La femme que la C.I.A n’a pas voulu entendre

En octobre 1997, l’analyste militaire Julie Sirrs qui travaille pour le compte de la Defense Intelligence Agency, (DIA),  effectue  son premier voyage à titre personnel en Afghanistan. Parlant couramment la langue et connaissant la culture du pays, elle se met sur la piste de ben Laden. Après avoir rencontré le chef de l’Alliance du Nord, AhmedShah Massoud, et après avoir vu un centre d’entrainement terroriste dans la partie du territoire contrôlé par les talibans, elle dira plus tard que "le régime brutal des talibans a été maintenu au pouvoir grâce à l’argent de ben Laden et au négoce des stupéfiants, tandis que la résistance de Massoud survivait à peine". Elle découvre aussi que le gouvernement US et la société Unocal misent sur la stabilité politique des talibans afin de réaliser un pipeline trans-Afghanistan (mai 1996).  Selon J. Sirrs, Massoud  détenait des preuves qu’Unocal avait financé les talibans pour prendre Kaboul. De retour aux USA, elle informe la CIA de ses découvertes. Mais le Renseignement n’est pas preneur. Julie Sirrs sera d’ailleurs arrêtée sous un faux prétexte afin de la dissuader d’ébruiter ce qu’elle sait.

Quelques années plus tard, l’avant-veille du 11-Septembre, Massoud sera assassiné puis le WTC s’effondrera. La journaliste et écrivain Gay Sheehy reprend l’important témoignage de Julie Sirrs dans cet article signé Morice qu’a publié Agoravox.

 

   

Le Commandant Massoud et ses hommes / Crédit : Hiromi Nagakura
 

Gail Sheehy est journaliste et écrivain américaine. Elle a contribué au Vanity Fair Magazine et a notamment écrit une biographie de Hillary Clinton. Dans son livre, Midletown, America paru en 2003, Gail Sheehy a partagé durant un an et demi la vie brisée des survivants du 11/9 dans une communauté du NewJesey, au sud de Manhattan. Elle a écouté les personnes qui ont échappé aux tours en feu, recueilli les propos des policiers, ceux  aussi de l’équipe de nuit à Ground Zero qui  a travaillé sur le site durant huit mois sans relâche, des professionnels de la santé mentale, des chefs d’entreprises, des éducateurs, des bénévoles… Tous, fortement traumatisés, doivent désormais se reconstruire. Avec l’intention de comprendre comment de tels événements ont pu se produire, Gail Sheehy relate aussi le parcours d’un membre de la D.I.A (le Renseignement de l’armée US) qui , en 1997 , avait mis ses pas dans ceux de ben Laden et ce, bien des années avant la catastrophe du 11-Septembre.
 
 

  

De Victor Jara à Guantanamo (56) : celle qui aurait pu empêcher le 11-Septembre

Par morice sur Agoravox le jeudi 4 novembre 2010

 

Et puis, au fil des recherches on finit par tomber sur une perle. Un livre, écrit par une journaliste, Gail Sheehyn paru il y a sept ans déjà, mais dont j’ignorais totalement l’existence. "Middeltown, America", qui nous parle d’un des quartiers de Manhattan parmi les plus touchés par les attentats du 11-Septembre. Mais ce livre ne parle pas que de ça. Il évoque aussi une histoire assez incroyable : celle d’une analyste militaire américaine qui s’est rendue en Afghanistan quatre années avant les attentats et qui est revenue avec des certitudes ; oui, Ben Laden état bien sur place, oui, il était aidé financièrement par les Saoudiens, oui, il soutenait les talibans, oui, il faisait du trafic de drogue avec les avions de la compagnie nationale afghane, et oui, les Américains le préféraient à Massoud, qu’ils n’aidaient qu’au compte-gouttes. Revenue aux Etats-Unis, elle fera part de ses craintes à plusieurs reprises, et annoncera même l’assassinat prévu de Massoud. Qui se produira, rappelons-le, l’avant-veille des attentats du 11-Septembre. Que fera-t-on de ses renseignements ? On les ignorera. Que fera-t-on d’elle? On l’accusera d’être une espionne ! Les Américains, en 1998, sont passés sciemment à côté de l’annonce de la catastrophe. De manière délibérée, on peut le dire aujourd’hui. Et cela, pas sous George W. Bush mais… sous Bill Clinton. Le 11-Septembre avait été programmé bien avant qu’on ne l’imagine. Le scénario avait été écrit bien avant. Le "New Pearl Harbor" devait se produire, inéluctablement. L’un de ceux qui avait écrit cet intitulé extrait du texte "The Defense Planning Guidance" de 1992, Paul Wolfowitz, était même venu à West Point en juin 2001 annoncer cyniquement "qu’un événement catastrophique et catalyseur comme un nouveau Pearl Harbor allait se produire"… si rien ne changeait. Trois mois plus tard, sa prophétie s’exerçait.

