TOP SECRET AMERICA : le voisinage de la NSA
La National Security Agency (NSA) est l’organisme spécialiste par excellence de la cryptologie – le chiffrement et le déchiffrement des données. Son impressionnant réseau de stations d’écoute et de satellites intercepte et analyse les communications (les émissions radio, la TV, les satellites, le téléphone, les réseaux sans fils, la messagerie électronique) du monde entier au prétexte de prévenir toutes sortes d’agressions. Elle s’est dotée de systèmes informatiques de reconnaissance vocale et d’ordinateurs comme le "CRAY" dernière génération. Ces machines des plus puissantes au monde, seraient donc capables de déchiffrer les moindres données. Nous joignons en fin d’article une vidéo Arte : NSA, l’Agence de l’ombre diffusée sur la chaîne le 10 janvier 2010.
Bien que le complexe de Fort Mead, l’un des sites de la NSA, occupe déjà l’équivalent de la superficie du Pentagone, il rogne un peu plus chaque année sur les terres agricoles. 38 000 employés y travaillent régulièrement. 10 000 autres devraient venir renforcer l’effectif d’ici 15 ans. Dans quel but ? Pallier à la hausse du chômage ? Curieusement, les habitants de la région ne semblent rien voir de tout cela, comme si ce monde à part, cette superpuissance autoproclamée dans leur voisinage immédiat n’existait pas. Pourtant une gêne ambiante, sourde, pèse sur les habitants.
Le Washington Post, dans cet article tiré de son dossier Top Secret America que nous avons récemment abordé, nous invite à faire le tour du propriétaire de la NSA et ses environs à Fort Meade, Maryland.
Le Washington Post / Dossier Top Secret America paru le 21 juillet 2010 (suite)
Le voisinage des Services Secrets
Par Diana Priest et William M. Arkin
La communauté du renseignement poursuit ses activités dans les banlieues de la nation. Si son travail est invisible, son impact se fait réellement ressentir.
Sur le terre-plein central le long de la rue principale, les panneaux ne sont pas des publicités pour des maisons à vendre; ils invitent les employés ayant l’accréditation top-secret sécurité à un salon d’embauche au Café Joe, qui est tout sauf un lieu normal de restauration.
Le nouvel immeuble de bureaux couleur bronze est réellement une sorte d’hôtel où les entreprises peuvent louer des chambres protégées des écoutes.
Même la plaque d’égout entre deux bâtiments de faible hauteur n’est pas que cela. Entourée de béton cylindrique, il s’agit du point d’accès à un câble du gouvernement. "TS / SCI", chuchote un fonctionnaire, soit les abréviations pour "top secret" et "information sensible compartimentée» – ce qui signifie que peu de gens ont le droit de connaitre les informations qui transitent par le câble.
Tous ces lieux existent hors de Washington, ce qui équivaut à une géographie alternative des États-Unis, celle que dessinent la concentration des organisations gouvernementales top-secret et les entreprises qui travaillent pour elles. Ce faisceau de Fort Meade est le plus important parmi la douzaine de groupes (de ce genre) à travers les États-Unis, les centres nerveux du Top Secret America aux 854.000 employés.
D’autres (groupes) se situent à Dulles-Chantilly, Denver-Aurora et Tampa. Ils correspondent tous à la version des villes traditionnelles sous antenne militaire : ils dépendent financièrement du budget fédéral et sont culturellement définis par leur tâche exceptionnelle.
La différence, bien sûr, c’est que l’armée ne relève pas de la culture du secret. Dans les groupes du Top Secret America, une carte à puce numérique liée au cordon tour de cou de la société, est souvent le seul indice du lieu de travail. Le travail n’est pas discuté. Pas plus que les interventions. Les débats sur le rôle de l’Intelligence dans la protection du pays se produit uniquement lorsque quelque chose se passe mal et que le gouvernement enquête, ou lorsqu’une information classifiée est divulguée sans autorisation et qu’elle se transforme en nouvelles.
L’existence de ces groupements est si peu connue, que la plupart des gens n’en prennent pas conscience lorsqu’ils approchent de l’épicentre de Fort Meade; même lorsque le GPS sur le tableau de bord de leur voiture se met soudain à donner des instructions erronées, piégeant les conducteurs dans une série de demi-tours, parce que le gouvernement trouble les signaux dans les proches environs.
Par delà les obstacles se trouvent de gigantesques immeubles imposants, rangées après rangées. Derrière les vitres opaques résistant aux explosions, 30 000 personnes environ, lisent écoutent et analysent pour la plupart le flot continuel de conversations interceptées, vingt quatre heures par jour, sept jours par semaine.
