La lanceuse d’alertes Sibel Edmonds : Je ne comprends pas la stratégie de Wikileaks
Contrairement à d’autres whisteBlowers (Lanceurs d’alertes) célèbres comme Coleen Rowley ou Daniel Ellsberg, l’ex-traductrice du FBI Sibel Edmonds ne prend pas encore position sur Wikileaks et Julian Assange, mais elle nous pose, sur son blog, la question de la stratégie globale de Wikileaks derrière les choix de diffusion de tous ces cables diplomatiques. En gros, pourquoi avoir commencé par autant de choses insignifiantes au moment où l’attention des médias était à son paroxysme ? Et de poser la question à ses lecteurs : Et vous, ne trouvez-vous pas cela étrange ?
Stratégie de Wikileaks : trop de hors-d’oeuvres1 ?
Baisse de l’appétit et risque croissant d’un arrêt avant le plat principal
paru sur le Blog tenu par Sibel Edmonds, le 14 déc. 2010
Comme je l’ai dit précédemment, je ne suis pas encore prête à analyser ou à parler des récentes divulgations de Wikileaks. C’est encore trop tôt, et trop peu d’informations, avec trop peu d’implications ont été diffusées à ce jour. J’attends toujours les révélations explosives, et/ou des "cables" vraiment compromettants; s’il y en a. Mais ce que je peux faire, en revanche, c’est discuter la stratégie adoptée jusque-là par Wikileaks pour diffuser ces documents, et de vous demander ce que vous en pensez. En fait, je voudrais évoquer rapidement la raison exacte pour laquelle je n’ai pas encore commencé à me plonger dans le matériel désormais mis à disposition. Ce qui me préoccupe le plus dans la stratégie de Wikileaks, c’est la chose suivante :
Fort de l’attention croissante et notoire des grands médias mainstream, n’est-il pas contre-productif, voire dommageable de commencer ces révélations par un monceau de documents absolument insignifiants, négligeables et sans aucune implication ou presque ? Pourquoi ne pas utiliser la période de pic de l’attention médiatique pour les informations les plus explosives et ayant le plus de conséquences ? Cela ne revient-il pas à servir trop de "biscuits apéritif" avant le plat principal de haute valeur gastronomique, et à perdre ainsi le meilleur en le servant à des convives pleins et rassasiés ?
D’un point de vue de la gestion du risque, n’est-il pas dangereux de commencer par du matériel peu important, voire insignifiant, et de donner à l’ennemi (les gouvernements) le temps et l’opportunité de contre-attaquer, d’interférer, de bloquer, ou encore de détruire le "vrai" contenu, celui qui aura des implications importantes ? Pourquoi ne pas commencer cette diffusion par les documents les plus explosifs et les plus accusateurs, ce qui serait un moyen de minimiser le risque d’interruption ou de destruction2 ?
Il est certain que j’ignore beaucoup de choses. Il doit bien y avoir une méthode derrière toute cette folie. Ils doivent avoir réfléchi à une stratégie que je ne perçois pas. L’objectif pourrait être différent de ce que l’on en voit jusqu’à maintenant. Comme vous voyez, il existe encore beaucoup trop de questions sans réponse, de méthodes ahurissantes, de casse-têtes stratégiques, pour que je m’essaie à un pronostic personnel ou à un jugement. Je continue d’attendre impatiemment. Et vous ?
Sibel Edmonds
Traduction GV pour ReOpenNews
Notes ReOpenNews
- Hors-d’oeuvres : en français dans le texte
- A propos du risque de voir s’interrompre le flux annoncé de documents, notons les propos du Vice-président Joe Biden diffusés hier (19 décembre 2010) par Associated Press : "Biden Slams WikiLeaks Document Hand-Off as Close to Terrorism" (Joe Biden dénonce violemment les documents publiés par Wikileaks comme étant du terrorisme). En voici la traduction :
Le Vice-président Joe Biden a déclaré que le Département de la Justice allait étudier ce que les USA pouvaient faire pour stopper la publication de documents par Wikileaks. Biden a expliqué qu’il ne voulait pas s’étendre sur la méthode, mais il a eu des mots très durs contre le fondateur de Wikileaks, Julian Assange.
Biden a dit que si Assange avait conspiré pour obtenir d’un membre des Forces Armées des documents classifiés, cela serait fondamentalement différent du cas où un reporter reçoit du matériel classifié par une source. Le Vice-président a dit lors de l’émission "Meet the press" sur NBC que selon lui, [Wikileaks] était plus proche du "terrorisme high-tech" que ne l’était l’affaire des "Pentagon Papers", cette divulgation en 1971 d’une étude gouvernementale sur l’engagement des USA au Vietnam.
Un contractant privé de l’armée est soupçonné d’avoir fait passer des informations classifiées à Wikileaks.
En lien avec cet article :
Et aussi :
- Et si wikileaks n’était qu’un prétexte à la troisième guerre mondiale … | Chien Guevara, AgoraVox | 18 déc 2010
- Précisions sur les dernières révélations de Sibel Edmonds | Wayne Madsen, The Rock Creek Free Press | 8 nov. 2009
- Administration américaine : y aurait-il une pieuvre ? | Sibel Edmonds et Philip Giraldi pour The American Conservative | 30 sept. 2009.