 Julie Sirrs, Analyste Militaire

Le cas de Julie Sirrs, que je découvre bien tardivement, à vrai dire est exemplaire, car il révèle clairement tout ce qui a pu mener au 11-Septembre. La dame n’avait pas vocation à tomber dans ce traquenard, mais c’est bien son intuition qui lui avait fait découvrir quelque chose qu’il fallait à tout prix cacher, ce qui a été fait sans ménagements avec elle. La dame travaille dans les années 90 dans les services de l’armée à la "Defense Intelligence Agency (DIA)" ; l’équivalent de la CIA dans l’armée, et effectue à sa seule demande un voyage en Afghanistan en 1997. Elle s’était prise de passion pour ce pays "étrange" aux yeux d’une Américaine dont le mari travaille aussi au même endroit, à la DIA : un couple d’espions, en quelque sorte. Lorsqu’elle sort diplômée de l’École de Georgetown of Foreign Service en 1992, elle avoue avoir déjà dévoré tous les livres de la bibliothèque sur le sujet. Elle a même commencé à apprendre le persan et le pachtoune ! Elle impressionne déjà, surtout. Son supérieur, J. Saunders, déclarera que "J’ai embauché beaucoup de personnes, mais je l’ai considérée comme l’un de nos collaborateurs les plus prometteurs." Lorsqu’elle est embauchée par la DIA en 1995, elle est très vite désireuse de se rendre sur place, avec un Ben Laden qui vient juste d’y être annoncé. C’est en effet à ce moment-là qu’il quitte le Soudan pour se réfugier en Afghanistan.

 Selon Sheehyn "En 1996, quand elle a appris que M. Ben Laden avait quitté le Soudan pour allé en Afghanistan, Mme Sirrs a pensé qu’elle a vu ses chances d’obtenir une affectation dans le pays qui l’avait intrigué pendant presque une décennie. Mais la seule visite officielle disponible pour un agent du gouvernement des États-Unis a été une journée en provenance du Pakistan". Sa demande officielle d’aller inspecter le pays ayant été refusée, c’est sur ses propres congés personnels qu’elle va prendre l’initiative de s’y rendre. La voilà débarquant à Kaboul, dissimulée sous une burka. Elle risque gros : la capitale vient de tomber aux mains des talibans, et sa première vision du pays est celle de trois corps noircis par le froid, pendus au bout d’une corde : des membres de la résistance afghane assassinés par les talibans.
 
Ce qu’elle part chercher, c’est une double confirmation : celle de la présence de Ben Laden, et celle de l’absence réelle de soutien américain au commandant Massoud, ce que l’étude préalable du dossier laissait augurer. Elle sait tout, déjà de Ben Laden. Qu’al-Zawahiri et lui sont partenaires dans une entreprise terroriste depuis 1993, lorsque Ben Laden et son mouvement Al-Qaïda a fusionné avec le mouvement jihadiste égyptien créé par l’ancien docteur. Un Djihad islamique égyptien, ayant pris part, on le sait dans l’incroyable assassinat du président égyptien Anouar al Sadate, mené par de véritables kamikazes qui avaient pris d’assaut sa tribune officielle en l’arrosant à la Kalachnikov (le 6 octobre 1981). C’est en novembre 1997, au moment où elle se rend sur place qu’al-Zawahiri et Ben Laden ont annoncé le lancement de leur campagne de terreur, en accusant les USA de tous les maux et de représailles. A la CIA, la " Alec Station", la brigade chargée de le surveiller met en marche ses alarmes. Mais le responsable, Scheuer ne s’entend avec personne, ni Richard Clarke, le conseiller de Clinton, ni le FBI et tout le monde s’en fiche. Toute la famille de Ben Laden aux USA dispose de passeports diplomatiques : elle est donc intouchable. En mai 1998, la cellule chargé de le surveiller est même…. supprimée ! En 1998 John Kiriakou, un agent de la CIA, interrogera Abu Zubaida et croira avoir fait une grosse prise. En fait, c’était un parfait lampiste (j’ai raconté sa lamentable histoire ici et , celle d’un "troisième" de la hiérarchie d’Al-Qaida si pratique pour ne pas parler des deux premiers !).
 
