New York Times : Le Pentagone sommé d’économiser plusieurs milliards de dollars pour contribuer aux dépenses de guerre
L’idée initiale est bonne: inciter le Pentagone à dépenser moins d’argent – moins de milliards de $ – sur les cinq années qui viennent, à raison de 3% par an, voilà qui semble louable. Le problème c’est que le but est d’augmenter proportionnellement les budgets destinés aux guerres. On a peine à le croire mais c’est M. Gates qui le dit, dans une directive adressée aux différents services et agences du Pentagone. On notera au passage l’allusion au coût soi-disant beaucoup trop élevé du système de santé des militaires, évoqué par M. Gates. Autrement dit, on va davantage faire la guerre mais moins indemniser les soldats, les familles et les vétérans. On se pince. C’est bien Barack Obama le Prix Nobel de la Paix qui a gardé cet ancien directeur de la CIA à la tête du Departement of Defense, poste que lui avait déjà confié GW Bush. Voici l’article publié aujourd’hui dans le New York Times et qui détaille tous ces points.
L’actuel Secrétaire à la Défense Robert Gates
Le Pentagone sommé d’économiser plusieurs milliards de $ pour contribuer aux dépenses de guerre
Par Thom Shanker, paru le 3 juin 2010 dans le New York Times
Washington – Le Secrétaire à la Défense Robert Gates a ordonné aux militaires et à l’administration civile travaillant au Pentagone d’économiser des dizaines de milliards de dollars par an pour payer les opérations de guerre, ont déclaré des hauts responsables ce jeudi.
Son objectif est d’économiser 7 milliards de dollars sur les dépenses et en efficacité en 2012, et de monter à 37 milliards d’ici à 2016.
Tous les récents Secrétaires à la Défense ont déclaré la guerre au gaspillage et aux redondances du Pentagone [On se souvient de Rumsfeld qui avait perdu 1200 milliards de dollars la veille du 11 Septembre – NdT]. Il y a bien eu quelques résultats relativement limités, notamment des fermetures ou des fusions de bases militaires, ou l’abandon de certains systèmes d’armes.
Mais si le plan d’économies de M. Gates est entièrement validé, aucun des services armés ou des agences ou Conseils d’administration civils du Pentagone n’échapperont au plan annuel de coupures de budgets, qui serait alors institutionnalisé dans l’ensemble du Département de la Défense.
Les directives sur les dépenses ont été édictées oralement aux hauts gradés et aux officiels civils avant le départ de M. Gates cette semaine pour la conférence sur la sécurité en Asie qui se déroule à Singapour, et le document officiel sera publié dans les prochains jours.
Le but est de forcer toutes les organisations et agences du Département de la Défense, ainsi que les services armés, à économiser suffisamment d’argent dans leur management et leurs politiques du personnel et logistiques pour garantir une augmentation de 3% par an (non compris l’inflation) des dépenses liées aux guerres.
Le budget actuel prévoit une augmentation de seulement 1% du budget du Pentagone, après inflation, et pour les cinq années à venir.
« Étant donné la situation fiscale de notre pays, il y a urgence à faire cela, plutôt que de d’exiger davantage de ressources pour notre défense nationale », a expliqué lors d’une interview William J. Lynn III, le secrétaire adjoint à la Défense.
Les directives de dépenses de M. Gates contiennent de fortes incitations à l’adresse des services armés. Chaque dollar économisé par un département militaire sera réinvesti dans la force de combat de cette branche, et non diluée vers d’autres destinations.
Certains officiels séniors reconnaissent qu’il risque d’y avoir de fortes réticences à la suppression de certains programmes chers à certains –ils s’attendent à des critiques venant de l’industrie de la Défense, du Congrès, du quartier général militaire, du personnel actif ou retraité du Pentagone.
« Nous allons devoir nous occuper des raisons pour lesquelles certaines choses figurent dans le budget afin de réduire les frais généraux » a dit M. Lynn. « Il va nous falloir ouvrir le dialogue avec l’industrie, le Congrès, les autres Agences, avec la Maison-Blanche et à l’intérieur du Pentagone – tous les actionnaires. »
Les nouvelles directives visent trois secteurs de dépenses.
Le premier est le management et le personnel, les frais généraux, la logistique et les opérations de base, et les missions d’appui.
