Province de la Kapisa, Afghanistan : un tir de missile français tue quatre enfants

"On n’est pas là pour partir à la chasse aux talibans, parce que cela n’apportera pas plus de sécurité. C’est la population qu’il faut convaincre qu’elle n’a rien à gagner à être du côté de l’insurrection. » dit le Colonel J. Goisque, avant le départ en opération de la 3e brigade française mécanisée pour l’Afghanistan après un très fâcheux "incident".

A l’est de Kaboul, le 6 avril, les forces françaises tiraient un missile. A l’aveugle ? Quatre enfants afghans seront tués.

Le Monde.fr, dans sa rubrique "Les Dépêches" du 30 avril 2010, répercute l’acte de contrition du ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui "regrette profondément" la mort de ces enfants. The Newstation reproduit une dépêche d’Al Jazeera, précisant les faits. Nous faisons suivre ces dépêches d’un article pour le moins instructif de Valeurs actuelles qui annonce  le 29 avril : "Un vaste changement de chefs et de forces sur le terrain" pour la "Task Force Lafayette" – surnom donné aux troupes françaises par le Général McChrystal en charge de diriger les troupes européennes de l’OTAN en Afghanistan.

Le carnage dû au "French Touch" qui a ôté la vie à quatre enfants serait-il la cause de ce changement ?

 

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Enfants afghans


Morin "regrette profondément" la mort de 4 enfants afghans tués par l’armée française / Le Monde.fr 

AFP | 30.04.10 | 01h52

Le ministre français de la Défense Hervé Morin a dit jeudi à Mexico "regretter profondément" la mort de quatre enfants afghans tués par un missile tiré par les forces françaises à l’est de Kaboul le 6 avril."Il s’agit d’un dramatique et terrible concours de circonstances que je regrette profondément", a déclaré M. Morin devant la presse au premier jour d’une visite de 72 heures au Mexique.

 "J’ai eu l’occasion d’écrire au président (afghan Hamid) Karzaï pour lui faire part de ma solidarité avec les familles afghanes et lui dire que je m’associais à leur douleur", a ajouté le ministre de la Défense.

Pour autant, a-t-il assuré, "l’armée française a respecté de toute évidence toutes les procédures" d’engagement lors de cet incident.

A l’issue de trois semaines d’enquête, l’État-major des armées avait reconnu un peu plus tôt jeudi à Paris avoir tué accidentellement les quatre jeunes civils afghans.



Afghanistan : massacre d’enfants par les troupes françaises / The Newstation

Troupes françaises d’occupation en Afghanistan.
Les enfants afghans n’avaient pas compris que ces
Rambos surarmés étaient là pour les protéger…

 

L’armée française a reconnu avoir massacré quatre enfants par un tir de missile dans une zone de l’Afghanistan sous contrôle des talibans [résistance afghane] 

« Cela s’est passé le 6 avril, mais cela ne s’est su qu’aujourd’hui, car selon le porte-parole militaire français, il a fallu tout ce temps pour mener l’enquête », a rapporté ce jeudi depuis Kaboul notre correspondante Hoda Abdel Hamid.

Les enfants ont été tués quand les soldats français ont tiré un missile à partir d’une base militaire dans la province de Kapisa, après avoir été attaqués par les talibans.

« Ils disent avoir tenu leur position pendant environ une heure afin de comprendre d’où les tirs venaient, avant qu’ils ne reçurent l’ordre de lancer un missile téléguidé Milan qui est tout à fait précis », a déclaré Abdel Hamid.

Un porte-parole de l’armée française a confirmé que les enfants avaient été tués lorsque les troupes ont riposté, mais il a déclaré que les troupes n’avaient pas réalisé qu’il y avait des civils dans la zone.

« Nous nous attendons à une grande indignation de la part peuple afghan comme des officiels du gouvernement à la suite de ce qui s’est passé », a déclaré Abdel Hamid.

« Les attaques de ce genre où des civils sont massacrés, sont parfaites pour la propagande des talibans », a-t-elle ajouté.

 


Un vaste changement de chefs et de forces sur le terrain / Valeurs actuelles

Afghanistan : veillée d’armes avec les Bisons

Frédéric Pons le jeudi, 29/04/2010 dans Monde


Le colonel Jérôme GoisqueLa contre-insurrection à la française repose sur une culture innée et une préparation intensive. Reportage au sein de la 3e brigade mécanisée, avant son départ en opération.