Un Ben Laden qui a déjà pourtant sévi à cette époque : avec les deux ambassades américaines en Afrique de l’Est qui ont été la cible d’attentats à la bombe de type sophistiquée qui ont tué 259 personnes et en ont blessé 5 000. A ce moment-là aussi, George Tenet, le directeur de la CIA avait clamé que la priorité absolue de son agence,était désormais Ben Laden et sa capture, mais il n’avait pas été suivi par l’exécutif. Bill Clinton est alors embourbé dans le scandale Monica Lewinsky, et tente de trouver des dérivatifs médiatiques pour s’en dépêtrer. C’est ainsi qu’il va demander des bombardements par missiles de croisière sur des camps de Ben Laden, dont le plus connu, celui de Tarnak, et celui sur une usine chimique de Khartoum, Al-Shifa, prétendument présentée comme fabriquant des bombes et en fait fabricant des médicaments anti-malaria et des produits vétérinaires. Le New York Times n’hésitera pas à parler de faux renseignements de la CIA pour Al-Shifa, ayant berné Clinton : "Maintenant, les analystes ont renouvelé leurs doutes et dit à la Secrétaire d’Etat adjoint Phyllis Oakley que le la preuve de la CIA sur l’attentat était insuffisante (la CIA prétendait que dans les bombes de 1996 il y avait de l’ EMPTA, ou "O-Ethyl methylphosphonothioic acid" produit par l’usine chimique). Mme Oakley leur a demandé de contre-vérifier, peut-être qu’il y avait une autre source qu’ils n’avaient pas encore vue. La réponse arriva rapidement : il n’y avait pas de preuves supplémentaires. Mme Oakley a alors convoqué une réunion des principaux collaborateurs et un consensus émergé : contrairement à ce que l’Administration avait dit, le cas de lier Al Shifa à M. ben Laden ou à des armes chimiques était faible."
 
 
 
 
Ben Laden s’était réfugié à la Tarnak Farm car les troupes de l’alliance du Nord marchaient sur son fief de Jalalabad. C’est à ce moment-là qu’un drone le photographiera… et les Américains rateront la première occasion de s’en débarrasser : mais à ce moment-là aussi, à vrai dire, les drones tout neufs n’étaient pas encore armés ; ils ne pouvaient que renvoyer des images vidéos. En tout cas, Ben Laden, l’homme en blanc, semblait bien y être et diriger des foules. Mais pourquoi ne pas avoir réussi à l’attraper sur place ? La vidéo du drone Predator le montrait clairement, pourtant, au milieu de la Tarnak Farm ! Et tout le monde, à cette époque, se doutait bien que ses bombardements ne visaient rien de stratégique et n’avaient aucun intérêt : mais que n’aurait pas fait Bill-le-menteur pour tenter de retourner l’opinion publique outrée par ses frasques sexuelles ?
 
Et elle va y trouver quoi, en Afghanistan, notre espionne à temps plein, y compris durant ses congés ? Le pot aux roses, tout simplement. Elle va y découvrir un Ben Laden soutenu à la fois par l’argent de l’Arabie Saoudite et un Massoud qui fait ce qu’il peut avec ce qu’on lui donne. Et bien d’autres choses encore. "Le régime brutal des talibans était maintenu au pouvoir de manière significative par l’argent de Ben Laden, plus le trafic de stupéfiants, tandis que la résistance de Massoud survivait avec un budget restreint. Avec un peu d’aide à la résistance afghane, nous pourrions avoir poussé les talibans du pouvoir," affirme-t-elle." Mais il y avait beaucoup de réticence par le Département d’Etat et la CIA d’entreprendre cela". Les USA préféraient les talibans ? Julie Sirrs avait mis le nez là où il ne fallait pas. En accusant Ben Laden de trafic de drogue, ce qui était couru depuis des années, mais surtout en ayant trouvé avec quelle méthode… Ce qu’elle avait découvert était bien trop sulfureux. Car pour faire circuler la drogue, Ben Laden utilisait des avions bleu et blancs bien connus…
 
"Avec la bénédiction des talibans, Ben Laden avait effectivement détourné Ariana, la compagnie aérienne nationale civile afghane. Pendant quatre ans, selon l’ancien aide aux États-Unis des responsables afghans exilés, des avions d’Ariana ont fait des vols de convoyage des militants islamistes, des armes, de trésorerie et de l’opium par les Émirats arabes unis et le Pakistan. Les membres du réseau terroriste Al-Qaïda de Ben Laden ont fourni de fausses identifications pour Ariana qui leur a donné libre accès à des aéroports au Moyen-Orient". Les avions d’Ariana ? Mais nous les avions vus et retrouvés ailleurs, en train de se faire retaper et repeindre… à la Mena, au beau milieu de l’Arkansas, le fief de… Bill Clinton !
 
