Lanceurs d’alertes : Julian Assange et Kurt Sonnenfeld « wanted »
Le Monde.fr, reprenant l’article du Daily Beast, revenait le 11 août dernier sur Julian Assange, co-fondateur du site Web Wikileaks. Ce site, dédié à la diffusion publique de documents confidentiels, s’est largement fait connaitre pour avoir répercuté sur le web une vidéo signalée par Bradley Manning (qui risque pour cela 52 ans de prison), montrant des journalistes et des civils afghans assassinés en direct par des soldats américains. Un "vrai crime de guerre". Pour avoir diffusé cette vidéo et 91 000 documents, l’Australien Julian Assange, outre le fait qu’il soit désormais traqué par trois pays membres de l’OTAN, est également poursuivi par la justice du pays dans lequel il souhaitait s’installer, la Suède, pour "contrainte et agression sexuelle."
Sa situation de "whistleblower" (lanceur d’alerte) pris dans le collimateur de la justice américaine pour un tout autre motif, grave, et pourtant non fondé [voir plus bas], n’est pas sans rappeler le traitement subi par le cameraman américain Kurt Sonnenfeld dont les 22 heures de vidéo tournée à Ground Zero juste après les attentats sont convoitées par le gouvernement US. Réfugié en Argentine, accusé du meurtre de sa première femme, il est menacé d’extradition vers les Etats-Unis pour y être jugé. Une technique de diffamation lancée par les hautes instances pour faire taire les porte-voix qui doutent ou dénoncent, preuves à l’appui, la version officielle sur le 11-Septembre ? Voici à quel genre de pression chacun d’eux se trouve actuellement confronté.
Julian Assange / Photo Reuter Kurt Sonnenfeld
Julian Assange
Les Etats-Unis demandent à leurs alliés de les aider à stopper WikiLeaks
The Daily Beasty révèle que les Etats-Unis ont demandé à la Grande-Bretagne, à l’Allemagne et à l’Australie d’ouvrir des enquêtes contre Julian Assange, le cofondateur et porte-parole de WikiLeaks, le site Internet spécialisé dans la publication de documents confidentiels, qui a publié plusieurs dizaines de milliers de rapports de l’armée américaine en Afghanistan.
La justice américaine a ouvert une enquête et souhaite que les autres gouvernements faisant partie de la coalition en Afghanistan fassent de même. L’administration Obama considère que les révélations de WikiLeaks ont mis en danger l’ensemble des soldats présents en Afghanistan, américains comme alliés.
La video Wikileaks qui dérange
Irak: 2 hélicos US tirent sur des civils et des enfants
envoyé par ReOpen911. – Regardez les dernières vidéos d’actu.
Une unité de GI’s en Humvees (dont l’un roulera sur un corps au passage) accompagnée par un blindé Bradley est sur les lieux après le tir d’obus de 30mm et de 3 missiles Hellfire. En face: quelques tirs disséminés d’armes légères dans le voisinage selon les échanges radio pas d’AK47 ni de RPG (le lance-roquette était en fait le téléobjectif du photographe )
WikiLeaks : Julian Assange, accusé de viol, dénonce un coup monté et une enquête biaisée
Par AFP du / repris le 08/10/10 par L’express.fr
"Je pense qu’il serait bon pour Wikileaks qu’il y ait un autre porte-parole ou même plusieurs porte-parole", a déclaré à l’AFP Birgitta Jonsdottir, qui a récemment participé avec Wikileaks à une initiative destinée à faire de l’Islande un refuge pour les journalistes et leurs sources.
La députée de 43 ans a néanmoins souligné lui apporter "son soutien dans tous les autres rôles qu’il joue au sein de Wikileaks"
"Ces accusations sont infondées. Et le processus par lequel elles ont été faites est troublant", a dénoncé M. Assange qui a contacté l’AFP par téléphone.
"La totalité de cette enquête pour viol a été menée sans ma contribution. Personne ne m’a interrogé sur cette affaire de viol. La police refuse de dire s’il y a un mandat d’arrêt contre moi ou non. J’ai tout appris par la presse. Cela dure depuis deux semaines maintenant", a-t-il objecté.
Lors de dépositions faites à la police suédoise le 20 août au soir, deux femmes ont accusé M. Assange, l’une de viol et l’autre d’agression sexuelle. L’enquête a été marquée par plusieurs revirements de la part de différents procureurs, d’abord fermée puis rouverte la semaine dernière.