Que les Français continuent à faire ce qu’ils font actuellement, ils abattent un travail impressionnant! Venant du général Stanley McChrystal, patron de l’OTAN en Afghanistan et l’un des généraux les plus charismatiques du monde occidental, le compliment vaut de l’or. Il l’a fait à Paris devant l’IHEDN, dans un point de situation lucide et franc : « Nous ne sommes pas en train de gagner, mais nous ne sommes pas en train de perdre. Les insurgés ne sont pas en train de gagner non plus. »

Sa stratégie de reconquête des bastions des insurgés, lancée le mois dernier dans la province du Helmand, s’annonce dure : « Il y aura encore plus de blessés et de tués. 2010 sera une année critique. »

D’autres offensives sont attendues ces prochains mois à Kandahar, à Kunduz et à Khost, afin de redonner l’initiative à l’armée afghane et de susciter la confiance de la population. Un colonel venu de Kaboul donne une autre clé à la tournée de son chef en Europe : «Il voulait redonner de l’allant aux décideurs militaires européens, aux responsables politiques et aux opinions publiques.»

À Paris, McChrystal a tenu à féliciter la “Task Force La Fayette”, nom donné à la brigade française (3000 hommes) déployée à l’est de Kaboul. « Les Français sont engagés depuis longtemps dans cette nouvelle culture militaire que nous appelons de nos voeux », dit encore ce colonel. Les soldats français que McChrystal a vus sur le terrain illustrent bien ce French touch si adapté à la contre-insurrection: la maîtrise de la violence et le respect des populations locales.

C’est une question de culture militaire acquise de longue date, mais aussi de formation. « Nous nous préparons depuis un an, avec un jalonnement encore plus précis ces six derniers mois », explique le général Pierre Chavancy, 50 ans, patron de la 3e brigade mécanisée (BM) de Limoges. Héritière des traditions de la 3e division d’infanterie algérienne, cette grande unité placée sous le signe du croissant de l’islam a bénéficié d’une préparation exceptionnelle pour sa mission en terre afghane, effective à partir de ce 1er mai.

Passé par le Tchad, le Centrafrique, le Golfe et la Bosnie avant de commander la prestigieuse 13e demi-brigade de la Légion étrangère à Djibouti, le général Chavancy devait prendre, ce 29 avril, le commandement de la Force La Fayette pour succéder au général Marcel Druart, en partance pour le quartier général de l’OTAN à Bruxelles.

“Il faut aussi que les familles aient l’explication du pourquoi”

Chavancy et son état-major ont achevé leur longue phase de préparation au Centre d’entraînement des postes de commandement (CEPC) du camp de Mailly (Aube), en compagnie de cadres des unités projetées pour ce nouveau mandat, dont ceux du 126e régiment d’infanterie (RI) de Brive-la-Gaillarde et du 21e régiment d’infanterie de marine de Fréjus. Des officiers américains et afghans, dont le général Izmeraï, commandant des forces afghanes dans la zone française, avaient aussi été mobilisés à Mailly pour “jouer” un environnement international réaliste.

« Le but est de nous permettre de chausser les bottes de nos prédécesseurs, avec qui nous étions connectés depuis des mois, explique Chavancy. Mes successeurs sont déjà connectés à moi. » Les successeurs de ses successeurs, présents à Mailly, viennent d’entrer à leur tour dans ce cycle de “tuilage”.

En janvier, une délégation de la 3e BM était aussi allée passer quinze jours aux États-Unis, aux côtés de la 101e division aéroportée, leur futur partenaire sur le terrain : « Pour être parfaitement dans l’esprit et assurer la continuité des actions. » Le leitmotiv de tous est clair : agir au profit des forces afghanes, mettre en musique l’“approche globale” ordonnée par l’OTAN, une combinaison d’effets militaires et civils pour assurer la sécurité, le développement, la gouvernance.

La pédagogie a joué un grand rôle : « Il est extrêmement important que nos soldats comprennent bien la logique de cet engagement. Non seulement pour qu’ils ne se trompent pas sur place, mais pour qu’eux-mêmes et leurs familles aient l’explication du pourquoi. » Grand lecteur de Kessel, Gallieni, Archinard, le général insiste sur le respect de la culture des Afghans : « Il ne s’agit pas de leur imposer un pseudo-modèle occidental, mais de leur permettre de trouver eux-mêmes les solutions à leurs affaires. Tout cela n’est pas très nouveau pour le soldat français. On a tous un peu de Lyautey en nous. »

Un panneau proclame la fière devise de la 3e BM: “Un seul but, la victoire”. Le général sourit. Comme son prédécesseur, il proscrit ce mot, préfère parler de succès : « Il n’y a pas de victoire particulière à attendre ni même à viser, ce n’est pas le but. » Ses indicateurs de succès seront difficiles à cerner : « Ils ne relèvent pas que du seul domaine sécuritaire. Plus on est accroché, plus on est sûr d’approcher du but. C’est parce qu’elle est prise au collet que la bête s’agite. »