Les B-727 de Ben Laden étaient retapés et repeints à la Mena, le haut lieu de la circulation des armes et de la drogue sud-américaine pendant des années. Les mêmes que l’on voyait atterrir à Kaboul quelques semaines après. Les avions d’Ariana étaient préparés par Dodson International Parts Inc… or la société avait des liens plus que douteux. C’est elle qui avait "refurbishé" un Boeing 727-100 N4610 hors d’âge…. qui avait été commandé par Robert Mugabe. L’appareil, repeint entièrement en blanc, aura une histoire assez calamiteuse ; en mars 2004, il sera saisi au Congo avec à bord 64 mercenaires à bord et des équipements divers. Sa vente s’était faite via une société-écran intermédiaire appelée "Logo Logistics Co", censée détenir une mine de diamants d’Afrique du Sud… Parmi les intermédiaires qui sont intervenus dans la vente, on trouvera le fils de Margaret Thatcher, vendeur d’armes connu. Sur le site de Dodson, un 727 le N191RD d’Ariana Afghan Airlines était encore à vendre en 2009….il portait avant le N° YA-FAX, c’est en fait un ancien Air France F-GCDI… En fait, la société Dodson était davantage impliquée dans la circulation de la drogue que cela.
 
 
 
En décembre 2008, en effet, un avion allait rappeler cette filiation, et renvoyer à d’autres affaires de transport de cocaïne en très importantes quantités :"un Cessna bimoteur venant du Panama était saisi à Carepa, en Colombie, avec à son bord 850 kg de cocaïne, prêt à décoller pour le Mexique et ensuite la Floride. Le numéro de queue de l’appareil N811PW, spécifiait un enregistrement en République Dominicaine. Or son propriétaire était Roberto Gomez, de Floride. Il avait acheté son appareil d’occasion à une firme du Kansas, Dodson International Parts Inc… et avait réussi à le revendre à des Vénézueliens, le jour qui précédait la saisie… le même schéma déjà joué par les avions précédents, le DC-9 de Royal Sons ou le Gulf stream coupé en deux de Clyde O’Connor and Greg Smith, qui l’avaient acheté la semaine d’avant…" une histoire aussi déjà racontée ici dès 2008.
 
J’avais déjà retrouvé toute la filière en septembre 2009 : "il y a près de trente ans déjà, un homme,Tosh Plumlee, utilisait déjà le petit aéroport de la Mena comme pilote de la CIA pour un trafic de drogue ayant pour enjeu les Contras et l’Iran. Et sous Clinton encore. Ou l’on retrouvait l’inoxydable Barry Seal…. Il en avait averti à l’époque, en 1991, le sénateur John Kerry… En 2003, à une station de radio, il avait réitéré ses accusations. Notamment celle de citer l’île de Curacao comme étant le fief du trafic en provenance et vers le Venezuela. Une photo retrouvée sur le Net montrait le Cessna N811PW sur la base de Curacao, preuve de l’implication de la CIA dans le trafic colombien…. et de la mise en place de "l’opération tenaille"… visant clairement Chavez au Vénézuela !".
 
Bref, Julie Sirrs, en 1997, avait mis le nez où il ne fallait surtout pas le mettre. Elle avait découvert que les avions d’Ariana n’étaient que des couvertures impliquant un vaste trafic de drogue en Afghanistan, mêlant cocaïne colombienne et opium afghan, où Ben Laden avait un rôle majeur… et la CIA également. On comprenait clairement les réticences de ses services a l’envoyer voir là-bas ce qui s’y passait. Tout aussi grave encore : lors de sa rencontre avec Massoud, celui-ci lui avait fait des confidences. Il ne sentait pas assez soutenu par les Américains, qui, selon lui, avaient déjà choisi un autre camp : celui des talibans. Et la raison qu’il lui a donnée est très claire : selon lui c’est le pétrolier Unocal qui bloquait tout, car il avait déjà résolu de s’appuyer sur les talibans pour permettre la construction d’un pipeline trans-afghan, les Américains ayant alors défini que le régime des talibans était plus "stable". Elle affirmait alors, "que Massoud lui avait dit qu’il avait la preuve qu’Unocal avait fourni des fonds qui ont contribué à ce que les talibans prennent Kaboul. "Elle déclarait aussi : "L’État et les Ministères ne voulaient pas avoir quelque chose à voir avec la résistance afghane, ou même, politiquement, ne révéleraient pas qu’ils tablaient sur une option plus viable avec les talibans." Elle reviendra aussi avec la certitude que Massoud, qui avait tout compris, se ferait tôt ou tard assassiner. Têtue, elle retournera en octobre 1998, par un avion d’ Ouzbekistan Airways cette fois.
 