Image vidéo de la procureur en chef Marianne Ny, le 1er septembre
Interrogé par l’AFP, Julian Assange a reconnu avoir côtoyé ces deux femmes au moins une fois lors d’une conférence de presse, mais a refusé de dire s’il avait eu des rapports intimes avec elles, soulignant qu’il s’agissait d’"une affaire privée".
"C’est clairement un coup monté des personnes impliquées, les plaignantes et possiblement Expressen", le tabloïde qui a révélé l’affaire dès son édition du 21 août, a-t-il affirmé.
"A différents stades de cette affaire, il y a eu des vendettas personnelles, il y a de l’idéologie, il y a le carriérisme de la procureur en chef (Mme Marianne Ny) de la plus dégoûtante des sortes".
Julian Assange, un Australien de 39 ans au parcours mystérieux qui a fondé WikiLeaks en 2006, s’est montré plus prudent sur d’autres éventuelles implications.
Les services secrets américains "sont probablement très heureux désormais". Mais mentionner leur implication ou celle des services suédois "n’est que de la spéculation", a dit M. Assange.
Cependant, il y a selon lui "des indices qu’il y a eu une implication politique, même s’il n’y a pas de preuves claires".
"Le mois dernier, les services de renseignement suédois ont été approchés par les Etats-Unis pour leur dire que la Suède ne devait pas être un havre pour WikiLeaks", dit M. Assange à l’AFP, affirmant disposer de "deux sources sûres" au sein de services secrets.
Le fondateur de WikiLeaks a dénoncé les torts que cette affaire cause à son organisation, qui s’apprête à publier 15.000 documents militaires confidentiels sur l’Afghanistan, après avoir déclenché une tempête médiatique et provoqué la fureur du Pentagone en publiant un premier paquet de 77.000 documents secrets en juillet.
M. Assange n’a pas voulu donner de date sur la publication des 15.000 documents restants sur l’Afghanistan, prévue initialement en septembre.
"L’affaire suédoise a entraîné des retards dans tous nos projets, des retards notables. Cela a été une interruption énorme", selon Julian Assange.
Mais il ne compte pas s’arrêter là: "nous prévoyons de nouvelles publications concernant la fraude financière, le secteur bancaire et les crimes de guerre", a-t-il dit.
Le fondateur de Wikileaks a également critiqué l’atteinte à son honneur, qui l’a poussé à réduire au strict minimum son rôle de porte-parole de Wikileaks.
"A l’heure actuelle, l’affaire est évoquée sur six millions de pages web. Et dans une page web sur vingt où figure le mot viol, mon nom figure également", a-t-il dénoncé.
Kurt Sonnenfeld
Reportage de Press TV du 27 août 2010 / Kurt Sonnenfeld, ancien vidéaste de la FEMA, s’exprime sur les tentatives d’extradition du gouvernement US
11 Septembre: Les images qui dérangent les autorités U.S.
envoyé par ReOpen911. – L’info video en direct.
Neuf ans après le 11-Septembre
Kurt Sonnenfeld : Un témoin de la persécution
par Voltairenet.org / le 10 septembre 2010
Le cas de Kurt Sonnenfeld est remarquable pour au moins deux raisons. Il est en possession d’une documentation officielle qui contredit le rapport du gouvernement U.S. sur les événements du 11-Septembre. C’est un citoyen américain très en vue, contraint de demander le statut de réfugié en raison de la persécution acharnée dont il fait l’objet de la part de son gouvernement. Le lien entre ces deux faits n’a rien d’une simple coïncidence. Voici le deuxième entretien exclusif avec Kurt Sonnenfeld réalisé à Buenos Aires par le Réseau Voltaire.
Kurt Sonnenfeld / FEMA
10 Septembre 2010, de Buenos Aires (Argentine)
Ancien haut fonctionnaire de la FEMA, Kurt Sonnenfeld est arrivé il y a sept ans à Buenos Aires, en Argentine, avec un billet retour dans sa poche. Tout ce qu’il voulait, c’était un moment de répit suite à l’ineffable injustice et au harcèlement croissant dont il était victime aux Etats-Unis. Il espérait qu’à son retour ses ennuis auraient pris fin.
