Noam Chomsky : Aucune preuve qu’al-Qaïda a perpétré les attentats du 11-Septembre
Le vénérable universitaire américain Noam Chomsky n’en finit pas de "tourner autour du pot" au sujet du 11-Septembre[1]. Pourtant cette fois, l’évolution est de taille : en se positionnant contre neuf années d’insinuations et de confusion de la part de la Maison Blanche et des médias occidentaux, qui font d’Oussama ben Laden le "mastermind" évident du 11-Septembre (quand ce n’est pas Khalid Mohammed Sheikh, ou Omar Sheikh, ou d’autres selon les circonstances), Noam Chomsky se rapproche de la vérité nue. Sur l’Afghanistan, après Eric Margolis, ou encore Paul Craig Roberts, ou le haut magistrat Dieter Deiseroth, ou aussi Jean-Luc Mélenchon en France, voilà cette fois un intellectuel de premier plan qui questionne logiquement la légalité de la présence américaine et de l’OTAN.
Nous vous renvoyons à nos précédentes News en bas d’article pour vous remémorer l’évolution des déclarations de cet éminent linguiste. Rappelons aussi que face à cet "étau de la vérité" qui se resserre inexorablement d’année en année, nous aurions apprécié à la rédaction que le film hagiographique et pontifiant Chomsky et Compagnie, de Daniel Mermet, nous donne l’opportunité d’en savoir plus sur une certaine année… 2001, mystérieusement absente de ce documentaire… lente est la progression, mais lente le restera-t-elle ?
Interview de la TV iranienne PressTV le 3 novembre 2010
Aucune preuve qu’al-Qaïda a perpétré les attentats de 2001
Article de Press TV repris et complété par le très suivi Washington’s blog, par 911blogger où l’extrait vidéo sur Chomsky de PressTV a été posté par le journaliste français Hicham Hamza de la TELELIBRE.
Vendredi 5 novembre 2010
Traduction et mise en forme par Corto
Le leader intellectuel progressiste Noam Chomsky vient de déclarer à PressTV :
"Le motif explicite et public de la guerre en Afghanistan était de contraindre les talibans à livrer aux Etats-Unis les gens qu’ils accusaient d’être impliqués dans les actes terroristes contre le World Trade Center et le Pentagone. Les talibans.. ont exigé des preuves… et l’administration Bush a refusé d’en fournir."
L’universitaire de 81 ans a fait cette remarque sur PressTV dans l’émission "Une simple question"
"Nous avons plus tard découvert l’une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas fourni de preuves : ils n’en avaient aucune."
L’analyste politique a aussi dit que l’inexistence de telles preuves fut confirmée par le FBI huit mois plus tard.
"la direction du FBI, après l’enquête internationale la plus importante de l’histoire, a informé la presse que le FBI soupçonnait que le complot ait pu être préparé en Afghanistan, mais qu’il a probablement été organisé aux Emirats-Arabes-Unis et en Allemagne."
Chomsky a ajouté qu’ "après 3 semaines de guerre, un officier britannique déclara que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne continueraient de bombarder, jusqu’à ce que le peuple afghan renverse les talibans… C’est ce qui fut ensuite invoqué comme justification de la guerre."
"Tout cela était totalement illégal, et même plus, c’était criminel", a déclaré Chomsky.
Noam Chomsky : pas de preuve contre al-Qaida pour le 11-Sept envoyé par ReOpen911. – L’info internationale vidéo.
Comme Wired l’a rapporté le 27 septembre 2001 :
Le Président Bush a déclaré qu’il dispose des preuves de la présence de ben Laden derrière les attaques, donc il semblait évident que le FBI allait l’inclure sur sa page web dans la liste des dix terroristes les plus recherchés.
Réfléchissez…
Ben Laden figure dans la liste, mais [seulement] pour les attentats de 1998 contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya. Il n’y a aucune mention de l’attentat de 1993 contre le World Trade Center, ou de l’attaque contre l’USS Cole en 2000. Dans les deux cas pourtant, il est fortement soupçonné d’en être l’organisateur. et ne parlons pas du 11-Septembre.
