Interview du ministre de la Défense US Donald Rumsfeld, un mois après le 11-Septembre
Dans cette édifiante interview de Donald Rumsfeld faite exactement un mois après les attentats du 11 septembre 2001, les paroles du ministre de la Défense de George W. Bush contiennent déjà l’essentiel de la stratégie des USA pour la décennie à venir, c’est-à-dire les années 2001-2011 que nous venons de vivre. En effet, on y trouve les principales réponses que les USA vont imposer au monde entier à travers la "Guerre au terrorisme", l’augmentation drastique des budgets de sécurité et de défense, la propagande sur les "armes de destruction massive" qui servira pour l’invasion de l’Irak, et celle réitérée du "modèle" américain qui "se doit de réussir". On y trouve aussi cette allusion au "missile" qui a frappé le Pentagone, et qui fera couler tant d’encre dans les années qui suivront(*).
Interview du Secrétaire D.Rumsfeld
par Lyric Wallwork Winik, pour Parade magazine, le 12 octobre 2001 [Archivé sur le site Defense.gov]
Traduction Martin pour ReopenNews
Permettez-moi de commencer par la question suivante : la plupart d’entre nous sont programmés pour quitter un immeuble en feu. Qu’est-ce qui vous a fait aller vers le feu, ici, il y a un peu plus d’un mois, et que s’est-il passé dans votre tête ?
Eh bien, j’étais assis ici et le bâtiment a été frappé, on a pu sentir l’impact très clairement, et je ne sais pas ce qui m’a fait agir comme je l’ai fait, pour être honnête avec vous. J’ai agi par instinct. J’ai regardé par la fenêtre, ne voyant rien, je suis allé dans le couloir et je suis descendu vers l’entrée jusqu’à ce que la fumée soit trop dense, puis [arrivé] à une cage d’escalier je suis descendu et je suis allé dehors et j’ai vu ce qui s’était passé. J’ai demandé à une personne qui avait assisté à la scène, et elle m’a dit qu’un avion était rentré dans [le bâtiment].
Je savais qu’un avion était entré en collision avec le World Trade Center, et j’ai vu des gens sur l’herbe, et nous …, nous avons essayé de les mettre sur des civières puis de les déplacer à travers l’herbe vers la route et de les passer par-dessus la glissière de protection pour que des gens de l’autre côté puissent les mettre dans les ambulances.
Je suis resté un certain temps, puis les gens ont commencé à se rassembler, et nous avons pu trouver d’autres personnes pour faire ça, tenir les perfusions pour les gens. Il y avait des personnes allongées sur l’herbe avec des vêtements arrachés et des brûlures sur tout le corps.
Puis à un moment j’ai décidé que je devrais être ici [à mon bureau] pour réfléchir à ce qu’il fallait faire, parce que votre cerveau recommence à fonctionner, et il y avait là assez de gens pour faire face. Je suis revenu ici, dans ce bureau. Il y avait de la fumée ici aussi à ce moment-là.
Nous avons décidé où chacun devait être. Le président était hors de la ville, donc il était inaccessible. Le vice-président était avec moi. Nous avons envoyé mon adjoint sur un autre site. À un certain moment la situation est devenue insupportable et nous nous sommes rendus dans une pièce à 30 mètres d’ici dans ce bâtiment, dans le même secteur, mais vers l’arrière qui peut être isolé. Mais on s’est aperçuque ce n’était pas hermétique à la fumée, et ainsi de suite. Nous avons travaillé là-dedans, et on nous a dit et répété que ce bâtiment devait être totalement évacué, sauf pour les gens qui m’assistaient, et on a continué à nous seriner « vous devriez partir d’ici car ces personnes doivent rester si vous êtes là", pour autant que je me souvienne. J’ai dit "d’accord, nous le ferons en temps voulu".
Ils ont pu atténuer suffisamment le feu et aérer un peu pour que la fumée arrête d’augmenter. Elle n’a pas disparu, mais s’est stabilisée. Nous sommes restés là toute la journée, et nous ne sommes jamais partis pour (inaudible).
L’avantage pour moi était que je pouvais être ici, à proximité des problèmes, et j’ai pu avoir des conversations très complètes avec le président, le vice-président, le secrétaire d’État. Je crois qu’il était à l’étranger, non? C’était son remplaçant..
En raison des contraintes de temps, je vais vous demander d’avancer. Je suis désolée si je semble impolie.
Pas du tout !
C’est une question qui a été posée par de nombreux Américains, mais surtout par les veuves du 11 Septembre. Comment se fait-il que nous ayons été aussi lents à la détente? Comment une guerre visant les civils a-t-elle pu atteindre notre patrie apparemment sans aucun avertissement ?