Le vidéaste avait mis dans sa valise les images brutes qu’il avait filmées lors de sa mission officielle de cinq semaines à Ground Zero, ayant eu un accès illimité à la scène du crime. En raison d’épreuves émotionnelles et matérielles qui débutèrent peu après les événements du 11/9, Sonnenfeld n’a jamais restitué les bandes.
Pour le gouvernement des États-Unis, Kurt Sonnenfeld est un témoin gênant à la dérive, dont les preuves documentées peuvent mettre à mal son frauduleux rapport sur ces attentats. Ce qui le place dans une position singulière, mais extrêmement vulnérable.
La détermination de Washington à faire tout ce qu’il faut pour récupérer le matériel de Sonnenfeld et pour le réduire au silence a fait de lui le réfugié qu’il n’avait jamais eu l’intention de devenir. Seule la lecture de son livre "El Perseguido" (Le persécuté) permet d’évaluer pleinement l’enfer que son gouvernement a fait subir à Kurt Sonnenfeld avant qu’il ne quitte les USA.
Kurt Sonnenfeld et Paula, Buenos Aires
Le Réseau Voltaire avait interviewé Kurt Sonnenfeld pour la première fois en juin 2009, lors de la parution de son livre, et après la décision des autorités judiciaires argentines de refuser à deux reprises les demandes d’extradition présentées par les États-Unis sous des prétextes spécieux. Malheureusement, ce chapitre est loin d’être clos.
Peu de temps avant le neuvième anniversaire du 11-Septembre, le Réseau Voltaire a rendu visite à Kurt Sonnenfeld à Buenos Aires où il vit toujours avec sa femme argentine, Paula, et leurs deux filles jumelles Natasha et Scarlett, tout en sachant qu’il ne reviendra jamais aux États-Unis.
En répondant à nos questions, il nous a informés des récents événements qui le menacent toujours, lui et sa famille, malgré la protection de la police qui veille devant leur porte jour et nuit.
INTERVIEW
Réseau Voltaire : Au moment de notre premier entretien, vous vous sentiez encore, comme l’indique le titre de votre livre, «persécuté». Comment qualifieriez-vous votre situation aujourd’hui ?
Kurt Sonnenfeld : À certains égards, elle s’est améliorée, car la nouvelle de cette injustice se répand, et notre base de soutien augmente à travers le monde. À d’autres égards cependant, notre situation s’est aggravée en raison de l’actuelle campagne de "sales coups" entreprise par les autorités américaines.
Des documents frauduleux ont été communiqués aux tribunaux, le plus souvent de manière illégale – ou, au mieux, en dehors du protocole. Cela s’est produit tout récemment encore lorsque Interpol Washington a fait une intervention secrète et anticonstitutionnelle. De plus, nous avons été suivis, notre courrier a été ouvert, notre site a été piraté, et même nos ordures ont été volées. Il y a quelque temps, une station de radio ici – connue pour ses liens étroits avec l’ambassade des États-Unis – a publié un rapport complètement faux disant qu’il y avait ordre de me capturer. Il y a quelques semaines à peine, nous avons reçu un e-mail de quelqu’un qui prétend être un Américain vivant à Buenos Aires et qui voulait nous rencontrer. Nous avons vérifié l’adresse IP et avons découvert que le serveur se situait juste à côté de Langley, et qu’il est enregistré au ministère de la Défense !
C’est difficile de vivre ainsi. Nos deux filles jumelles vont entrer en maternelle, ce qui nous préoccupe terriblement.
RV : Comme vous le suggérez, la dernière demande d’extradition émanant d’Interpol Washington est totalement sans fondement et complètement hors norme. Pourrait-on voir cela comme une tentative de saper la souveraineté de l’Argentine pour remplacer les décisions de justice antérieures en votre faveur ?
KS: Tout à fait ! Plus qu’une demande, c’était comme un ordre d’ignorer le processus légal argentin et de m’envoyer aux États-Unis. L’agence Interpol n’a pas à donner un tel ordre – son rôle se cantonne à celui d’une liaison. En fait, la constitution (U.S.) lui interdit d’intervenir de quelque façon que ce soit dans le processus judiciaire d’une nation souveraine.
Le plus déconcertant, c’est que ça a été introduit très insidieusement durant une suspension de séance des tribunaux, évidemment avec l’espoir de berner des remplaçants inexpérimentés afin de les contraindre à accéder à leur demande. Bien sûr, cela ne s’est pas produit. Ils l’ont également introduit en évitant les circuits appropriés, violant ainsi le protocole légal avec la mention «confidentiel» – dans un processus judiciaire où la transparence est de règle.