 
Ce qu’elle avait aussi constaté, lors de ces deux voyages successifs, c’est que les "autorités Talibanes avaient également ouvert les pistes d’atterrissage du pays à des hauts fonctionnaires d’Etats du Golfe Persique qui venaient pour des parties de chasse somptueuses. Parfois rejoints par Ben Laden et les des dignitaires talibans, parmi lesquels figuraient plusieurs fonctionnaires de haut rang de l’Arabie saoudite et des Emirats, avec de l’argent, des véhicules et l’équipement avec leurs hôtes, selon les comptes américains et afghans". Des vols dans d’étranges avions détournés, parfois. "En octobre 1996, un mois après la Conférence islamique des militants talibans ait pris le contrôle de l’Afghanistan, les responsables d’Ariana dans la capitale, Kaboul, s’alarmaient d’un avion-cargo Boeing 727 disparu. Le jet avait été affrété pour un voyage aller-retour de Jalalabad à Khartoum par deux diplomates soudanais. Il devait se rendre aux Emirats Arabes Unis, puis à Khartoum en transportant un chargement de fruits et de tapis. Il était de retour quelques jours plus tard avec une cargaison humanitaire de nourriture et de médicaments. Il avait fallu une semaine avant le retour du 727. Les pilotes ont alors raconté une drôle d’histoire. A Khartoum, l’équipage a attendu trois jours dans un hôtel jusqu’à ce que les autorités soudanaises prennent en charge l’avion. De retour à l’aéroport, ils ont été stupéfaits de ne trouver aucune cargaison, mais 90 passagers en attente d’embarquement. Les Soudanais avaient installé 100 sièges dans le 727, puis parqué les passagers à bord – les femmes voilées en burka, les hommes en robes du désert, les enfants tout excités. Aucun document de vol n’a été vérifié. En atterrissant à Jalalabad, juste après minuit, les passagers ont été accueillis par un convoi de jeeps poussiéreux, des fourgonnettes et des camions. Beaucoup à bord portaient des armes. En quelques minutes, les passagers se sont entassés dans les véhicules, puis ont disparu dans la nuit du désert. Selon l’équipage, les passagers arabes et afghans travaillaient pour Ben Laden. La facilité avec laquelle Ben Laden avait utilisé le 727 a été rapidement répliqué sur une base quotidienne. Ben Laden et ses hôtes talibans avaient réquisitionné la société nationale vieille de 35 ans pour en faire leur service charter privé" notent Stephen Braun et Judy Pasternak, dans le Los Angeles Times du 18 novembre 2001. 
 
Notre espionne de vacances, elle, note autre aussi chose : "les avions revenaient des Emirats  (de Sharjah) chargés d’armes", a déclaré Julie Sirrs, une spécialiste de l’Afghanistan à la US Defense Intelligence Agency au moment de l’administration Clinton." C’était surtout des armes soviétiques, des armes légères – des Kalachnikovs (fusils) et des RPG-7s (des lance-roquettes antichars tirés à l’épaule)". Bref elle a constaté de visu deux choses : les avions d’Ariana transportaient bien drogue et armes. Les avions d’Ariana, puis ceux de Viktor Bout, tel le fameux l’Ill-76TD RA-76842, connu à Ostende sous le nom d’Airstan Heavy Lift. L’appareil à été contraint en 1995 de se poser à Kaboul par un Mig 21 taliban, et son équipage ne sera libéré qu’après un accord passé entre Bout et les talibans pour livrer des armes. L’appareil fréquentera en même temps les bases allemandes ou roumaines, et fournira régulièrement les talibans… et les Américains. En même temps. Le plus souvent en arborant un superbe logo de l’ONU comme aide humanitaire !
 
