ReOpen911 – News

Kristen Breitweiser est l’une de ces veuves qui se sont battues pour obtenir l’ouverture d’une commission d’enquête sur les attentats du 11-Septembre. Plus connues sous le nom des Jersey Girls, ce groupe de veuves en quête de vérité réussira à forcer l’administration Bush à ouvrir une enquête, laquelle ne répondra finalement qu’à moins d’un tiers de leurs questions. L’histoire de ces femmes courageuses est racontée dans le film 9/11 Press for Truth disponible en français sur notre site. Après avoir félicité certaines promesses de l’administration Obama, Kristen Breitweiser nous livre dans cet article sa profonde déception face au changement de procédure dans le jugement des accusés du 11-Septembre : après avoir déclaré vouloir rompre avec les années Bush de Guatanamo, de la torture et des tribunaux militaires, l’administration Obama a finalement fait machine arrière. C’est une vision amère que nous livre Kristen Breitweiser sur les dérives du système judiciaire états-unien et la défaite de la Constitution américaine.

Kristen Breitweiser lisant le rapport de la Commission d’enquête sur le 11/9 au côté de Lorie Van Auken
 

---

La Triste Défaite de Notre Constitution

par Kristen Breitweiser sur le Huffington Post, le 4 avril 2011.
 

Aujourd’hui on m’a communiqué, avec deux heures d’avance, la décision du ministère de la Justice (MJ) de ne pas poursuivre le reste des suspects du 11 Septembre devant un tribunal public. Selon la déclaration du MJ, ils seront déférés devant des tribunaux militaires.

Je reconnais qu’il y a beaucoup, beaucoup d’autres choses qui fâchent les américains aujourd’hui, mais j’espère que tout le monde pourra prendre un instant pour étudier  le sens de cette décision au regard du président Obama, du ministère de la Justice, et des États-Unis.

En ce qui concerne le ministère de la Justice, cette décision montre son incapacité à poursuivre des individus responsables de la mort de 3.000 personnes dans la matinée du 11 Septembre. Apparemment, notre Constitution et notre système judiciaire – deux des pierres angulaires qui font la grandeur de l’Amérique et constituent un exemple éclatant pour le reste du monde – ne sont pas bâtis de façon adéquate pour faire face aux conséquences du terrorisme. De mon point de vue, c’est une reconnaissance choquante et lamentable que peut-être Oussama Ben Laden a atteint son but dans la matinée du 11 Septembre 2001. Et avec des frissons glacés, je me demande si c’était seulement les Tours d’acier qui ont été jeté à bas et brulées ce jour-là, ou si les pages jaunies de notre Constitution américaine l’ont été également.

Et qu’est-ce que cela nous dit sur les capacités solennelles de notre ministère de la Justice s’il sous-traite ses devoirs et responsabilités au ministère de la Défense ? Nous devrions tous réfléchir un instant à cette notion effrayante. Mais le plus inquiétant est que cela ne se déroule pas sous la tutelle de Bush et Cheney, mais sous celle d’Obama.

Au moins, quand le président Bush était au pouvoir, il a exposé sincèrement ses sentiments concernant les suspects du 11 Septembre enfermés dans nos prisons. Il ne se souciait pas d’eux. Il a permis qu’ils soient torturés. Il était légitime de les laisser pourrir dans la chaleur de Guantanamo pour l’éternité. Ils étaient, pour lui, des êtres inférieurs et il n’allait certainement jamais leur offrir les garanties de notre Constitution américaine ou des Conventions de Genève.

C’était le président Bush. Que vous soyez ou non en accord avec lui, vous saviez au moins où on en était. Et vous pouviez, que vous l’aimiez ou non, compter sur sa parole.

Ces deux dernières années, c’est le président Obama qui se tenait dans le bureau ovale. Très tôt après son élection, il a invité les familles des victimes du 11 Septembre à la Maison Blanche pour discuter des questions liées aux attentats. Lors de cette réunion de février 2009 la fermeture de Guantanamo et l’utilisation de l’Article 3 de la Constitution pour poursuivre en justice les suspects restants ont été discutés.

Beaucoup d’entre nous ont été incroyablement soulagés d’apprendre que, bien sûr, le président Obama allait fermer Guantanamo et soutenir la poursuite des suspects devant la Justice. Il nous a donné – aux veuves et aux enfants – lors de cette réunion, sa parole. Il nous serra la main. Il sourit largement. Il a posé pour les photos. (En fait, quelques semaines plus tard beaucoup de veuves ont même reçu des photos dédicacées de sa main – Très gentil ! (Personnellement, je n’ai pas reçu une telle photo).

Il y a près de dix ans maintenant que mon mari a été tué. Ma fille de deux ans en à maintenant douze. Notre pays a démarré deux – et maintenant peut-être trois – guerres inutiles et coûteuses. Et si ce n’était pas déjà assez difficile d’accepter que Oussama Ben Laden ne sera probablement jamais pris ou traduit en justice, maintenant, je dois avaler le fait que justice ne me sera pas rendue pour la poignée d’individus qui sont encore dans nos prisons. En bref, je n’obtiendrai pas justice devant un tribunal pour les assassins de mon mari et de 3.000 autres personnes.