Par ailleurs, l’arrière-plan d’Interpol est plutôt sinistre. On compte parmi les anciens présidents d’Interpol Otto Steinhäusl et Ernst Kaltenbrunner (tous deux généraux SS dans l’Allemagne nazie), Reinhard Heydrich (également un général SS nazi, et l’exécuteur en chef de la "solution finale de la question juive"), et Arthur Nebe (encore un autre général SS nazi et chef de file des Einsatzgruppen, sous le commandement duquel au moins 46 00 personnes ont été exterminées). Très récemment (juillet 2010), le président d’Interpol, Jackie Selebi a été reconnu coupable de corruption pour avoir accepté des pots de vin d’un trafiquant de drogue.
Une «junta de firmas" pour soutenir Kurt Sonnenfeld en perpétuelle détresse, Buenos Aires, 8 septembre 2010.
RV : Une campagne pour collecter des signatures a été lancée le 25 août de la Plaza de Mayo, au coeur du quartier animé de Buenos Aires, et a obtenu un énorme soutien populaire. De quoi s’agit-il ?
KS : En fait, une importante campagne est en cours pour recueillir des pétitions en vue de mettre un terme à cette injustice; elle est menée par le professeur Luis D’Elia, qui dirige un faisceau d’associations de nombreux mouvements sociaux et humains. Il a effectué plusieurs "untas de firmas" et à ce jour, plusieurs milliers de signatures ont été recueillies. Le nombre augmente chaque jour. La semaine passée, nous en avons récolté mille de plus.
RV : Êtes-vous satisfait de la lettre envoyée récemment par les autorités argentines en réponse à l’ingérence abusive d’Interpol ?
KS : Oui. C’était surtout un signal pour leur signifier qu’ils ne peuvent pas intervenir. Et la Cour a bien entendu suivi le bon protocole, ce qui est important.
RV : Il devrait être clair maintenant que ce que veut vraiment Washington, c’est vos images de Ground Zero, qui comme il est craint, peuvent contenir des éléments de preuve contre sa version du 11-Septembre.
Cela fait non seulement de vous le témoin le plus crédible en mesure de témoigner contre les États-Unis, mais aussi l’un des rares, sinon le seul citoyen américain à avoir officiellement demandé le statut de réfugié aux dépends de la plus puissante nation au monde. C’est lourd à porter !
KS : A ce stade, il est évident pour moi que leurs actions sont motivées par la vengeance. Je suis sûr qu’il y a beaucoup de gens (des nations entières même !) qui souhaitent être protégés contre les persécutions injustes des États-Unis. Je ne sais pas réellement combien ils sont parmi les citoyens des États-Unis. Mais la nationalité ne devrait pas être un facteur de décision pour accorder à quelqu’un le statut de réfugié. Si une personne est injustement persécutée par un gouvernement, il ou elle devrait se voir accorder le statut de réfugié permanent, quel que soit son pays d’origine. Le problème est que les entités impliquées dans l’octroi du statut de réfugié sont étroitement liées à l’Organisation des Nations Unies qui est totalement contrôlée financièrement et politiquement par les États-Unis.
RV : Avez-vous déjà envisagé la possibilité d’être utilisé comme monnaie d’échange entre les deux pays?
KS : Sachant comment l’Amérique fonctionne, je l’ai évidemment envisagé. Mais ma femme, Paula qui connait très bien l’engagement de l’Argentine dans la protection des droits de l’homme (pour avoir été soumise à une dictature soutenue par les Américains il y a quelques décennies), écarte totalement cette possibilité et affirme que l’administration actuelle de la présidente Cristina Kirchner n’utiliserait jamais un être humain comme "monnaie d’échange". Le rejet de mon extradition témoigne de l’indépendance du gouvernement argentin et de son engagement envers les droits de l’homme.
Ceci mis à part, il y a deux édits différents rédigés par les plus hautes autorités du Ministère national argentin des droits de l’homme, constatant que l’extradition ne peut être accordée en raison de la "responsabilité internationale que cela impliquerait pour la nation argentine" et en précisant que la "situation migratoire" doit être aussi régularisée – comme j’ai une femme et deux filles argentines, nous constituons une famille argentine, digne d’être protégée.