Film sur Sibel Edmonds :
- Voir aussi l’excellent film documentaire de Matthieu Verboud et Jean Robert Viallet, « KILL THE MESSENGER, Une Femme à abattre » (version FR)
Mais peut être tout simplement parcequ’ils n’ont rien de si explosif dans ces fuites de cables diplomatiques.
Sibel sera sans doute déçue une fois tous les documents diffusés.
Ses révélations à elle sont surement mille fois plus explosives. Dommage qu’elle n’ai pas put diffuser ce qu’elle a eu en main, sur un site comme wikileaks à l’époque.
Ces documents diplomatiques sont diffusés au compte goutte suivant une stratégie non pas définie par wikileaks mais par les journaux qui ont aidé à leur analyse: Times, Spiegel, el païs, le monde…
stratégie qui a été négociée en commun AVANT le buzz, et ils ne s’adaptent pas au buzz.
Il faut quand même se rappeler que jusqu’ici wikileaks, quelque soit le sujet, n’a jamais diffusé d’info explosive. Voir le débat sur arrêt sur images. Ils ont diffusé des infos chocs, des éléments qui font le buzz parceque c’est du brut, du concret, du réel, du palpable, du impossible à nier. Mais au bout du compte, ce qu’ils révèlent était déjà connu. Seuls quelques détails apparaissent en plus mais le fond est connu.
Le principal soucis à mes yeux de wikileaks, c’est qu’ils diffusent tout ce qu’on leur envoie. Que ce soit explosif ou pas.
Du coup ils s’exposent à des manipulations de fausses fuites que les journalistes classiques connaissent déjà.
Peut être que Sibel a envoyé depuis longtemps quelques documents compromettants à wikileaks ?
pas d’accord avec le commentaire de seb:
La vidéo de l’hélicoptère avec l’assassinat « en live » des journalistes était explosif. Mais que tous les médias diffusent ces images montre qu’elles ont surement été récupérées pour servir un intéret particulier.
Rien n’est laissé au hasard dans le monde de l’information…
D’accord avec Sibel. Même si certains documents peuvent être d’un grand intérêt, l’information est noyée dans un tel flot qu’il est très difficile de s’en sortir.
3 possibilités, soit:
- wikileaks est indépendant, mais la quantité d’info rend tout cela indécryptable.
- wikileaks est un leurre, une diversion.
- wikileaks tente de faire passer l’info, mais c’est manipulé ensuite par les journaux dominants qui travaillent le contenu et cette info est récupérée par les pouvoirs en place pour servir des intérêts qui ne nous sautent pas aux yeux.
Je dirais que ca se joue entre le 2 et le 3.
Wikileaks est intégralement une fiction scénarisée. Autant arrêter de tourner autour du pot et mettre une fois pour toutes les pieds dans le plat.
Je n’en était pas certain mais une simple recherche sur Wikipédia vient de me le confirmer: la création de Wikileaks correspond à la période de l’apparition de ReOpen911 et du « Mouvement pour la Vérité sur le 11 septembre ».
De deux choses l’une: si Wikileaks avait été réellement subversif, il aurait suvi le même sort médiatique que ReOpen911.info. A contrario, si ReOpen911.info avait été une création en laboratoire d’agences de renseignements américaine dans le but de contrer la contestation de l’hégémonie US., l’association aurait été décrétée star des médias.
Même les révélations du Climatgate, qui sont pourtant réelles elles aussi, comme toutes les informations révélées par Wikileaks (il faut bien une base solide minimum pour apparaître crédible), correspondent aux positions anti-environnementales légendaires du complexe militaro-industriel U.S.
Le diable se niche dans les détails: la caution versée pour la libération anticipée de Julian Assange correspond difficilement au train de vie de dissidents recherchés -traqués- partout dans le monde. On en connait d’autres, réels ceux-ci qui ne se cachent pas dans des manoirs Anglais! (Meyssan etc…). Décidément, les donateurs de Wikileaks sont prêts à tous les sacrifices. Et quid des collaborateurs d’Assange? On retrouve parfaitement les ressorts du Star-System. C’est signé, comme les révolutions orange de Georges Soros.
Une fois de plus, Oussama Ben Laden peut remercier ses potes Anglo-Saxons de lui permettre de passer de joyeuses fêtes de Noël. Il a trouvé un remplaçant pour l’hiver. C’est toujours ça de gagner pour un système politique occidental qui n’en finit pas d’agoniser.
L’affaire Wikileaks,…
Pour moi: elle est le summum de la finesse de la propagande occidentale.
« Ils » se sont créés une pseudo opposition. Une pseudo contestation. Contre laquelle l’Occident vilipende, en faisant la vierge effarouchée, alors qu’il n’y pas de quoi tuer une mouche.
Au final, le résultat est terrifiant. « Voyez-vous, chers concitoyens, même face à une contestation aussi féroce que ce Monsieur Assange, il apparaît que nos gouvernements n’ont pas grand chose à se reprocher, si ce ne sont quelques petites anicroches, normales et compréhensibles, parce que, quand même, nous devons gouverner,… et c’est difficile, vous savez. Il y a des responsabilités ».
