Les « Jersey Girls », 10 ans après…

Sans elles, sans leur volonté et leur acharnement contre des forces bien plus grandes qu’elles, l’histoire du 11/9 et du Mouvement pour la vérité aurait sans aucun doute été bien différente. Et même si la Commission d’enquête sur le 11/9 fut une immense déception pour ceux et celles qui pensaient que justice pouvait être faite au travers d’une telle enquête malgré son évident conflit d’intérêts, hommage doit être rendu au courage de ces Jersey Girls, ces veuves du 11-Septembre qui ont fait, un peu, plier l’administration Bush au plus fort du traumatisme post-11-Septembre. Que sont-elles devenues ? Le Washington Post les a retrouvées et nous donne quelques nouvelles d’elles : elles sont toujours aussi peu convaincues de la version officielle,  mais elles semblent avoir repris une vie "normale", et souvent militante.

A noter pour ceux qui ne l’ont pas encore visionné, que le film "911 Press for Truth", qui retrace la bataille de ces familles de victimes en 2001/2002 contre l’inertie et la mauvaise volonté de l’administration Bush – sans doute un des meilleurs films sur le 11/9 à ce jour -, est en visionnage libre et gratuit sous-titré en français sur notre site Web, et disponible en version DVD de définition supérieure pour ceux qui veulent le diffuser à leur cercle d’amis et relations.

 

Les Jersey Girls, veuves du 11-Septembre,
et protagonistes du film "911 Press for Truth"

 


10 après que les attentats du 11/9 aient fait d’elles des veuves, les "Jersey Girls" continuent d’être des activistes

Trenton, New Jersey (AP), paru sur le WashingtonPost, le 23 août 2011

Traduction Martin pour ReOpenNews

Une décennie après les attentats, au moins deux d’entre elles tentent toujours d’influer sur les politiques publiques. Ce faisant, elles ont élargi leur objectif initial de recherche de la vérité après les attentats, la cause qui les a réunies voilà presque 10 ans.

Lori Van Auken est maintenant une apicultrice qui fait pression sur l’Agence Fédérale pour la Protection de l’Environnement (AFPE) pour interdire un pesticide que certains rendent responsable du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles qui détruit [massivement] les ruches.

Kristen Breitweiser blogue sur la politique et la sécurité nationale. Bien que ces questions soient liées au 11/9, elle n’écrit pas seulement sur les attentats. « Je pense souvent que lorsque des gens vivent des moments tragiques ou traversent des événements particuliers dans leur vie, ils sont conduits à évoluer vers quelque chose de mieux, » a déclaré Breitweiser.

Beaucoup de conjoints, de parents et d’enfants de victimes des attaques terroristes ont évolué ainsi. Ils ont mis en place les fondations pour honorer la meilleure part des êtres chers qu’ils ont perdu. Ils ont fait pression pour des allégements fiscaux en faveur des victimes, ont lutté pour des indemnités justes de la part du Fond de Compensation des Victimes, ainsi que pour la création d’un lieu de sépulture à Ground Zero.

Ces quatre « femmes au foyer » qui menaient une vie relativement insouciante dans la banlieue du comté de Monmouth sont devenues des figures de proue pour les familles de victimes et pour leur cause principale à l’époque : pousser le gouvernement fédéral à enquêter sur les attentats – y avait-il eu des renseignements qui auraient pu permettre de les empêcher, et est-ce que la réponse à ces attaques, une fois mises en route, fut adéquate ou pas ? Elles ont fait l’objet de dizaines d’articles, de plusieurs livres – dont un mémoire de Breitweiser publié en 2006 – et d’un film documentaire, "9/11: Press For Truth"

La réputation et l’engagement civique, nés de la tragédie, sont venus rapidement.

« J’ai eu une vie très valorisante : nous avons voté, nous avons payé des impôts, nous avons participé à des activités bénévoles. C’est déjà ça. » a indiqué Breitweiser. « Telle a été l’étendue de notre contribution.»