Tout cela vient s’ajouter aux deux décisions fortes en ma faveur prises par la Cour fédérale argentine, et deux par la Cour suprême argentine. Si vous ajoutez à cela la décision initiale du tribunal de Denver qui avait en 2002 rendu un non-lieu me concernant, vous avez au total cinq tribunaux impartiaux qui ont déjà examiné les preuves véritables et qui ont par la suite statué en ma faveur.
RV : Vous avez dit l‘an dernièr que vous aviez décidé de toucher le public afin de protéger votre famille. Rétrospectivement, le referiez-vous ?
KS : Oui !
RV : Dans la même logique, avez-vous pris des mesures pour faire sortir vos documents ?
KS : En fait, j’ai communiqué des photos, documents et vidéos à des enquêteurs importants dans le monde – aux États-Unis, en Argentine, en Europe occidentale, en Europe centrale, etc; je suis en contact avec de nombreux analystes, chercheurs et producteurs de documentaires, dont bien sûr, je ne peux révéler les noms.
J’ai lu beaucoup de commentaires me demandant pourquoi je ne téléchargeais tout simplement pas sur YouTube. Mais cela me pose quelques problèmes d’ordre moral. Il ne s’agit pas d’un divertissement et cela ne devrait pas être traité superficiellement. Ensuite, vous devez vous rappeler que la première fois que j’ai accepté de présenter certaines de mes images et de parler de mes expériences à la télévision en 2004, j’ai été arrêté quelques jours avant leur diffusion et emprisonné pendant sept mois. Depuis, ma vie et celle de mes proches ont été absorbées par cette lutte contre l’injustice et contre la seule superpuissance du monde. Nous sommes en plein coeur d’une bataille juridique. C’est comme marcher sur le fil d’un rasoir. Je ne suis pas en position de tout "balancer"et de voir ce qui se passera ensuite.
RV : Avez-vous eu des nouvelles de vos anciens collègues de la FEMA qui étaient avec vous à Ground Zero ?
KS : Au début, de nombreux collègues se sont ralliés à mon soutien et nous avons eu de fréquents contacts – par téléphone, par e-mail et on s’est même vus. Mais un par un, leur nombre a diminué. D’une certaine manière, je m’y attendais. Je sais qu’au moins l’un d’eux s’est récemment vu attribuer un juteux contrat "antiterroriste" avec le FBI. Pourtant, j’ai beaucoup d’amis loyaux et de nombreux soutiens en dehors du gouvernement aux Etats-Unis.
Un bunker contenant des roquettes M55 de Sarin VX.
RV : En tant qu’employé du gouvernement américain, vous aviez aussi accès à un certain nombre de secrets militaires et des installations de laboratoire où vous avez filmé des choses sur lesquelles votre gouvernement demande certainement votre silence. Est-ce une partie des documents que vous êtes susceptibles de produire ?
KS : Bien qu’on m’ait volé plusieurs bandes grand format durant ma première incarcération, j’ai encore quelques vidéos qui se trouvaient dans une boîte de cassettes vides marquées "recyclage" que je gardais sous l’escalier dans mon sous-sol. Ce n’étaient pas seulement des missions pour la FEMA. Certaines concernaient d’autres contrats que j’ai eus. Du travail que j’avais réalisé pour le ministère de la Défense, le ministère de l’Énergie, etc, etc. Par exemple, j’ai encore des images de bunkers remplis de sarin VX et d’ogives britanniques, des "tonnes" de conteneurs remplis de gaz moutarde et de neurotoxines, tous prohibés par le Traité d’interdiction d’armes chimiques. De plus, j’ai des images du démontage d’une arme nucléaire, des véhicules de transport nucléaire, des radars du département de la Défense le long du détroit de Béring en Alaska, etc, etc. Je suis allé dans tous les laboratoires nationaux créés dans le cadre du projet Manhattan, sur des terrains d’expérimentation, sur des sites d’essais et bien d’autres endroits très intéressants en plus du World Trade Center.
Vue aérienne de la cavité énigmatique du WTC6.
RV : En ce qui concerne Ground Zero, la majorité des experts s’est intéressée exclusivement aux WTC1, WTC2 et WTC7. Pourtant, vous vous êtes également référé à un phénomène bizarre au WTC6 auquel peu de personnes semblent avoir prêté attention. Qu’y avait-il de si étrange ?