Au final,… contester la VO du 11 septembre apparaît comme ridicule, parce que ce géant de Wikileaks, ce « grand chercheur de Vérité », à nul autre pareil, (qui débarque, en prime time et page, du jour au lendemain) n’y a pas trouvé trace d’une quelconque anomalie. Donc, « …chers peuples du monde, cher/e/s Occidentaux/tales, continuez à fermer vos yeux et à dormir sereinement, la conscience tranquille. Le monde est beau ».
Sous le règne de Bush II, le ton était différent et plutôt apeurant, terrorisant, voire « paranoïsant ». Un ton guerrier. Certains ont aimé. Moi pas.
Sous le règne Obama Ier, reconnaissons tout de même la finesse et l’agilité de cette propagande plus reposante. Du tout grand Art ! J’avoue être en pleine admiration. Quelle intelligence ! Mais cependant, cette propagande du soit-il Nobélisé de la Paix se trouve tout aussi puissante, ravageuse et destructrice que les vociférations guerrières de Bush II.
Le ton et la manière changent. Les objectifs restent les mêmes.
En définitive, comme scandé par le réseau Voltaire, qui par ailleurs a trop rarement tort: « Wikileaks: circulez, y’a rien à voir ».
Wikileaks me semble avant tout un joli mirroir à l’imaginaire des uns et des autres. La nature réelle de cette organisation étant inconnue, chacun en vient immanquablement à projeter sa vision du monde dessus et à définir l’OVNI d’Assange en cohérence. Pour les « truthers », qui voient depuis des années des whistleblowers comme Sibel Edmonds ignorés des médias, le buzz wikileaks est suspect, surtout en regard de la maigreur des scoops. Ils pointent que wikileaks renforcerait surtout la diabolisation des prochaines cibles US (réelles ou supposées). Pourtant, pour être limité, ceux ci ne sont pas insignifants ni sans conséquence ; la gène de la diplomatie US est bien réelle tandis que plusieurs dirigeant, au moyen orient, se retrouvent embarassés.
D’autres clament qu’Israël est probablement derrière, avec des indices plutôt que des preuves, le plus rabaché étant qu’Israël ne serait pas réellement embarassé par wikileaks. Pourtant, certains leaks sont réellement génants pour Israël, notamment ceux portant sur le crime organisé venant de Tel Aviv. Surtout, on apprend récemment qu’Israël Shamir, un antisioniste virulent avec de serieuses (pour une fois) accusation d’antisémitisme et de négationnisme à son endroit, est le porte parole de l’organisation en Russie, et que son propre fils, Johannes Wahlström, est un porte parole de Wikileaks en suède.
http://en.wikipedia.org/wiki/Israel_Shamir
Les politiciens US, avec la finesse qu’on leur connait, clame tout au contraire que wikileaks est une organisation terroriste et je ne doute pas de trouver des blogs expliquant avec le même aplomb que d’autres leur propre vérité selon laquelle c’est Téhéran, Ben Laden, Poutine ou le PC chinois qui serait derrière une telle forfanterie.
Pour ma part, je réserve donc toujours mon opinion. Le point qui m’intrigue le plus : c’est probablement Assange. Le personnage ne sonne pas « vrai », pour moi, son nomadisme, son passé de hacker (il est un peu agé pour, il me semble) et puis bien sûr, d’où viennent les sous ? Car il est évident pour moi qu’au moins un moment ce n’est pas internet qui a nourri la « petite » équipe d’une dizaine de personne pendant quelques années.
A la réflexion je peux peut être comprendre la stratégie d’Assange. Supposons qu’il ait, dans ces quantités délirantes de documents, disons quatre ou cinq vraies bombes. S’il les sort en même temps, elles vont s’étouffer l’une l’autre, médiatiquement. Mais s’il en sort une pour commencer, tout ce qui sortira après semblera fade et anecdotique jusqu’à la prochaine bombe. Hors dans le tas il y a beaucoup de cables d’une importance relative mais pas dénués d’intérêt.
Tout ça peut donc être une stratégie assez logique et sensée. C’est la récente déclaration sur les cables relatifs à Israël qui m’inspire, évidemment, ces suputations…
http://www.liberation.fr/monde/01012309729-wikileaks-assange-promet-des-centaines-de-documents-sensibles-sur-israel
Baboune lausanne a parfaitement compris la stratégie « Wikileaks » : informations divulguées par le Pentagone pour occuper le terrain de la contestation au nouvel Ordre Mondial ,aux néo con.
Les sites contestants la VO du 11 septembre ont du matériel « lourd » qui pourrait faire trembler l’administration US et pourtant, rien !
Une chose est sûre: une info dans un grand média est soit douteuse soit insignifiante. Ceux qui contestent la VO du 11/09 savent depuis longtemps que les grands médias sont complices de cette tragédie.
Wikileak permet à ces pseudo journalistes de retrouver une certaine virginité vis à vis de lecteurs naifs.