Deux des Jersey Girls, Patty Casazza et Mindy Kleinberg, n’ont pas répondu aux demandes d’interviews pour cet article, et n’ont pas accordé d’interview ces dernières années.

Toutes les quatre avaient des maris qui travaillaient dans les Tours Jumelles du World Trade Center. Ce qui les a réunies suite au 11/9 , c’est leur frustration croissante due au fait que l’histoire n’avait pas été racontée dans son ensemble. Pendant plus d’un an, elles ont confié leurs enfants à leur famille et se sont rendues à Washington dans le véhicule de Breitweiser – surnommé la « veuves-mobile » (“widowmobile”).

Armées d’épaisses liasses de documents, elles ont rencontré des membres du Congrès et participé à des rassemblements pour exiger une enquête gouvernementale complète. Elles ont donné des masses d’interviews. Elles ont constaté que les journalistes étaient avides de récits concernant les personnes réelles affectées par les attentats. Elles pouvaient leur donner satisfaction sur cela, mais ont aussi parlé de leurs visées politiques.

Enfin, en novembre 2002 – 14 mois après que leurs maris et près de 3000 autres personnes eurent été tuées – le président George W. Bush a fini par signer la loi de création de la Commission.

Un de leurs principaux représentants au sein du Congrès était le sénateur Chris Smith, un républicain du New Jersey. Il a expliqué qu’elles avaient fait leurs propres recherches et qu’elles étaient venues préparées avec leurs petits moyens. Elles savaient qu’il était gourmand et lorsqu’elles sont venues le voir, elles lui avaient apporté des bonbons. « Selon moi, les Jersey Girls ont été à l’origine de la création de la Commission, » a déclaré Smith.

Pour Breitweiser et Van Auken, les résultats, tant de l’enquête principale du gouvernement que de celle concernant les [informations du] Renseignement avant les attentats furent décevants, laissant de nombreuses questions sans réponse.

D’une part, une section d’un rapport concernant le financement d’Al-Qaïda avait été expurgée d’un des rapports du gouvernement.

D’autre part, elles n’étaient pas satisfaites que les avions impliqués dans les attaques n’aient pas pu être interceptés après que le premier se soit écrasé contre le World Trade Center.

« Vous voulez dire que la première attaque a été une surprise ? OK, la première attaque a été une surprise, » a déclaré Van Auken. « [Autrement dit] nous avons un groupe de personnes chargé d’assurer notre défense, et il s’est montré incapable d’intercepter un avion dans un laps de temps de deux heures ? »

Breitweiser, une ancienne républicaine qui a fait campagne pour John Kerry lors de sa candidature à la présidentielle 2004, a déclaré qu’elle n’était pas convaincue que le pays était suffisamment sûr aujourd’hui. « J’aurais souhaité que les milliards de dollars que nous avons dépensés pour les guerres à l’étranger soient utilisés ici, » a-t-elle déclaré.

Ces femmes ont déclenché une réaction de la part de ceux qui pensaient qu’elles étaient trop partisanes en soutenant Kerry et en attaquant Bush. L’apogée a été atteint en 2006 lorsque la commentatrice conservatrice Ann Coulter, dans un livre, les a baptisées « les Sorcières de l’East Brunswick. » « Je n’ai jamais vu des gens profitant autant du décès de leur mari, », a écrit Coulter.

Hillary Clinton, alors sénatrice, fut parmi celles qui prirent leur défense.

Smith explique qu’une telle critique fut difficile à avaler. Elles étaient des militantes de terrain, a-t-elle dit, et faisaient ce qu’elles pensaient être juste.

Breitweiser et Van Auken maintiennent toutes deux que leur activisme fut une bonne chose, même si les résultats n’ont pas été à la hauteur.

« Je n’ai de regrets que sur le résultat, » a déclaré Van Auken. « Je regrette que personne n’ait été tenu pour responsable de ce qui s’est passé. »

Van Auken, qui a aujourd’hui 56 ans, est restée dans cette même maison où elle vivait avec ses enfants – maintenant âgés de plus de 20 ans – et son mari Kenneth avant qu’il ne soit tué.