De la route, il est impossible de définir l’étendue de la NSA, même si ses bâtiments occupent une surface de 6,3 millions de pieds carrés – environ la taille du Pentagone – et si elles sont entourés de 453.247 m2 de places de stationnement. Aussi massive qu’elle puisse paraître, des documents indiquent que la NSA est destinée à s’étendre avec l’intégration de 10.000 employés de plus au cours des 15 prochaines années et 2 milliards de dollars pour financer la première phase d’expansion, soit une augmentation globale d’envergure qui portera l’espace immobilier du groupement de Fort Meade à près de 14 millions de pieds carrés.
Le siège de la NSA se trouve sur la base militaire de Fort Meade qui accueille 80 locataires du gouvernement, dont plusieurs grandes organisations du renseignement.
Chaque année, celles -ci injectent 10 milliards de dollars dans les salaires et les contrats dans l’économie de la région – un chiffre qui permet d’expliquer le reste de Fort Meade, qui s’étend sur plus de 16.000 m dans toutes les directions.
Les entreprises qui prospèrent hors de l’agence et à proximité des autres organismes du renseignement se situent juste au-delà du périmètre de la NSA.
Dans certaines parties du groupe, elles occupent des quartiers entiers. Dans d’autres, elles forment des parcs d’affaires sur plus d’un kilomètre. Un chemin privé, contrôlé par des panneaux d’interdiction aux "avertissements" en jaune, les relie au campus de la NSA.
L’un des plus grands parcs est le National Business Park – de larges tours de verres angulaires se répartissent, dissimulés, par blocks sur 1 153 354 m2. Les occupants de ces bâtiments sont des sous-traitants. Ailleurs, là où ils sont mieux connus du public, ils minimisent volontairement leur présence. Mais dans le National Business Parc, un lieu où seuls d’autres entrepreneurs auraient une raison de se rendre, les enseignes de leurs bureaux sont énormes. Elles brillent dans la nuit de rouge vif, de jaune et de bleu : Booz Allen Hamilton, L-3 Communications, CSC, Northrop Grumman, General Dynamics, SAIC.
Sur les sites, les employés doivent se soumettre à des règles strictes, envahissantes. Ils passent régulièrement par le détecteur de mensonge, signent des formulaires de non-divulgation, remplissent de longs rapports après un voyage à l’étranger. Ils sont entrainés pour gérer les voisins fouineurs et les amis curieux. Certains sont formés pour endosser de fausses identités.
S’ils boivent trop, empruntent trop d’argent ou sympathisent avec des citoyens de certains pays, ils peuvent perdre leur accréditation secret, celle-ci étant le passeport pour un emploi à vie à la NSA tout comme dans les organismes de renseignement apparentés.
La bonne blague : "Comment décririez-vous un extraverti à la NSA ? C’est le seul à regarder les chaussures des autres."
"Elles font partie des personnes les plus brillantes au monde", a déclaré Ken Ulman, cadre au département de Howard, l’un des six départements de la sphère d’influence géographique de la NSA. "Elles exigent de bonnes écoles et une qualité de vie élevée."
Les écoles, en effet, sont parmi les meilleures, et certaines vont adopter un cursus cet automne qui enseignera à des élèves âgés de 10 ans le style de vie nécessaire à l’obtention d’une accréditation secret et le genre de comportement qui pourrait le disqualifier.
Près d’une école, des bus scolaires jaunes sont alignés le long d’un bâtiment où le personnel des alliés, la "Surveillance des Cinq" – les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande – partagent les informations top-secret concernant le monde entier.
Les bus déposent les enfants dans les quartiers les plus riches du pays; l’aisance est un autre attribut du Top Secret America. Selon les données du service de recensement, 6 des 10 plus riches comtés des États-Unis se trouvent dans ces groupes.
Le comté de Loudoun, classé le plus riche du pays, contribue à fournir de la main-d’œuvre pour le National Reconnaissance Office à proximité qui gère les satellites espions. Le comté de Fairfax, en deuxième position- accueille la NRO, la CIA et le Bureau du directeur du renseignement national (DNI). Le Comté d’Arlington, classé au neuvième rang, accueille le Pentagone et les agences de renseignement majeures. Le Comté de Montgomery, classé 10e, est le foyer de l’Agence Nationale du Renseignement Geospatial- (NGIA). Et le comté de Howard, classé troisième, est le foyer de 8.000 employés de la NSA.