Il y a eu beaucoup d’avertissements. Les informations des services de renseignement que nous recevons, il y a parfois des centaines d’alertes ou d’informations venant du Renseignement par semaine. Si on inclut le monde entier, ce sont des milliers. Et la tâche consiste à trier et à extraire ce que vous pouvez en conclure. Et comme vous trouvez des choses, les fonctionnaires qui ont la responsabilité de traiter ce genre de choses – le FBI au niveau fédéral, et bien que ce ne soit pas, c’est un service d’enquête par opposition à une force de police, ce n’est pas une force de police fédérale, comme vous le savez. Mais les responsables de l’Etat et les forces répressives locales ont la responsabilité de traiter avec ce genre de questions.
Ils [découvrent un tas de choses] et énormément d’efforts terroristes ont été découragés voire stoppés grâce à la collecte de renseignements et à un bon travail de prévention. Il est vrai qu’un terroriste peut attaquer n’importe où, n’importe quand, par n’importe quelle technique et il est physiquement impossible de se protéger en tout temps et en tous lieux contre toutes les techniques imaginables. Ici, nous parlons de couteaux en plastique et de l’utilisation d’un avion d’American Airlines rempli de nos concitoyens, et DU MISSILE utilisé pour ENDOMMAGER CE BATIMENT(*) et de similaires (inaudible) qui ont endommagé le World Trade Center. La seule façon de régler ce problème est d’engager le combat avec les terroristes, où qu’ils soient, et de les traiter comme il convient.
S’il vous plaît, expliquez brièvement à nos lecteurs pourquoi il ne suffit pas d’attraper ben Laden et al-Qaïda. Pourquoi la menace doit aller au-delà de ça.
Eh bien, parce qu’ils ont formé un nombre inconnu de personnes qui sont disséminées sur toute la planète, mais il y a un certain nombre de réseaux terroristes dans un certain nombre de pays qui ont abrité des terroristes, et traiter un seul d’entre eux et ignorer les autres serait méconnaître la nature du problème.
Il existe une corrélation, vraiment, entre les pays qui financent le terrorisme, et les pays qui ont développé des armes chimiques et biologiques, et ils travaillent avec diligence pour développer une capacité nucléaire pour la plupart. Pas dans tous les cas. Mais ce lien est quelque chose qui devrait être une préoccupation pour les gens. Que cette connexion s’établisse et il est évident que vous parlez non de milliers de victimes, mais de centaines de milliers.
Il semble que vous êtes en train de dire que nous allons avoir besoin de traiter des armes irakiennes de destruction massive, en particulier à la lumière des preuves selon lesquelles malgré les inspections, Saddam a continué de renforcer son arsenal au cours des années 90 et maintenant nous ne savons pas ce qui s’est exactement passé. Est-ce que cela va être aussi une priorité élevée ?
Ce sont des décisions pour le président, mais il a été très clair sur le fait qu’il est profondément préoccupé par le problème du terrorisme. Il va aller chercher les terroristes, les isoler et les extirper d’où ils se cachent, et il va créer un environnement qui suggèrera aux pays qui les abritent qu’il doivent cesser [de le faire].
De même, nous devons être sensibilisés sur le fait qu’il y aura inévitablement au minimum la potentialité que des effets secondaires ou des menaces non intuitives puissent survenir. Certains d’entre eux peuvent être positifs. C’est-à-dire que les gens peuvent changer leurs habitudes, ou il peut y avoir de nouvelles convergences là où se situent des problèmes communs, que nos relations avec les gens au cours des trois, quatre, cinq ans à venir pourraient être notablement différentes de ce qu’elles étaient auparavant, pour le meilleur.
De même, pour aller au cœur de votre question, vous avez raison. Il est important que nous fassions tout ce qui est humainement possible pour faire notre devoir d’une manière qui soit acceptable pour nos nombreux alliés dans la région et en tenant compte des problèmes qu’ils rencontrent à cause, pour reprendre votre expression, de la propagande des terroristes. Cet effort n’a manifestement rien à voir avec une quelconque religion, rien à voir avec une race, rien à voir avec aucun pays en particulier. Il a à voir avec les terroristes et les réseaux terroristes. Dans le cas de l’Afghanistan, ils se sont largement emparés du pays. Mais pas totalement.
Et dans un monde où, en tant qu’êtres humains, nous savons que les gens ne sont pas parfaits et qu’il y a beaucoup de gens qui, pour diverses raisons, sont occupés à faire des choses mauvaises. Et des choses vicieuses. Et des choses mortelles. Par conséquent, si nous tenons à cela et si nous apprécions le peuple des États-Unis, il n’y a aucun doute que nous devons être prêts à défendre ce mode de vie et pour ce faire, les gens doivent risquer volontairement leur vie. Dieu merci, nous avons des personnes merveilleuses, des hommes et des femmes dans les Forces armées, qui sont prêtes à le faire.
par Lyric Wallwork Winik, pour Parade magazine, le 12 octobre 2001 [Archivé sur le site Defense.gov]
Traduction Martin pour ReopenNews
Notes ReOpenNews :
(*) : A propos de la phrase de Rumsfeld sur le "missile" : "Here we’re talking about plastic knives and using an American Airlines flight filled with our citizens, and the missile to damage this building and similar (inaudible) that damaged the World Trade Center"
Parade Magazine a expliqué dans son numéro de septembre 2004 qu’il s’agissait d’une erreur de transcription. On trouve plus de détails sur le site HistoryCommons de Paul Thompson. Bien que cela n’ait jamais été clairement explicité, si l’on remplace "and" par "as" dans la phrase en anglais, on obtient un sens tout à fait différent, qui serait alors que l’avion a été utilisé comme un missile.