Depuis le 11/9, Van Auken s’est tournée vers l’apiculture. Suite à la destruction mystérieuse de plusieurs, elle a tenté de rallier d’autres apiculteurs dans un combat pour exiger l’interdiction fédérale des pesticides à base de clothianidine.

Contrairement à ce qu’il en était dix ans plus tôt, elle est désormais avertie de la façon dont le gouvernement fonctionne.

Jusqu’ici, l’AFPE n’a pas été disposée à interdire les pesticides. Van Auken indique qu’elle n’est pas surprise : « Nous savons par notre expérience du 11/9 que l’AFPE n’est pas au-dessus de tout soupçon concernant certaines pressions politiques depuis que cette administration a déclaré que l’air (autour du WTC) était bon à respirer alors que tous ces gens sont tombés malades, » précise-t-elle.

Breitweiser, qui a maintenant 40 ans et qui vit à New York, est la "Jersey Girl" qui possède le plus haut niveau d’études.

Avocate de formation, bien qu’elle n’ait jamais pratiqué, elle a souvent été la porte-parole [du groupe], elle a été celle qui a mené une intense campagne pour Kerry, et elle a écrit un mémoire concernant son éducation politique ; elle blogue désormais de façon occasionnelle pour le Huffington Post.

Elle écrit encore sur le 11/9, mais aussi sur d’autres questions de sécurité nationale. Elle est particulièrement préoccupée par l’insuffisance de la sécurité des usines chimiques. Son travail principal, dit-elle, concerne l’éducation de sa fille, Caroline.

Caroline a 12 ans maintenant, et elle était encore toute petite quand son père, Ron, est décédé. Caroline, dit-elle, n’a pas le souvenir d’un père. Breitweiser explique que ce n’est pas plus difficile de l’élever seule, mais c’est surtout triste. Elle dit qu’elle sait que son mari aurait continué à être un père fantastique.

Breitweiser a tenté de faire découvrir à Caroline le peuple musulman et ses croyances. Elles ont voyagé au Maroc et prévoient d’aller en Turquie et en Égypte l’année prochaine.

Tout cela fait partie d’une leçon qu’elle n’avait pas imaginé avoir besoin de donner à sa fille il ya 10 ans. « C’est OK si les femmes ont un voile sur leur visage. Cela ne veut pas dire qu’elles sont de mauvaises gens », dit-elle. « Je ne veux pas que ma fille grandisse avec toutes sortes de sentiments de haine ou de fureur en elle ».

Le 11-Septembre, elle a l’intention de faire ce qu’elle fait toujours ce jour-là : une promenade avec sa fille et ses chiens – actuellement trois Golden Retrievers indisciplinés – sur une plage ou dans les bois.

Elle veut rester loin des commémorations solennelles de New York et d’ailleurs.

Van Auken, elle, sera à New York, mais pas à la cérémonie de Ground Zero. Elle assistera à une pièce de théâtre dans laquelle joue sa fille, Sarah maintenant âgée de 22 ans.

 

Traduction Martin pour ReOpenNews


*** LE FILM FONDATEUR DU MOUVEMENT POUR LA VÉRITÉ SUR LE 11/9 ***

*** À VOIR ABSOLUMENT  ***

 


"9/11 Press For Truth" (11 Septembre 2001) par ReOpen911

 


2 Responses to “Les « Jersey Girls », 10 ans après…”

  • JM

    Pauvres femmes ! En plus de leurs maris elles ont perdu leurs illusions ! Justice ne sera jamais rendue et les coupables sont toujours là en train de fomenter leur prochain mauvais coup…

  • Fox23

    Elles sont parmi les plus conscientes de la population US et le plus terrible est de voir, même sur elles, le poids de la propagande datant de la création des USA.
    Elles continuent à tenir des discours où, au pire, la négligence et l’absence de sanctions des responsables semble retenue comme cause de leur malheur.
    Très bonne vue de l’immensité de la tâche à accomplir pour que les yeux s’ouvrent !

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