"S’il s’agissait d’une usine Chrysler, on parlerait Chrysler sur les pistes de bowling, Chrysler aux réunions du Conseil, Chrysler, Chrysler, Chrysler" dit Kent Menser, employé au ministère de la défense qui soutient le comté de Howard pour une adaptatation à la croissance aux environs de Fort Meade. "Les gens qui ne font pas partie de l’effectif de la NSA n’apprécient pas totalement son impact sur leur vie."
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L’impact de la NSA et autres organisations secrètes de ce groupe ne sont pas seulement financiers. Ils régulent même la fluidité du trafic un certain jour, lorsqu’ une camionnette blanche sort d’un parking pour se fondre dans la circulation à midi.
Cette camionnette blanche est suivie de cinq autres identiques.
"Recherche professionnels ayant l’habilitation secret" / Vidéo
Mais aujourd’hui, ce sont des stagiaires reliés les uns aux autres par des radios et des plans de rues spécialement conçus à leur intention. Chaque année, environ 4000 agents fédéraux et militaires participent à des cours de contre-espionnage dans l’agglomération de Fort Meade; en tant qu’agents, ils se déplacent sans éveiller l’attention des habitants qui vaquent à leurs occupations.
L’agent qui voyage sur le siège passager dans l’une des camionnettes blanches tient les cartes sur ses genoux tandis qu’il déplace frénétiquement des pastilles jaunes pour tenter de suivre les positions des autres camionnettes et celle du suspect, surnommé « le lapin ».
D’autres agents accélèrent et font la course à 90km/h pour tenter de suivre le lapin tout en se prévenant les uns les autres de la présence de la police locale : elle ne sait pas que ces camionnettes qui slaloment dans la circulation sont conduites par des agents fédéraux.
Soudain, le lapin n’est plus qu’à un pâté de maisons devant la camionnette la plus proche. Il grille le feu à l’orange puis disparaît tandis que les agents se retrouvent coincés au feu rouge.
Feu vert.
Un agent hurle alors en vain devant le pare-brise « Allez ! » à la voiture qui traîne devant. « Dégage ! Dégage ! Dégage !»
«On l’a perdu, » râle sa partenaire tandis qu’ils s’efforcent de le rattraper.
Finalement, les agents terminent leur filature à pied devant la librairie Borders à Columbia où le lapin est réapparu. Six hommes en polos et pantalons aux dégradés kakis inspectent les rayons de magazines et déambulent dans les allées.
Leur instructeur est embarrassé. « La partie la plus difficile, c’est l’attitude », confie-t-il, tout en observant les agents entrain de suivre le lapin dans le magasin rempli de femmes en baskets et d’enfants en tongs. « Certains n’arrivent pas à se détendre suffisamment pour adopter le bon comportement… Ils devraient avoir l’air de flâner, mais ils restent là, à observer par-dessus un livre, sans bouger. »
Au sein du groupe, on trouve des exemples où le monde occulte côtoie le public. Une sandwicherie Quiznos dans le groupe ressemblerait à n’importe quel autre restaurant de cette chaîne nationale, si ce n’est la queue formée dès 11h du matin. Ceux qui attendent portent des lunettes de soleil Oakley appréciées des personnes qui ont travaillé en Afghanistan ou en Irak. Ils portent des bottes couleur sable du désert. Les militaires en service représentent 40% du personnel de la NSA et ce Quiznos se trouve tout près d’un de leurs bureaux.
Le bâtiment protégé par des barrières et des grillages, est plus grand qu’un terrain de football. Aucune enseigne ou panneau pour l’identifier. Il y a bien une adresse, mais Google Maps ne la reconnaît pas. Si vous la saisissez, une autre adresse apparait systématiquement : « 6700 ».
Pas de nom de rue.
Juste « 6700 ».
Quand il n’est pas sur une échelle, Walsh trifouille la photocopieuse pour s’assurer qu’elle ne puisse reproduire les secrets stockés dans sa mémoire. Ou bien il teste le démagnétiseur, un aimant géant qui efface les données des disques durs classifiés. Ou alors, il dissèque le système d’alarme, sa fibre optique et le codage utilisé pour envoyer des signaux à la salle de contrôle.
Dans l’Amérique Top Secret, tout est réglementé par le gouvernement : l’épaisseur de l’acier des barrières, la qualité des sacs en papier pour le transport des documents classifiés, l’épaisseur des murs et la hauteur des faux planchers insonorisés.
Autour de Washington, 4000 bureaux de sociétés privées gèrent l’information classifiée, soit 25% de plus que l’an dernier, selon le superviseur de Walsh, et l’équipe de Walsh a en permanence 220 bâtiments à contrôler dans son programme d’inspection. Le moindre bâtiment doit faire l’objet de contrôles; tout nouveau bâtiment doit être inspecté de fond en comble avant que la NSA n’autorise ses occupants à ne serait-ce qu’établir une connexion téléphonique avec l’agence.