La raison ? Les fugitifs sur la liste doivent être formellement inculpés et ben Laden est un simple suspect dans les attaques récentes contre New York et Washington.
"Il va se passer un temps considérable avant que quiconque associé aux attentats soit véritablement inculpé" a dit Rex Tomb, qui est à la tête du département des relations publiques [du FBI] en matière d’accusations et qui participe aux décisions de faire apparaitre ou non un accusé sur la liste. "Pour inculper quelqu’un d’un crime, il faut avoir trouvé des preuves qui confirment vos suspicions, et qu’un juge ait déclaré qu’il va porter l’affaire en justice."
Larry C. Johnson, ancien officier de la CIA qui était directeur adjoint du bureau du contre-terrorisme au département d’Etat [NdT. équivalent plus large de notre ministère des Affaires étrangères], de 1989 à 1993, a déclaré dans une interview du 12 septembre 2001 sur Frontline qu’il n’y a aucune preuve concrète de la responsabilité de ben Laden pour l’USS Cole et pour l’attentat de 1993 au WTC, mais que ben Laden a célébré ces attentats et s’est associé à des gens qui en sont responsables.
Le Président Bush a promis de révéler les preuves des liens entre ben Laden et les pirates suicidaires qui ont attaqué le World Trade Center et le Pentagone. Ben Laden a applaudi les attentats tout en niant toute implication directe.
Mais l’administration Bush n’a jamais publié de telles preuves.
Comme je l’ai écrit en décembre dernier:
Le Président Obama a déclaré mardi soir, pour justifier le renforcement des troupes en Afghanistan :
"Nous n’avons pas cherché ce combat. Le 11 septembre 2001, 19 hommes ont détourné 4 avions et les ont utilisés pour assassiner près de 3000 personnes. La base d’al-Qaïda était l’Afghanistan, où ils étaient hébergés par les talibans qui refusèrent de remettre Oussama ben Laden."
Est-ce vrai?
Le 14 octobre 2001, les talibans proposèrent de livrer ben Laden à un pays neutre si les USA cessaient les bombardements et si on leur apportait la preuve de l’implication de ben Laden dans le 11-Septembre.
Plus précisément, comme l’a écrit The Guardian :
De retour à la Maison Blanche après un week-end à Camp David, le Président a déclaré que les bombardements ne cesseraient pas, à moins que les talibans au pouvoir "défèrent ben Laden, défèrent ses compagnons de route, défèrent tous les otages qu’ils détiennent." Il a ajouté "Il n’y a pas besoin de discuter d’innocence ou de culpabilité. Nous savons qu’il est coupable."
Le Premier ministre adjoint de l’Afghanistan, Haji Abdul Kabir, déclara aux reporters que les talibans exigeaient les preuves comme quoi ben Laden était derrière les attentats de Septembre-2001.
"Si on donne aux talibans la preuve qu’Oussama ben Laden est impliqué, et que la campagne de bombardements cesse, alors nous sommes prêts à le déférer à un pays tiers", a ajouté M. Kabir.
Cependant, The Guardian fait ensuite remarquer:
"Un ministre taliban haut placé a proposé un accord de dernière minute pour déférer Oussama ben Laden au cours d’une visite secrète à Islamabad" , ont déclaré au Guardian la nuit dernière des sources haut placées au Pakistan.
"Pour la première fois, les talibans ont proposé de déférer Ben Laden pour être jugé dans un pays différent des USA sans demander d’abord à voir les preuves, en échange d’une cessation des bombardements," a déclaré une source proche des chefs de l’armée pakistanaise.
Et pourtant… les USA déclinèrent l’offre et au lieu de cela déclenchèrent la guerre. Et en 2006, l’agent du FBI Rex Tomb répondit au journaliste Ed Haas que le FBI n’avait toujours pas suffisamment de preuves :
"La raison pour laquelle le 11-Septembre n’est pas mentionné sur la fiche d’Oussama ben Laden "recherché" (Wanted) est que le FBI n’a aucune preuve tangible reliant ben Laden au 11-Septembre."