 
 
Les venues personnelles de Ben Laden, elles, ne se faisaient pas via Ariana, mais dans son jet privé, un T-39A Sabreliner de chez North American Rockwell sorti tout droit de l’US Air Force, acheté à… l’armée US comme surplus et transformé en appareil privé par une entreprise privée, mais sur une base utilisée également par l’armée américaine (et ici devenu cargo privé *). L’avion avait été acheté à un broker du sud de la Californie par Essam al Ridi, qui s’était présenté avec un uniforme de pilote de Northwest Airlink. "Lors de la rénovation de l’avion d’Air Force, Ben Laden et Al-Qaïda ont facilement contourné les règles régissant la vente des avions aux États-Unis. Le jet de Ben Laden, révisé à l’aéroport de Van Nuys, en 1992, a été plus tard utilisé pour transporter les commandants d’Afrique de l’est d’al-Qaïda, où ils ont formé des tribus somaliennes pour des attaques sur les Etats-Unis et les forces de paix. Plus tard, il s’est écrasé sur une piste au Soudan. L’achat secret de Ben Laden a été réalisé grâce à un gouvernement laxiste sur la surveillance et l’aide involontaire des Américains qui ont aidé à déguiser l’avion comme un jet civil" notent encore Stephen Braun et Judy Pasternak. L’histoire était simple : c’est le musée de l’U.S. Air Force à Wright-Patterson Air Force Base à Fairborne dans l’Ohio qui s’était retrouvé avec 6 appareils sur les bras avec leur retrait du service. Le musée cherche alors un rare DH-89A "Dragon Rapide" de Havilland. Or le 12 janvier 1990 le courtier en aviation Ascher Ward reçoit une offre de vente pour cet appareil mythique qu’il échange aussitôt avec le musée contre la vente des 6 surplus (le musée déclare "obtenu en 1989"). Le porte-parole du musée, Christopher McGee affirmera que la transaction a bien été autorisée par un secrétaire adjoint de la Force aérienne US. Essam al Ridi affirmera avoir payé l’appareil 210.000 dollars (et le courtier beaucoup moins !). Aux Etats-Unis, on peut acheter des surplus militaires et en faire des avions civils à condition qu’ils portent le label "expérimental", ce que portera l’appareil. La FAA lui accordera une licence de vol sans aucun problème. L’appareil sera aperçu par un "spotter" à Lutton en Angleterre le 16 janvier 1993. L’appareil s’était envolé de Fort Worth, bastion des opérations secrètes US, jusque Sault Ste Marie et Frobisher Bay au Canada puis en Islande, vers l’Angleterre, Rome et Le Caire avant d’atterrir à Khartoum. Il n’y fera que trois vols, en 1995, Essam al Ridi, lors d’un test de moteurs, le
plantant irrémédiablement dans une dune.
 
Après une courte présence de deux semaines, fin 1998 elle rentrait aux Etats-Unis avec ce trésor de renseignements, des cartes, des photos et des enregistrements, et pas mal de doutes sur ce que faisaient réellement les Etats-Unis là-bas, d’après ce qu’elle a pu voir des liens de Ben Laden et du rôle de la CIA. A son retour, elle constate en effet ses liens, que lui confirme la commission du Congrès. Elle en aura confirmation en 2001 : "la commission sait déjà que l’administration Bush a commencé à négocier avec les talibans peu de temps après la prise du pouvoir en janvier 2001. Les talibans ont même embauché Laila Helms, une nièce de l’ancien directeur de la C.I.A. Richard Helms, comme relations publiques à Washington. La dernière réunion entre les représentants des États-Unis et les talibans en Afghanistan a eu lieu cinq semaines avant le 11-Septembre". Bush avait vraiment choisi le camp des talibans. Et donc aussi celui de… Ben Laden ! Bref, Massoud n’en a plus pour longtemps se dit-elle. Entre temps, elle n’a pas eu le temps d’être tentée d’aller y témoigner à cette commission : à peine rentrée d’Afghanistan, elle avait été emprisonnée au prétexte d’espionnage contre les Etats-Unis : un comble. Choquée, elle ne s’en remettra jamais, même quand elle sera totalement blanchie après quelques mois plus tard : on a certainement cherché à l’intimider pour qu’elle n’évoque pas ce qu’elle avait ou voir !
 