Il y aura bientôt un nouveau bâtiment de quatre étages à Fort Meade, près d’un quartier tranquille et sécurisé de pavillons haut de gamme. Son constructeur affirme qu’il peut résister à un attentat à la voiture piégée. Dennis Lane affirme que ses ingénieurs ont mis plus de boulons dans chaque poutrelle d’acier de la charpente que ne l’exige la norme pour garantir que la structure ne s’effondrera pas en cas d’imprévu.
Lane, vice-président de la société de construction Ryan Commercial, est devenu lui-même une sorte de fouineur lorsqu’il s’agit de travailler pour la NSA. A 55 ans, il a vécu et travaillé toute sa vie dans l’ombre de la NSA et s’est adapté à sa présence croissante au sein de sa communauté. Il recueille des informations commerciales par le biais de son propre réseau d’informateurs, des cadres dirigeants comme lui qui espèrent faire une bonne affaire sur le dos d’une organisation dont la plupart des voisins n’ont jamais entendu parler.
Il repère le moment où la NSA ou d’autres organisations secrètes du gouvernement louent un bâtiment, embauchent d’avantage de sous-traitants ou font appel aux entreprises locales. Il suit les projets de construction, les délocalisations, les changements au sein des sociétés privées. Il sait que les planificateurs locaux estiment que 10.000 emplois seront créés par la NSA , tout comme 52.000 autres par le biais d’agences de renseignement qui s’installeront à Fort Meade.
Lane était déjà au courant de toutes les rumeurs avant l’annonce officielle disant que le prochain commandement militaire géant, US Cyber Command, serait dirigé par le général quatre étoiles actuellement à la tête de la NSA. « Ce cyber-machin sera énorme, » dit-il. « Un cyber commandement pourrait intégrer tout l’immobilier actuellement disponible sur la zone ».
Lane le sait, car il a été témoin de la croissance post-11/9 de la NSA. A présent elle absorbe chaque jour 1,7 milliards de communications : courriers électroniques, forums, messageries, adresses IP, numéros de téléphone, appels téléphoniques et conversations sur téléphones mobiles.
A sa manière, Jeani Burns en a été témoin aussi.
Burns, une femme d’affaires à Fort Meade, prend un verre un soir après le travail. Elle fait un geste en direction de quelques hommes qui se tiennent près du comptoir.
« Je peux les repérer, » dit-elle. Le costume. La coupe de cheveux. Le comportement. « Ils ont ce regard, comme s’ils avaient peur que quelqu’un vienne leur poser une question à leur sujet. »
Burns est bien placée pour le savoir – elle vit avec un de ces hommes secrets depuis 20 ans. Avant, il travaillait pour la NSA. A présent, il est l’un de leurs sous-traitants. Il a fait la guerre. Elle ne sait pas où. Il fait quelque chose d’important. Elle ne sait pas quoi.
Elle raconte qu’elle est tombée amoureuse de lui il y a 20 ans et, que depuis, elle a passé sa vie à s’adapter. Lorsqu’ils sortent avec des amis, dit-elle, elle les appelle avant pour les prévenir : « Ne lui posez pas de questions. » Parfois les gens le comprennent, mais lorsque ce n’est pas le cas, « c’est dur à dire, mais nous ne sortions plus avec eux. »
Elle le décrit comme un « observateur. C’est moi la suspecte, » dit-elle. « Cela me gêne qu’il ne m’emmène jamais en voyage, ne pense jamais à quelque chose d’excitant à faire… J’ai l’impression d’être trompée. »
Mais elle dit aussi : « Je le respecte vraiment pour ce qu’il a fait. Il a consacré sa vie pour maintenir notre mode de vie, et il n’en retire aucune reconnaissance du public ».
Pendant ce temps, à l’extérieur du bar, le bourdonnement est continu. La nuit, aux confins du Parc d’Affaires National, des fenêtres de bureaux sont encore éclairées ci et là. Les 140 chambres de l’hôtel Marriott Courtyard sont toutes louées, comme d’habitude, à des clients tel cet homme à la réception qui dit seulement qu’il « travaille pour l’armée ».
Tandis que les employés qui prennent leur poste passent le tourniquet, ceux qui partent glissent leur badge d’identification dans une fente. Une trappe s’ouvre. Ils déposent leur boite contenant la clé puis sortent en passant par un tourniquet. Ils quittent le parking et roulent lentement vers les barrières et portails qui protègent la NSA, où ils croisent une longue file de voitures qui roulent en sens inverse. Il est presque minuit à Fort Meade, la capitale du Top Secret America, un lieu qui ne dort jamais et qui s’étend un peu plus chaque jour.
