :
- Les attentats du 11 Septembre : un alibi pour sortir du traité ABM ? | par RAG pour ReOpen911.info, le 04 août 2008
- Sommet de l’OTAN à Lisbonne : OTAN global & bouclier anti-missiles | paru en français sur mondialisation.ca, le 19 nov. 2010
- Obama déterre le bouclier (2e partie d’article) | paru en français sur mondialisation.ca, le 21 nov. 2010
- La Russie menacée par l’expansion de l’OTAN | par Rick Rozoff, Mondialisation.ca, Le 15 fevrier 2010
Dans le Monde Diplomatique du mois de Novembre , il y a un article d’un certain Mr. Philippe Leymarie qui parle du livre blanc de la défense Française . Voici les dernière lignes de son article :
Pour cet expert en stratégie, il est inutile de mettre de l’argent sur les projets de défense antimissile, en tout cas celui de la défense du territoire national : ce sera un sujet majeur au sommet de l’OTAN à Chicago, mais cela reste « loin du monde réel ». A l’exception des missiles russes, chinois ou américains, « aucun ne peut atteindre actuellement le territoire français… même si l’Iran est sur la voie d’y arriver ».
Je suis pleinement d\’accord avec l\’OTAN, il faut impérativement mettre en place un bouclier anti-missile en Pologne pour contrer les missiles provenant des bunkers d\’Al-Quaida basés dans des grottes en Afghanistan et qui pourraient frapper un pays occidental.
Merci M Obama de nous protéger des islamistes armés jusqu\’aux dents et le doigt sur le bouton rouge du feu nucléaire sachant que tout le monde sait que le chemin le plus court entre l\’Iran et Paris passe par la Pologne.
Si vous ne croyez pas cette thèse alors vous êtes négationistes, subversifs voire même Kassovistes ou pire encore Bigartistes.
Triste constat: Après avoir créer l\’Islamisme radical, Washington réinvente la guerre froide. Manque d\’imagination ? Non! C\’est bientôt Noël et il faut bien donner un petit cadeau à l\’industrie d\’armement.
Un cadeau qui fera encore quelques milliers de morts et peut être quelques millions mais soyez rassurés, pensez que l\’administration américaine sera saine et sauve dans ses abris anti-atomique et veillera sur nos dépouilles.