On lui fera passer un test polygraphique de cinq heures (celui dit du "détecteur de mensonges"). Son mari, membre aussi de la un D.I.A, demandera de passer le même : ils le réussiront tous les deux : ni l’un ni l’autre ne mentaient. Ce qu’elle avait a dire n’était pas à faire savoir, tout simplement. Elle avait tout découvert, notamment la collusion Ben-Laden CIA, trois ans avant les attentats, qui ont bien nécessité trois ans de préparations. Le 9 septembre 2001, Massoud est exécuté par des envoyés de Ben Laden : ou plutôt par des envoyés de la CIA, devrait-on dire. Massoud, soupçonné lui aussi d’en être (selon Gary Schroen de la CIA à Islamabad, Massoud aurait reçu avec son frère 1/2 millions de dollars de la CIA pour renverser Al-Qaida, aurait empoché l’argent… et ne l’aurait pas fait ; ce qui donne une explication aussi à son élimination !). Juste auparavant, le président Bush venait d’ordonner de "traquer" Ben Laden, encore totalement inconnu du grand public US. Deux jours après, les deux tours s’effondrent et un coupable tout trouvé est balancé le jour même avant la fin de l’horrible journée. C’est Ben Laden, bien sûr, qu’on aurait pu arrêter depuis trois ans grâce à Julie Sirrs, rendue coupable d’avoir trop bien fait son métier.
 
Retrouvée et interviewée le 18 février 2002 par ABC News, sept mois après les attentats, sur le programme matinal "Good Morning America" elle ne dira strictement rien : elle avait bien trop peur, semble-t-il, et elle montrait surtout qu’elle devait se douter de tout, et savait que ça se terminerait ainsi. Julie Sirrs est une des clés fondamentales du 11-Septembre. Sa frustration de 1999 quand elle avait démissionné, écœurée de ne pas avoir été entendue, était devenue horreur véritable. Si on l’avait écoutée, le 11-Septembre ne se serait pas produit, c’est une évidence. Ne reste plus à savoir maintenant pourquoi on a laissé faire, et qui a laissé faire. Les mêmes qui font circuler la drogue, les mêmes qui vendent les armes pour entretenir les guerres et non les arrêter, pour s’enrichir personnellement avant tout. Les mêmes qui l’avaient annoncé trois mois avant. Vous savez qui, inutile maintenant de vous faire un dessin.

(*) les suédois en ayant eu un autre et surprenant usage…. (visible ici).
 
 
 
 
 


Autres documents photos joints à cet article par Agoravox

           

 

En lien avec l’article

ReOpenNews :

  •  Profile : Julie Sirrs / Historycommons.org
  • Un ancien officier du Pentagone dévoile le rôle clé de Zelikow dans le camouflage de la vérité du 11/9 /  le 16.10.2010 par Maidhc Ó Cathail / AlterInfo
  • Aymeric Chauprade : l’héritage géopolitique de l’Afghanistan / le 13.07.2010 / realpolitik.tv.
  •  L’Afghanistan assis sur mille milliards de dollars de minerais / AFP | 14 juin 2010 | repris par Boursorama
  • Pétrole et 11 septembre 2001/ 8 avril 2008 par  Hocine Malti / Algeria-Watch

 


 

8 Responses to “La femme que la C.I.A n’a pas voulu entendre”

  • netobs2010

    http://www.tomflocco.com/Docs/399/UddayPutin.htm

    pourquoi ? Cette lettre ou ce memo envoyé par le fils de saddam hussein a vladimir putin n’a jamais eté traduit et pourtant il est clair que c’est la reponse sur l’imbroglio du 11/09/2001 .

    il y a aussi ( la donne) de l’agent navy de l’us delmart vreeland navy dont cette lettre parle son nom de code est (wild card )) il etait en possession des infos sur les preparation du 11/09 cette lettre le confirme

    surtout qu’il y manipullations des agents de ben laden lorsque udey parlent d’eux en ces termes ( nous avonc envoyés nos  »(( BROTHER IN FAITH) traduction ( nos frere en religion ) et la manipullation comme quoi il parle d’annulation d’une cible en l’occurence la centrale nucleaire de tree miles island comme prévu lors des stages des kamikazes …)
    cette information est sur le net depuis 2006 le monde francophone est isolé et desinformé.
    .jusqu’a quand ?
    ceci est un test pour voir de quoi sont capâble les reopen 911 . est ce que c’est un site bidon ou bien cherche T’ IL vraiment a faire des investigations si compliqués soient elles . a vous de publier et de prendre la peine de traduire ce texte de l’anglais au français et de le diffuser .
    si mon texte n’est pas publié j’en tirerais les conclusions suivante reopen9/11 est un site …comme il y en a des milliers depuis le 11/09 /2001au service de ceux qui ont monté le coup du 11/09

    http://keld.newsvine.com/_news/2006/09/27/377232-a-memo-from-uday-hussein-to-president-putin-forecasting-the-911-

  • popo

    @netobs
    être indigné, c’est une chose. demander à publier un doc sorti de nulle part avec un genre de chantage en est une autre… Ca n’engage que moi et je suis exterieur à l’association, mais franchement ton document, il sort d’où ? Le deuxieme lien ne fonctionne pas…

    La France dont tu parles, c’est toi, moi etc… eh oui, les médias racontent n’importe quoi. A présent, les citoyens doivent reprendre les choses en main. Donc bienvenue, et plutot que d’insinuer n’importe quoi sur Reopen911 qui fait un sacré travail, n’hésites pas à contribuer à ta façon. Tu peux aller sur le forum et lancer un débat autour d’un sujet. Tu peux aussi faire des traductions etc… y’a du boulot !