ARTE / NSA (Agence national de sécurité)
dimanche, 10 janvier 2010 à 22:35
Rediffusions :
21.01.2010 à 11:05
25.01.2010 à 04:05
NSA, l’agence de l’ombre
(Royaume-Uni , 2008, 50mn)
ARTE F
Réalisateur: James Bamford, C. Scott Willis
Comment, au lendemain du 11-Septembre, l’Amérique a mis ses citoyens sur écoute. Une enquête stupéfiante.
S’appuyant sur le dernier ouvrage paru de James Bamford, The shadow factory : the ultra-secret NSA from 9/11 to the eavesdropping on America, ce documentaire révèle comment, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) utilise les nouvelles technologies de l’information pour obtenir des renseignements. De la fibre optique aux transmissions satellitaires, il explore tous les moyens dont dispose la NSA pour mener à bien ses opérations de surveillances, d’écoutes et d’interceptions (notamment de millions de courriels). Ces actions, renforcées depuis le 11 septembre 2001, s’exercent aussi bien contre les amis du gouvernement américain que contre ses ennemis, à l’intérieur du territoire autant qu’à l’extérieur…
Cela, c’est la présentation du documentaire sur le site d’Arte, d’ailleurs excellent, mais cette présentation serait réductrice ou alors le film lui-même serait réducteur. En effet, il serait erroné de penser que la NSA et ses multiples et tentaculaires nuisances inadmissibles dans une démocratie, serait une création post-9/11. Certes les moyens se sont accrus après cette date, en relation notamment avec le Patriot Act, mais la NSA sévit depuis bien des années…
Elle fut créée par Truman en 1952, dépendant du DOD (département de la défense), mais reconnue officiellement qu’en 1957. Cette agence fédérale est chargée de l’interception de toutes les communications (télécopies, téléphoniques, courriels…). Elle utilise des satellites d’interception qui s’interposent dans les relais télécoms civils et militaires afin de collecter des millions d’infos d’ordre politique, militaire ou économique.
La station la plus célèbre est en Angleterre à Menwith hill où tournent sans arrêt les plus puissants ordinateurs du monde, déployant leurs grandes oreilles vers l’Europe au sein du tristement fameux réseau ECHELON (USA, GB, Canada, Australie, Nelle Zélande) dans le cadre du traité UKUZA.
A titre d’exemple, la NSA sévissait en 1994 lors des négociations du GATT entre les USA et l’UNION EUROPEENNE afin de savoir les positions des pays de l’UE et la stratégie de la Commission européenne.
Idem dans le cadre de la guerre économique entre les firmes BOEING et AIRBUS.
La NSA est donc un des pires dangers pour la démocratie, sur le même plan que la CIA, et certains pensent peut-être avant. En juin 2009 une enquête du Congrès des Etats-Unis sur ses pratiques d’écoutes électroniques sans surveillance et sans autorisation judiciaire fut ouverte.
Enfin la NSA est le plus grand employeur dans le monde pour les mathématiciens, informaticiens et électroniciens, avec un budget colossal et secret, évalué à environ 4 milliards de dollars en 1997…
Certes, Bush avec son Patriot Act a utilisé et abusé de la NSA, mais cela serait faux de l’envisager comme une conséquence du 9/11.
NSA, L’Agence de l’ombre 1/3
envoyé par Wakeup-. – L’info internationale vidéo.
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Localisation et vue aérienne de la NSA, Maryland avec Google Map
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Le site de la NSA : Wellcome to NSA/CSS
- United-Kingdom – USA Security agreement en matière de renseignement électronique / Echelononline
- NSA : Le plus grand standard du monde /19 janvier 2010 conversation stratégie
- Livre : Surveillance électronique planétaire : Duncan Campbell, 2001, Editions ALLIA, 6 euros
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Top Secret America : une vaste enquête du Washington Post sur l’Amérique post-11 septembre / paru sur AlterJournalisme le 21 juillet 2010
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La NSA devient folle furieuse dans son colmatage des fuites sur le 11/9 / Par Wayne Madsen (Wayne Madsen Report), publié sur Online Journal le 7 juillet 2009
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TOP SECRET AMERICA : le nerf de la guerre vu par le Washington Post (1/2) / Sécurité Nationale S.A. par Dana Priest et William M.Arkin pour le Washington Post, le 20 juillet 2010
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Retour sur 2007 : le Renseignement et le processus d’analyse d’informations sur le nucléaire iranien / Mark MAZZETTI 3 décembre 2007, New-York Times