Son souci prioritaire est la population : « Le succès sera le nombre de gens qui nous contactent pour travailler, pour nous prévenir d’un danger. A contrario, l’indicateur très négatif serait que la population nous tourne le dos. » Ne l’ont-ils pas toujours fait devant les étrangers? « Mais nous ne sommes pas des envahisseurs, s’insurgent Chavancy et ses cadres, même si la propagande des insurgés vise à faire croire le contraire à la population. On ne vient conquérir ni leur sol, ni même leurs coeurs. Nous voulons leur offrir les conditions de leur propre libération. »

Costaud, déterminé, le colonel Jérôme Goisque,42 ans,est l’un des “maréchaux” du général Chavancy pour cette mission de six mois qui commence. Ce saint-cyrien, père de quatre enfants, commande le 126e RI, ossature du groupement tactique déployé en Surobi, dans le sud de la zone La Fayette. La devise de son régiment est un état d’esprit, que revendique le colonel :“Fier et vaillant”

Ses “Bisons”, le surnom traditionnel de ses fantassins, vont patrouiller dans la région d’Uzbin, où dix soldats français ont été tués au combat, le 18 août 2008 : «L’évocation de ce nom est particulière, mais je suis dans une logique de dédramatisation. Cela aurait pu se passer ailleurs et on fait en sorte que cela ne puisse plus se passer du tout.  Aujourd’hui, cette vallée d’Uzbin est plutôt moins dangereuse que d’autres zones situées en Kapisa. »

Goisque martèle sa formule : « Pas un pas sans renseignement, pas un pas sans appui, pas un pas sans l’ANA [armée nationale afghane]. » Il est confiant. Sa “Task Force Bison”s’est autant entraînée à utiliser la violence de ses armes qu’à la maîtriser : « Nous devons toujours disposer d’un vrai rapport de force dissuasif pour les insurgés. La violence doit toujours être sous-jacente dans notre action pour, si possible, ne pas être utilisée. » La moitié environ de ses 500 soldats connaissent déjà le théâtre afghan : « On n’est pas là pour partir à la chasse aux talibans, parce que cela n’apportera pas plus de sécurité. C’est la population qu’il faut convaincre qu’elle n’a rien à gagner à être du côté de l’insurrection. »

Les six mois d’entraînement ont mûri ses Bisons.Leur appréhension initiale a fait place à la confiance : « Ils voient qu’ils sont bien équipés et bien entourés, préparés de façon sérieuse, mais, dans cette mission plus que dans d’autres,ils ont pris conscience qu’ils peuvent être tués, que les modes d’action sont sournois. C’est un peu la lâcheté de l’ennemi qui fait peur. » Et aussi, souvent, la pression des familles. Le colonel Goisque s’est adressé à elles avant le départ : « N’ayez pas peur. Il peut toujours arriver quelque chose, mais je vous assure que les soldats sont préparés, équipés et engagés dans un environnement où tout est fait pour ne pas prendre de risques inconsidérés. »

À Mailly, les officiers de la 3e BM avaient placardé quelques citations utiles. Kessel et Lawrence d’Arabie, bien sûr, mais aussi ce mot du général Druart, premier patron de la brigade La Fayette, de retour cette semaine du “royaume de l’insolence” et de toutes les incertitudes : « Vouloir comprendre est une vertu. Croire comprendre est une faute. » Frédéric Pons

 


Au lendemain de la triste bavure des forces françaises,  d’autres "incidents" se produisent, comme nous l’apprend france24

Afghanistan: l’OTAN ouvre le feu sur une voiture et tue trois civils

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Des soldats de l’OTAN ont ouvert le feu sur une voiture dans le sud de l’Afghanistan tuant par erreur deux femmes et une jeune fille, ont annoncé les autorités afghanes au lendemain de la reconnaissance par l’armée française d’une bavure à l’ouest de Kaboul.

AFP – Des soldats de l’OTAN ont ouvert le feu sur une voiture dans le sud de l’Afghanistan tuant par erreur deux femmes et une jeune fille, ont annoncé les autorités afghanes au lendemain de la reconnaissance par l’armée française d’une bavure à l’ouest de Kaboul.

"Deux femmes et une jeune fille ont été tuées", a déclaré à l’AFP Zemaray Bashary, le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur.

L’incident s’est produit dans la province de Zabul, dans le sud du pays. Une femme a également été blessée par les tirs.