En fait, de nombreux leaders progressistes ont exprimés des doutes sur le 11-septembre, y compris Daniel Ellsberg, Ray McGovern, William Blum, Dennis Kucinich, Mike Gravel, Lewis Lapham, Dan Hamburg, Michael Moore, Cindy Sheehan, Amy Goodman, Thom Hartmann, Rabbi Michael Lerner, Marc Crispin Miller, Howard Zinn, Robert McChesney, Gore Vidal, Chris Floyd, Robert Fisk, Medea Benjamin, Doris "Granny D" Haddock, Paul Hawken, David Cobb, Randy Hayes, Ernest Callenbach, Dennis Bernstein, Paul H. Ray, Michael Franti, Janeane Garafalo and Ed Asner.
De même que des conservateurs traditionalistes de premier plan. Et les commissionnaires du 11-Septembre eux-mêmes.
Notes ReOpenNews :
- On se référera notamment à l’analyse que faisait le chercheur David Ray Griffin de la position de Noam Chomsky sur le 11-Septembre telle qu’il l’exprimait en avril 2006, et qui semble donc avoir notablement évolué depuis.
D.R. Griffin à propos de Noam Chomsky (11 septembre 2001) envoyé par ReOpen911. – L’actualité du moment en vidéo.
En lien avec cet article:
- 1er février 2008 / Noam Chomsky / Khaleej Times (Emirats Arabes Unis) / La volonté des Irakiens n’est toujours pas prise en compte.
- juin 2007 / Noam Chomsky / conférence du Z Media Institute à Woods Hole, Massachusetts / le monde nous appartient
- 14 avril 2008 / Jean Luc Salvador / agoravox / Achever Chomsky?
- 26 février 2008 / Tom Engelhardt / Tomdispatch.com / Noam Chomsky: les terroristes voulaient la fin du monde
- 6 juin 2006 / Ed Haas / Muckracker report / repris et commenté par le réseau Voltaire / pas de preuve formelle de la culpabilité d’Oussama ben Laden (reprise reopennews)
- 2002 / Sylvain Timsit / Sity.net / Les 10 stratégies de la manipulation / d’après Chomsky
à la bonne heure !
n’empêche que « l’éminent linguiste » est d’un ennui terrible et que son apport à le discipline est vraiment surestimé et daté.
C’est une sorte de théorie baba cool qui considère en gros que le mythe de Babel est une réalité et que toute langue garde la trace d’une structure commune.
Ira-t-il plus loin ? un type comme lui peut-il accepter de perdre ses illusions ?
@fab : Cette analyse critique de l’oeuvre de Chomsky n’engage que vous ! Reconnaissons à Chomsky le mérite d’avoir démontrer les mécanisme de la propagande médiatique moderne. Mais soyons un peu indulgents quand à son approche « timorée » du 9/11, peut être a t il eu peur de tomber dans un piège semblable à la polémique qui l’opposa autrefois à l’historien Pierre Vidal Naquet …
Oulà ! Noam Chomsky est considéré dans sa profession comme à l’origine de la plus importante contribution à la linguistique théorique. Il y a un certain consensus pour le considérer comme un des plus importants esprits de son temps.
Ceci dit il ne faut pas le sanctifier pour autant – simplement mieux vaut concentrer les critiques sur les domaines où l’on est en position de le faire. Je lui reproche pour ma part son aveuglement sur le 11 septembre, car entre tous il avait un certain pouvoir sur la gauche mondiale et s’il avait rejoint la contestation, celle ci aurait gagné beaucoup de souffle.
Enfin, mieux vaut tard que jamais… Encore qu’il lui reste de la route à faire. Que pense-t-il après « ils n’avaient pas de preuves » ?
@Fab
D’avoir un peu lu sur la classification de Chomsky, il ne me semble pas que son apport soit négligeable…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hi%C3%A9rarchie_de_Chomsky
Lisez Sharp, Blankfort, Zwicker. Chomsky ne fait ici, et tardivement, que tenter de racheter un tant soit peu de crédibilité parmi les « truthers ». Le timing (toujours trop tard) est un élément critique dans l’art de malmener l’opinion publique. Manier les grandes vérités pour mieux diriger les troupeaux vers des impasses.