KS : Le bâtiment 6 m’a paru bizarre (à mois comme à d’autres) dès mes premiers jours à Ground Zero, et il n’y a toujours pas de réponses. En regardant des photos aériennes et satellites, vous pouvez voir qu’il y a un énorme cratère, presque vide, en partant du toit jusqu’au rez-de-chaussée. C’est comme si une grue gigantesque avait creusé l’intérieur. Qu’est-il advenu de tous les décombres qui auraient dû se trouver à l’intérieur de ce cratère ? Je n’ai pas d’explications.
Des voitures incendiées alignées au FDR Parkway, à quelque 800 m de Ground Zero.
RV : En plus du bâtiment 6, il y avait de nombreuses anomalies dans le périmètre de Ground Zero et au-delà, sur lesquelles peu de gens se sont réellement arrêtés, mais qui pourraient avoir une valeur stratégique pour une future enquête. Par exemple, les tonnes de papier non brûlé quand tout le reste était transformé en poussière et les voitures qui avaient littéralement fondu à 800m du site réel de l’attentat. Avez-vous remarqué un de ces phénomènes à ce moment-là ?
KS : Même pour un observateur ordinaire, il y avait beaucoup de choses qui semblaient n’avoir aucun sens. Je ne suis pas à même de faire des observations élaborées sur bon nombre des anomalies physiques. J’ai étudié les relations internationales, l’économie, mais très peu les sciences pures.
"L’homme qui a tout vu … et plus"
RV : En Argentine, vous avez fait plusieurs apparitions à la télévision pour dénoncer l’impérialisme américain et son expansion militaire à l’ordre du jour. Comment évaluez-vous l’administration Obama ?
KS : Obéissant aux ordres d’en haut : les mêmes personnes très puissantes qui tirent profit en faisant des machines qui détruisent et qui profitent ensuite de la reconstruction des choses qu’ils ont détruites ! Haliburton a récemment obtenu un contrat de plusieurs milliards de dollars de pétrole en Irak. Blackwater (désormais Xe Services), la "société de sécurité" privée, qui est en fait un gros exportateur d’armes, engrange des profits faramineux. Même Joe Allbaugh, directeur de la FEMA sous Bush au moment des attentats sur le World Trade Center, est en train de faire des affaires lucratives en Irak. La guerre en Afghanistan se poursuit, l’occupation de l’Irak se poursuit. Et encore plus de dépouilles seront bientôt gagnées ! Les tambours de guerre se tournent contre l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan, le Yémen, etc, etc. Les bases militaires américaines sont en train d’être installées dans toutes les parties du monde, et la CIA est aujourd’hui transformée en une organisation paramilitaire qui mène des guerres secrètes à travers le monde, généreusement financées par l’intarissable et inexplicable "caisse noire" du ministère américain de la Défense.
Qu’y a-t-il de différent ? Guantanamo est toujours là. Le Patriot Act aussi. Les «assassinats sélectifs» et les « transferts extraordinaires» ("extraordinary renditions") se poursuivent. Le dépérissement des droits civils et humains se poursuit. La guerre contre le terrorisme est encore utilisée comme prétexte par les États-Unis pour militariser le monde et pervertir la souveraineté et la culture des autres nations. La véritable motivation est l’expansionnisme hégémonique.
Avec Obama, tout est toujours en cours, exactement comme prévu. Le «nouveau siècle américain», c’est maintenant.
RV : Une campagne a été lancée contre le gouvernement argentin par certains des plus puissants médias privés, qui l’accusent de porter atteinte au droit d’expression. Se calant sur les médias, le gouvernement américain a exprimé sa préoccupation sur la situation. Pourriez-vous commenter cela ?
KS : Bien sûr, le gouvernement des États-Unis est «concerné». Ils protègent leurs propres intérêts, qui sont les mêmes que ceux des oligarques qui cherchent à contrôler les médias à travers le monde.
La législation argentine est similaire à la loi qui existait aux États-Unis avant que Ronald Reagan n’ait "dérégulé" les médias et ouvert la voie aux monopoles des médias oligarchiques. Et nous voyons maintenant le résultat de la "déréglementation" de Reagan. Les médias traditionnels américains sont maintenant si outrageusement "ancrés" dans leur rôle d’adorer les propagandistes que vous pourriez presque entendre la musique de John Philip Sousa en provenance de la salle de rédaction. Comme Goebbels l’a dit : «Celui qui contrôle le moyen d’expression contrôle le message. Et celui qui contrôle le message contrôle les masses. "
RV : Pour en revenir à votre situation personnelle, que pensez-vous qu’il vous arriverait dans le cas d’un retour forcé ?