Le convoi des forces internationales a ouvert le feu sur un véhicule venant en sens inverse. "Ils ont pensé que c’était des talibans, mais c’était une voiture de civils", a souligné le porte-parole du ministère, précisant qu’il s’agissait bien d’une "erreur".

Cinq personnes se trouvaient dans la voiture. Seul le chauffeur n’a pas été touché.

Selon le porte-parole du gouvernorat local, Mohammad Jan Rasul Yar, des soldats de l’OTAN s’apprêtaient à désamorcer une bombe posée sur la route quand le véhicule s’est approché.

"Les soldats de l’OTAN ont mis en garde le véhicule, ont réalisé des tirs de sommation, puis ont tiré sur le véhicule" qui ne s’arrêtait pas, a indiqué le porte-parole.

Selon lui, le chauffeur a également été sérieusement blessé.

Le général britannique Nick Carter, commandant des forces internationales dans le sud, a indiqué lors d’une conférence de presse à Kandahar qu’il était au courant de l’incident. "Il y a une enquête en cours", s’est-il contenté de dire.

Interrogée à Kaboul, l’OTAN a indiqué qu’elle n’avait pas d’informations.

Ce nouvel incident intervient au lendemain de la reconnaissance par l’armée française d’une bavure le 6 avril à l’est de Kaboul.

Le commandement militaire français a reconnu avoir tué accidentellement quatre jeunes civils afghans lors d’un tir de missile terrestre antichar visant des insurgés.

La mort de civils afghans en marge du conflit armé est un sujet de vive tension entre le président Hamid Karzaï et les forces internationales, même si les frappes des talibans ont dépassé celles de l’OTAN comme première cause de mortalité des Afghans selon l’ONU.

Le 12 avril, Hamid Karzaï, dont les relations avec ses alliés occidentaux se sont tendues après sa réélection controversée d’août dernier, avait accusé les troupes de l’OTAN d’avoir tué quatre civils en ouvrant le feu sur un autobus dans le sud du pays.

Critiqué par le gouvernement afghan pour tuer parfois sans discernement talibans et simples habitants, Washington avait assuré que la réduction du nombre de victimes civiles, notamment lors des bombardements de positions rebelles dans des villages, était "une priorité" des troupes occidentales.

Le général américain Stanley McChrystal –commandant en chef de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’OTAN et des forces américaines– a aussi ordonné récemment des conditions plus strictes pour les opérations nocturnes contre des habitations afghanes.

Selon un rapport de l’ONU, 2.412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009. En hausse de 14% par rapport à 2008, ce bilan est le plus lourd depuis le déclenchement de la guerre en 2001.

Dans un autre incident, dans la province du Helmand, bastion des talibans, cinq civils ont été blessés par l’explosion d’un vélo piégé garé en face d’un centre de soins.

 


En lien avec l’article :

Afghanistan : l’OTAN a tenté de dissimuler les faits après un raid qui a tourné au carnage, révèle le Times / ReOpenNews

Newstation a répertorié les massacres de civils afghans au cours de ces quatre dernières années, tels que publiés au fil de l’actualité par info-palestine

Massacre de soldats afghans par les troupes allemandes – 3 avril 2010
Afghanistan : l’OTAN commet un nouveau massacre de civils – 22 février 2010
Le massacre de Kunduz : que cache le gouvernement allemand ? – 18 décembre 2009
Le massacre de Kunduz exprime la véritable nature de la guerre en Afghanistan – 15 septembre 2009
L’OTAN commet un nouveau massacre en Afghanistan – 4 septembre 2009
L’OTAN commet un nouveau massacre de civils en Afghanistan – 6 mai 2009
Afghanistan : les Etats-Unis commettent un nouveau massacre – 6 novembre 2008
Afghanistan : plus d’une centaine de civils massacrés par l’OTAN – 25 août 2008
Afghanistan : nouveau massacre de civils par l’OTAN – 23 août 2008
Afghanistan : les survivants témoignent du bombardement d’une cérémonie de mariage – 15 juillet 2008
Afghanistan : les crimes de l’impérialisme – 13 juillet 2008
Afghanistan : l’OTAN massacre des civils lors de raids aériens – 3 août 2007
Afghanistan, terre d’expérimentation – 2 juillet 2007
Afghanistan : nouveau massacre de civils par les troupes d’occupation – 1e juillet 2007
Afghanistan, Irak : quand la mort vient du ciel – 5 juin 2007
Les Afghans dénoncent les victimes civiles des bombardements – 12 mai 2007
Un massacre provoque des manifestations anti-américaines en Afghanistan – 7 mars 2007
Afghanistan : massacre de civils par les forces américaines – 6 mars 2007

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