Je suppose que dans la vie, la synchronisation est tout. Pour moi, en tant qu’avocat et  veuve d’une victime du 11 Septembre, l’annonce faite aujourd’hui par le MJ reconnaît la triste défaite de notre Constitution des États-Unis face aux événements du 11 Septembre. C’est vraiment tragique à mes yeux. Et on pourrait penser qu’un homme qui a été, par le passé, professeur de droit constitutionnel pourrait ressentir la même chose. Cependant, ce n’est pas le cas pour le président Barack Obama qui a choisi ce jour pour annoncer sa campagne d’un milliard de dollars pour sa réélection. Son slogan : nous demander de "participer" en lui envoyant un chèque.

Tout d’abord, je n’ai jamais été tellement une militante. Deuxièmement, je me demande vraiment comment faire confiance à un leader qui n’a aucun scrupule à renier ses promesses ou sa parole – que ces promesses aient concerné son appui aux droits des homosexuels, l’entreprise ou la perpétuation de campagnes militaires (ou guerres), illégales et coûteuses, ou que ces promesses aient concerné la cause de l’environnement quitte à froisser la grande entreprise, ou à mettre immédiatement un terme à la torture et à la détention illégale de prisonniers, de freiner le gonflement et la cupidité de Wall Street, de s’opposer aux armes à feu, ou de corriger les excès de l’administration précédente.

Mais peut-être plus généralement, si vous ne pouvez pas vous fier à ce qu’un homme a promis à un groupe de veuves et d’enfants, comment pouvez-vous lui faire confiance ?

Donc : Président Obama, suis-je avec vous ? Recevrez-vous mon chèque ? Bien sûr que non.

Parce que je suis fatiguée de parier sur l’espoir que vous donniez, de croire en vos promesses, et d’être constamment déçue.
 

traduction : Daniel pour ReOpenNews

 

---

9/11 Press for Truth :

L’un des tous meilleurs films documentaires sur le 11-Septembre.  Il retrace le combat des familles de victimes pour obliger l’administration Bush à créer une commission d’enquête sur la plus grande attaque terroriste jamais commise sur le sol américain … et la manière dont cette commission a failli à sa mission.  Purement factuel et émouvant, « 9/11 Press For Truth » met à jour de nombreux mensonges, fraudes et dissimulations de la part des autorités américaines.  Saisissant !

Ce film est non seulement un bel objet cinématographique, mais également et surtout une réelle enquête (minutieuse, documentée, fouillée) sur le 11 Septembre; il s’agit d’un vrai travail journalistique qui n’a jamais été diffusé à la télévision en Europe, bien qu’il ne contienne aucune thèse, AUCUN élément dit "conspirationniste" mais uniquement des faits établis, avérés et indiscutés.  « 9/11 Press For Truth » est en quelque sorte la seule vérité historique sur les attentats du 11/9…

Regardez-le et demandez-vous pourquoi aucune télévision ne l’a diffusé jusqu’à présent

Vous pouvez commander le DVD "9/11 Press For Truth" dans la boutique en ligne de l’association Reopen911.

---

Point clé N°1 :  L’enquête sur les attentats du 11-Septembre : une enquête non grata.

Le gouvernement Bush s’est opposé à ce qu’une enquête ait lieu sur le 11 Septembre. Ce n’est que sous la pression médiatisée des familles de victimes qu’une Commission fut finalement mise en place… mais l’enquête fut pilotée par la Maison Blanche et entachée d’obstacles et d’obstructions répétés ; et les conclusions du rapport furent rédigées avant même que ne commencent les auditions de la Commission.

---

Liens ReOpen-News :

• Accusés du 11-Septembre : finalement ce sera un tribunal militaire | 05.04.11 | par Amnesty International
• Un prisonnier afghan meurt à Guantanamo sans qu’aucune charge n’ait jamais été retenue contre lui | paru sur GlobalPost, le 3, février 2011
• Appel de Giulietto Chiesa aux associations de défense des droits civils | ReOpen911 & AgoraVox, le 16 déc. 2010
• Interview de Brahim Yadel – ex-détenu à Guantanamo | ARTE, sept. 2007
• Le procès d’Omar Khadr, l’enfant-soldat incarcéré à Guantanamo en 2002 | RadioCanada | 14 octobre 2008
• Guantanamo : où en sommes-nous ? | NOVOpress, le 1er juin 2010
• Guantanamo, Bush savait que des détenus étaient innocents | Nouvel Obs, le 12 avril 2010

A lire également :

• Les familles de victimes du 11/9 exigent des réponses de la part de la Commission à propos du témoignage censuré de l’agent du FBI Behrooz Sarshar | 03.02.11 | par Sibel Edmonds sur BoilingFrogs le 26.01.11.
• Elena Kagan à la Cour suprême : Les Saoudiens du 11/9 peuvent dormir tranquille | 16.05.10 | par John Byrne sur RawStory et repris par Alternet le 11.05.10.
• Presse italienne : La traduction du livre de P.Shenon met la V.O. à rude épreuve | 08.09.09 | par Carlo Bonini dans Il Venerdi de La Republica le 28.08.09
   

---