KS : Sur la base de toutes les actions malveillantes entreprises jusqu’à présent par les autorités américaines, il est évident qu’ils n’ont pas l’intention de mener un procès équitable. Ils affirmeraient sans doute que j’ai "avoué durant le vol de retour" – si je rentrais effectivement – ou, pire encore, que j’ai "tenté de m’échapper" – nous savons ce que cela signifierait. Ce qui est sûr, c’est que vous n’entendriez plus parler de moi. Mission accomplie, comme on dit.
RV : Quelle devrait idéalement être la prochaine étape pour garantir votre sécurité durable et celle de votre famille ?
KS : Idéalement, la prochaine étape serait que le procureur de Denver demande à nouveau le rejet de l’accusation en faux contre moi, comme elle l’a fait en 2002 après avoir étudié les preuves abondantes qui me disculpent. Mais c’est très improbable, car son patron ultime à l’époque, le procureur général de Bush, John Ashcroft, est intervenu deux années après, faisant pression sur elle pour assurer mon retour sous le contrôle américain.
Sinon, ma famille et moi attendrons que la Cour suprême argentine fasse ce qui est juste, nous en sommes persuadés : rejeter pour la troisième fois la demande des États-Unis pour mon extradition afin que notre famille puisse vivre en paix.
RV : Je vous remercie pour votre entretien. Espérons que le prochain sera porteur de bonnes nouvelles.
Thierry Meyssan
Traduction apetimedia pour ReOpenNews
Séquences inédites de Ground Zero / Septembre 2001
filmées par Kurt Sonnenfeld, vidéaste en mission sur les lieux pour la FEMA
"Ce que j’ai vu à certains endroits est très inquiétant."
En lien avec l’article
- "Un vidéaste de la FEMA, présent à Ground Zero rend public son témoignage" / Traduction ReOpen911 de l’interview réalisée par le Réseau Voltaire le 8 mai 2009 à Buenos Aires
- "Nouvelles photos de Ground Zero rendues publiques par Kurt Sonnenfeld" / Article ReOpenNews du 10 aout 2009
- "Une manoeuvre des services de renseignements derrière la publication des documents secrets de Wikileaks ?" par F. William Endghal / Mondialisation.ca du 14 août 2010
- "Ce que révèlent les journaux de guerre afghans" / LeMonde.fr du 26.07.10
- "Daniel Ellsberg, l’homme qui a fait tomber Nixon" / Discours prononcé par D. Ellsberg le 20 septembre 2007 à l’American University / repris le 17 octobre 2007 par contreinfo.info
Accuser quelqu’un qui dérange de tout et n’importe quoi est une technique habituelle et connue:
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/marcel-vervloesem-le-chasseur-de-82845
Un nouveau siècle américain qui déroule son agenda, un nouveau siècle de l’obscurantisme ou Il est devenu très dangereux de réclamer justice et vérité.
Un nouveau siècle ou la propagande et la désinformation massive ont remplacés, la transparence et le droit à l’information.
Jusqu’où iront-ils?
Jusqu’ici et malgré tous les efforts entrepris, nous ne semblons pas en mesure de faire cesser ces horreurs.
Daniel Ellsberg reste suspect à mes yeux (à cause de Daniel Estulin et autre auteurs) et par conséquence la personne qui s’affiche avec lui, Julien Assange. J’ai été très impressionnée par ce personnage de Wikileaks quand je l’ai écouté sur des videos mais….. un concours de circonstances fait que…. je ne lui fais pas confiance… s’il n’a pas toujours travaillé pour les services secrets il est instrumentalisé par les services secrets (ce qui n’est pas de sa faute) mais il faut lire au énième degrès tous qu’il est écrit sur lui et tout ce qui est en rapport avec lui.
Il faut agir selon sa conscience et ne pas se sentir obligé de confier et releguer des infos sensibles à un guru ou autre authorité ou entité centralisé ou qui centralise… si on veut être sûr de ne pas se laisser trahir…
La troisième guerre mondiale sera la guerre de l’info alors il faut être circumspect des stars visibles de l’info. Think global, Act local.