Le deuxième concerne les comptes des secteurs engagés au combat eux-mêmes. Les principales cibles pour l’année fiscale qui ont déjà été identifiées par les responsables du Pentagone, et approuvés par la Maison-Blanche incluent l’abandon d’un programme d’achat d’un moteur de remplacement pour le chasseur F-35, et l’arrêt de la production de l’avion-cargo C-17. Des officiels affirment que d’autres programmes de priorité moindre sont aussi dans le collimateur.
Les agences du Pentagone spécialisées dans certaines tâches comme les missiles de défense et les comptes d’intendances, de même que les Conseils d’administration pour les secteurs du personnel et de la veille, de la politique, du Renseignement et des affaires publiques, vont se voir ordonner de réduire leurs coûts en taillant dans le personnel et en rationalisant leurs procédures de gestion.
M. Gates a fixé la date-butoir au 31 juillet pour recevoir le détail des programmes à éliminer et des effectifs à réduire, ainsi qu’une description des économies en termes de pratiques de management qui devront être incluses dans la proposition de budget pour la prochaine année fiscale, en 2012. Les deux tiers des économies exigées doivent impérativement consister en des transferts d’argent depuis les secteurs non combattants vers les budgets finançant les guerres, et l’autre tiers pourra être trouvé en améliorant l’efficacité et en réduisant les frais généraux et le gaspillage.
Des instructions spécifiques figurent dans trois documents non classifiés et signés par M. Gates – un pour les services armés, un pour les principales agences et Conseils d’administration du Pentagone, et un pour le commandement général des armées.
Pour l’année fiscale 2010, les départements de l’Armée de Terre, de l’Air Force et de la Navy – qui inclut le corps des Marines, doivent trouver chacun deux milliards à économiser, tandis que le reste du Département de la Défense doit seulement trouver un milliard. D’ici à 2016, chaque département militaire devra économiser dix milliards, et le reste du Pentagone, sept.
« Vous ne pourrez pas y arriver seulement en améliorant l’efficacité » a expliqué M. Lynn. « Il vous faudra éliminer les programmes moins importants. Vous devrez identifier les bâtiments dont vous n’avez pas besoin. Vous aurez à trouver les équipes dont vous pouvez vous passer. »
La directive sur les économies destinées à garantir une hausse effective des dépenses finançant les guerres avait déjà été évoquée par M. Gates lors d’un discours en mai dernier au Presidential Library and Museum dans le Kansas.
Parmi les problèmes fastidieux de dépenses identifiés par M. Gates figure le coût toujours en hausse de la « protection santé » (Health Care). M. Gates a expliqué que la nation était redevable d’une protection-santé de qualité pour ceux portant l’uniforme, leurs familles et les vétérans, mais a fait remarquer que les membres du système de protection sociale des armées n’avaient pas vu le montant de leurs primes augmenter depuis 15 ans – alors que le coût du programme annuel a grimpé de 19 milliards il y a 10 ans à 50 milliards actuellement.
« Les coûts liés au Health Care accaparent le budget du Département de la Défense » a affirmé M. Gates. Des officiels ont expliqué que les modifications du système de protection santé des militaires étaient à l’étude, mais qu’aucune décision n’avait été prise.
Une version de cet article a été publiée le 4 juin 2010 en page Q13 de l’édition de New York.
Traduction GV pour ReOpenNews
Notes ReOpenNews : lire aussi
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- 6 mai 2010 | Le Grand Soir | Tout le monde s’en fiche
- 28 avril 2010 | Granma international | Le Pentagone accusé de financer les talibans
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Eh ben,
On fait les fonds de tiroirs, semble-t-il.
Et après ?
Les USA vont-ils nous faire le « coup « de l’URSS, implosant, suite à ,coÎncidence, sa défaite en Afghanistan ?
De tous temps, sous des prétextes divers, les guerres ont toujours eu pour but, le pillage et, bien sûr, sont ruineuses pour ceux qui échouent…
Sauf que nous en pâtirions probablement tous, le dollar étant la monnaie de référence, d’une part et que, d’autre part, les stratèges américains iront jusqu’au bout dans leur fuite en avant. Pour tenter, en vain, de ne pas perdre la face.
Dans le fond, perdre de l’argent est peut-être le meilleur stimulant de la réflexion, bien qu’à posteriori.
Et dire qu’il y a encore des candides qui pensent que l’on fait tout cela pour combattre « l’esprit burka »…
« Dans les conseils du gouvernement, nous devons prendre garde à l’acquisition d’une influence illégitime, qu’elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d’un développement désastreux d’un pouvoir usurpé existe et persistera. »
Eisenhover dans son célèbre discours d’adieu de 1961
C’est arrivé !
Et tout le monde s’en fout…