  • morice

    « si mon texte n’est pas publié j’en tirerais les conclusions suivante reopen9/11 est un site …comme il y en a des milliers depuis le 11/09 /2001au service de ceux qui ont monté le coup »

    c’est un CHANTAGE pur et simple, et en tant que tel n’a rien à faire ici.

  • roblin
  • roblin

    Au sujet du site qui conteste

    Voilà la réponse:

     »
    *** Réponse automatique ***

    N’assurant plus le développement de ce site, merci de vous tourner vers
    des collègues qui pourront répondre à toutes vos questions d’ordre technique.

    http://www.augc.asso.fr/

    Cordialement

    JQ

    *** Réponse automatique ***

  • pour résumer le texte de netOps2010 (blackOps2010 devrait-on dire) dont il est fait mention, c’est en gros « l’irak a participé à la planification du 11/9 et prévient la Russie de son imminence pour en tirer profit »
    vaut mieux relire l’article ci dessus c’est plus crédible.

  • morice

    le « roblin »
    c’est bien celui qui se cache derrière bubul01 chez Agoravox TV ???

    car chez alice miller on n’apprécie que mollement, le « roblin »…

    c’est quoi ce paravent de « roblin » ???

  • netobs2010

    loin de moi l’idée de chantage j’ai précisé TEST .

    EN PLUS J’estime qu ‘ici j’ai appris beaucoup de choses sur reopen911 surtout les traductions en FRANçAIS des documentaires vidéo sur les explications faites par les ingénieurs architectes
    et bien d’autres indices .
    j’estime qu’ une information pareille concernant delmart vreeland et cette lettre a toute les raisons d’étre traduite .

    reopen 9/11 cite cette info ici dans ce lien http://www.reopen911.info/News/2008/11/20/delmart-vreeland-lhomme-qui-en-savait-trop-sur-le-11-septembre/

    parle de ce monsieur et ce monsieur delmart vreelan existe bel et bien c’est pas un fantome . sans l’existence de ce personnage cette lettre ne vaut rien ok et ce n’est pas le cas .

    http://www.reopen911.info/News/2008/11/20/delmart-vreeland-lhomme-qui-en-savait-trop-sur-le-11-septembre/

    cette lettre a été intercepté par delmart vreeland

    je ne la sors pas désolé

    c’est des investigateurs americain qui ont déclenché cette alerte a propos de delmart vreeland alias ( nom de code WILD CARD .

    SOURCE

    http://www.tomflocco.com

    http://www.tomflocco.com/Docs/399/UddayPutin.htm/Docs/399/UddayPutin.htm

    quant aux site bidon qui parlent du 11/09 il y en a tellement depuis le 11/09 il y en a qui te filent une info juste et te fillent des dizaines ridicule extra terrestre etc qui te font passer pour un ignare ou victime de la théorie du complot

    le 2ieme lien fonctionne

    http://keld.newsvine.com/_news/2006/09/27/377232-a-memo-from-uday-hussein-to-president-putin-forecasting-the-911-attacks

    en voila le contenu

    News Type: Other — Wed Sep 27, 2006 3:24 PM EDT
    politics, 9-11, vladimir-putin, putin, letter, memo, uday-hussein
    By Keld Bach

    Uday Saddam Hussein al-Tikriti (unknown source)
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    Were Russia and Iraq behind the terrorist attacks in the US on September 11th? Here is a secret letter from Uday Hussein to Russian president Putin, dated June 9th, 2000, in which Hussein wrote that « the initial strike or attack will be started at the World Trade Center on 9-11-2001 by our brothers in faith ».

    The message was found by a US Office of Naval intelligence operative assigned as a courier after performing certain operations in Moscow, in a diplomatic bag which he opened, thus committing treason against the United States. He informed the Canadian authorities about the ‘smoking gun’ message in August 2001.

    Does that letter explain why Osama bin Laden was never wanted or charged with these crimes by the FBI?

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