Dans tous les cas, le document traduit ici est toujours disponible tel quel sur le site Web du Department of Defense : http://www.defense.gov/transcripts/transcript.aspx?TranscriptID=3845
En lien avec cet article :
- Sabotage au centre névralgique du gouvernement US le 11/9 ? | par Shoestring911 sur son site | le 7 nov. 2010
- Le 11-Septembre et la dette américaine | Kevin Ryan, sur 911Blogger, le 4 nov. 2010
- FOCUS MONEY: Qui se cache vraiment derrière le 11-Septembre ? | Oliver Janich, pour Focus Money | le 13 oct. 2010
- Le programme secret de la FEMA pour supplanter la Constitution des Etats-Unis et établir un état d’urgence permanent | Peter Dale Scott, Global Research, 19 mai 2010
- The Power of Nightmares, ou comment fabriquer des cauchemars | Jean-Luc Douin paru dans Le Monde à l’occasion du Festival de Cannes 2005
Attention … il parle de missile mais tout objet volant propulsé et utilisé pour endommager un autre objet est un missile … ne faites pas trop de raccourcis car si c’est un avion qui s’est écrasé sur le pentagone, il s’agit bien d’un missile (en forme d’avion … ok … )
Tout à fait d’ accord avec vous, Djeb…..
Attention aux raccourcis car vous n’ êtes pas sans savoir que vous avez beaucoup moins le droit à l’ erreur que les partisans de la version officielle.Ne donnez pas de grain à moudre à ceux qui voient en vous des « conspirationnistes paranoiaques », c’ est dommage.
D’ autant plus que dans cet interview, et de façon bien plus grande que l’ utilisation du mot missile, c’ est le ton et le fond du discours qui font halluciner et froid dans le dos:
-plan d’ hégémonie américaine pour la prospérité et la sécurite de tous.
-un modèle social et économique dont le peuple tirerait un maximum de profit (la bonne blague!)
-des gens qui doivent être prêts à donner leur vie pour cet idéal (mais pas lui évidemment)
-la perspective de millions de morts dues au terrorisme si les états-unis ne prennent pas leur responsabilité face aux « méchants » de ce monde….etc
C’ est un vrai condensé du programme du PNAC, effarant!!! Et ça n’ interpelle pas les médias de l’ époque ou d’ aujourd’ hui, pourtant censés être rompu à l’ exercice du décryptage de discours politiques?
C’ est tout simplement incroyable cette politique de l’ autruche depuis maintenant 9 ans, car ils font forcément exprès, c’ est pas possible autrement.Un puant mélange de conviction idéologique, d’ ignorance volontaire et de lâcheté intellectuelle.
Les médias « mainstream » sont en train de se suicider vis-à-vis du peuple qu’ ils sont sensés informer objectivement, parce que de plus en plus de gens ont accès à l’ information par internet qui n’ est heureusement pas qu’ un repère de cinglés.
Et quand on recoupe les infos on s’ aperçoit que les grands journaux (télévisés et papier) rendent compte des événements d’ une manière totalement partielle et partiale, quelque soit le sujet.
C’ est grave et affligeant.
Pas d’accord.
la lecture assidue de ce site explique que un avion s’est approché du pentagone (nombreux témoins indépendants), et qu’un missile a percuté le bâtiment (faisant un tout petit trou de 5m.. rien à voir avec les « belles » empreintes dans les tours).
Bref, il s’agit d’un véritable lapsus de Rumsfeld
C’est à mettre sur le compte de la confiance: la servilité du journaliste n’était pas déstabilisante, Rumsfeld a pu se croire un instant avec ses « potes » du PNAC, du CFR ou autre cercle du pouvoir occulte.
Donald Rumsfeld .. est un homme intègre .. il n’y a aucun doute dans mon esprit … être secrétaire a la défense .. n’est pas donner a tout le monde .. ou faut savoir improviser … Je pense que la réaction de Donald Rumsfeld après les attentats du 11 septembre 2001, ont permis de sauver des millions de vie humaines . Plusieurs attentats ont été maîtriser grâce aux renseignement de la CIA .. et également les services secrets des pays alliés … Ronald Reagan avait dit dans les années 80 , que la prochaine menace mondial pour la paix !! serait , la menace terroriste … c’est un combat qui risque d’être long … mais la démocratie en sortira vainqueur … Un jour , tous les Américains diront merci a Donald Rumsfeld …