Nouvel Obs : Guantanamo, Bush savait que des détenus étaient innocents
Révélation fracassante et accusatrice d’un ex-collaborateur[1] de George W. Bush dans le Times de Londres et repris par le Nouvel Observateur : Laurence Wilkerson l’affirme : "Bush savait pour Guantanamo". Il savait, Cheney, et Rumsfeld savaient aussi. Et pourtant, ils ont laissé enfermer des innocents à Guantanamo au mépris du droit international, afin de poursuivre leur "guerre contre le terrorisme". Autrement dit, Guantanamo a constitué un outil fondamental de la politique étrangère américaine depuis le 11-Septembre, et n’est toujours pas fermée plus de 14 mois après l’arrivée de Barack Obama au pouvoir. Que les "fuites" de ces derniers jours[2] constituent ou non les échos perceptibles d’une guerre larvée entre différentes forces politiques aux USA ou au sein des Services secrets, toujours est-il que la vérité se fait jour petit à petit. À quand des révélations sur le 11-Septembre lui-même ?
D’après les déclarations de Laurence Wilkerson l’ancien chef de cabinet de Colin Powell,
Georges Bush était "impliqué dans le processus
de décision concernant Guantanamo" (AFP)
paru dans le Nouvel Observateur le 10 avril 2010
Parmi les 742 prisonniers en 2002, "la plupart n’avaient pas été arrêtés par les forces américaines" mais vendus 5.000 dollars par tête aux Etats-Unis[3] selon l’ancien bras-droit[1] de Georges Bush.
Lawrence Wilkerson, l’ancien bras-droit[1] de l’ex-président américain Georges Bush, a affirmé dans une déclaration datée du 24 mars et publiée vendredi 9 avril dans le quotidien britannique The Times, que la majorité des détenus de Guantanamo étaient innocents. Selon lui, ils auraient été détenus pour des raisons politiques.
Parmi les 742 prisonniers que le camp de détention comptait en 2002, "la plupart n’avaient pas été arrêtés par les forces américaines" mais vendus 5.000 dollars par tête aux Etats-Unis, a affirmé le directeur de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat américain entre 2002 et 2005. Et de souligner "qu’aucun élément à charge n’accompagnait le prisonnier", et "qu’il n’y avait pas de moyen de savoir pour quelle raison il avait été arrêté au départ".
"Une confusion incroyable" entourait Guantanamo
La déclaration de Lawrence Wilkerson vise également plusieurs personnalités, comme l’ancien vice-président Dick Cheney et l’ex-secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. D’après l’ancien bras droit de Georges Bush[1], ils savaient tous les deux que la majorité des personnes détenues en 2002 sur la base étaient innocentes mais qu’il était "impossible politiquement de les relâcher". Les deux hommes n’auraient pas voulu relâcher les "innocents" car cela aurait "révélé la confusion incroyable" qui entourait les conditions à Guantanamo, ajoute-t-il. Le maintien "d’innocents se morfondant à Guantanamo pendant des années était justifié par la guerre contre le terrorisme et le petit nombre de terroristes responsables des attentats du 11 septembre 2001", poursuit-il.
Autre personne mise en cause, l’ancien président américain Georges Bush. "J’ai parlé au secrétaire Powell des détenus de Guantanamo. J’ai appris qu’il était d’avis que ce n’était pas seulement le vice-président Dick Cheney et l’ex-secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, mais également le président Bush qui était impliqué dans tout le processus de décision concernant Guantanamo", a indiqué Lawrence Wilkerson dans sa déclaration.
Cette déclaration du colonel a reçu l’appui du général Powell, qui a quitté l’administration Bush en 2005, selon The Times. Selon Lawrence Wilkerson, celui-ci était soucieux de constater que certains détenus de Guantanamo avaient été arrêtés "à l’âge de 12 ou 13 ans", ou "à 92 ou 93 ans".
Les hommes libérés n’ont pas obtenu gain de cause
Cette déclaration a été produite pour soutenir la plainte pour torture et mauvais traitements que Adel Hassan, un Soudanais détenu dans la base de 2003 à 2007, a déposée devant un tribunal fédéral de Washington. Sa plainte en Habeas corpus, contestation du bien-fondé de sa détention, ainsi que celle de 104 autres anciens détenus de Guantanamo, a été rejetée au début du mois par un juge de la capitale fédérale américaine. Celui-ci a estimé que ces hommes ayant été libérés, leur action en justice s’éteignait.
Le président américain Barack Obama a ordonné la fermeture de la prison sur la base américaine située à Cuba. Mais il n’a pu tenir son engagement, en raison de la complexité politique, judiciaire et humanitaire que cela représente.
Près de 180 personnes sont encore détenues à Guantanamo à l’heure actuelle.
(Nouvelobs.com avec Afp)
Référence ReOpenNews :
- Laurence Wilkerson fut directeur de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat américain Colin Powell entre 2002 et 2005
- "Wikileaks : une vidéo classifiée montre des « meurtres collatéraux » en Irak" paru 8 avril 2010.
- Voir la vidéo "The Power of Nightmares, ou comment fabriquer des cauchemars", du 22 mars 2010
Lire aussi
- "L’Amérique et les taliban : de la coopération à la guerre", paru le 23 mars 2010
Je reprends la dernière phrase de l\’article :
« Mais ( Obama ) il n’a pu tenir son engagement, en raison de la complexité politique, judiciaire et humanitaire que cela représente.\ »
Il semble donc que le président d’un pays qui passe pour le plus puissant du monde, n’est pas maître en son moulin !
Auquel cas la complexité invoquée ne serait là peut-être que pour masquer cette impuissance.
Ça promet pour le futur du monde !
Ce matin, je suis tombé sur un documentaire sur euronews qui s’appelait « lost in guantanamo »
http://www.euronews.net/2010/04/07/lost-in-guantanamo-euronews-investigates/
Impossible de retrouver les vidéos, mais c’était effrayant de voir la différence entre les témoignages d’anciens détenus et ceux des gardiens.