« La Stratégie du Choc » de Naomi Klein dans les salles de cinéma
C’est l’un des livres "référence" pour appréhender le monde post-11 Septembre. Son auteur, la journaliste canadienne Naomi Klein, n’a eu de cesse depuis des années de dénoncer ce qu’elle appelle le "capitalisme du désastre", ou l’utilisation de toute catastrophe au profit de réformes radicales difficiles à mettre en place en temps normal. Le film tiré de cet ouvrage vient de sortir dans les salles de France, souhaitons-lui un franc succès.
paru sur AgoraVox le 01 mars 2010
Depuis le succès de son livre No Logo, publié en 2000, Naomi klein est devenue une sorte d’icône de la lutte contre un « système mondialisé de prédation économique ». Elle décrit la mise en place méthodique et le fonctionnement brutal de ce système dans « La Stratégie du choc » (The Shock doctrine) paru en 2007.
Un documentaire basé sur le best-seller de Naomi klein a depuis vu le jour sous la direction de Michael Winterbottom et Mat Whitecross. La Stratégie du choc sort au cinéma ce mercredi 3 mars.
Naomi Klein, son parcours et son livre à l’origine du documentaire
Naomi Klein est née à Montréal en 1970, le Canada étant devenu la patrie d’adoption de ses parents, qui avaient fuit les Etats-Unis en signe de protestation contre la guerre du Viêt Nam. Elle est devenue journaliste, écrivain et cinéaste. Le succès mondial de son livre No Logo va lui donner le statut de figure de proue du militantisme altermondialiste.
Dans No Logo, paru en 2000, elle dénonce le cynisme des multinationales qui sous-traitent la confection de leurs produits, essentiellement dans les pays du Sud, où la main d’oeuvre y est bon marché et la réglementation (en matière de sécurité, de droits des salariés, de conditions de travail, de protection de l’environnement,…) quasiment inexistante. De là naît un mécanisme de concentration de ces multinationales, qui imposent un modèle économique engendrant localement une recrudescence des emplois précaires, tout en aliénant les consommateurs à leurs marques. En effet, les gains engrangés par ces multinationales sont utilisés pour développer le marketing à outrance et organiser une véritable guerre pour installer leurs marques dans pratiquement chaque parcelle de la vie de tout un chacun (les écoles ne faisant pas exception).
Le livre aura un véritable succès et fera connaître Naomi Klein dans le monde entier.
En 2004 elle réalise The Take qui raconte le combat de trente ouvriers mis au chômage suite à la crise économique argentine de 2001. Un combat face à leurs anciens patrons et face aux banquiers, pour prendre le contrôle de leur usine et sauver leurs emplois…
La Stratégie du Choc paraît en 2007 et s’attaque à ce que Naomi Klein appelle le capitalisme du désastre. Pour elle il est évident que ce capitalisme dévoyé profite du moindre désastre naturel, attentat, coup d’état, bouleversement politique, économique ou social, pour imposer des réformes économiques radicales. L’état de stupeur généralisée qui suit ces désastres étant mis à profit, pour réduire drastiquement les prérogatives de l’Etat, faire des coupes sombres dans les dépenses sociales et laisser le champ libre aux multinationales dans leurs activités de captation des richesses, d’exploitation de la main d’oeuvre et d’aliénation du consommateur.
Elle explique ce processus dans cette interview vidéo en trois parties proposée par La Télé Libre en 2009, et dans cet entretien paru dans Les Inrockuptibles en 2008 :
Comment l’idée de travailler sur les chocs et désastres vous est-elle venue ?
Lors de mes recherches en Irak. L’invasion américaine a clairement permis la thérapie de choc économique menée par Paul Bremer (administrateur du pays de 2003 à 2005 – ndlr). C’est vrai aussi pour la Banque mondiale après le tsunami, ou l’administration Bush après l’ouragan Katrina. Le titre initial n’était pas The Shock Doctrine mais « Blank is beautiful » (« Le vide est magnifique »), un jeu de mots autour de l’idée qu’un désastre crée un retour à un état vierge qui permettrait la construction d’une nouvelle société.
Vous expliquez que le Chili a joué un rôle important pour la mise en place de ce capitalisme du désastre…
C’est le premier pays à avoir adopté une politique néolibérale. Dans les années 1970, au Chili comme en Argentine, le principal outil utilisé pour imposer une thérapie de choc fut la torture. Il y a un lien entre l’installation de régimes autoritaires de ces pays et la première étape du néolibéralisme. Les idéologues de l’université de Chicago, Milton Friedman et ses « Chicago boys », conseillaient Pinochet. Ils sont complices de la mise en place de la dictature, dont ils ont tiré profit pour tester leurs théories. Dans un premier temps, les seuls pays à les avoir acceptées furent des dictatures qui se faisaient appeler démocraties. Cette première étape a permis la transition de leurs théories en pays démocratiques. En 1985, la Bolivie fut le premier pays sud-américain à adopter la thérapie de choc économique sans être une dictature.
Quelle influence Milton Friedman garde-t-il dans les universités américaines ?
C’est une figure très respectée. En ce moment, ses fans sont soucieux de protéger son héritage. Un étudiant vient de me transférer un mail du président de l’université de Chicago dans lequel il annonçait la création de l’institut Milton Friedman. Il y a deux semaines, l’institut Cato, un think tank de Washington, a décerné le Milton Friedman Freedom Fighter Award,doté de 500 000 dollars, à un étudiant vénézuélien de 23 ans qui est un des principaux organisateurs de la campagne anti-Chavez.
Le capitalisme modéré est-il incapable de proposer des alternatives lors des crises ?
Dans ces moments-là, les propositions alternatives manquent de conviction. Le poète Yeats écrivait « the best lack all conviction, while the worst are full of passionnate intensity » (« les meilleurs manquent de toute conviction alors que les pires débordent d’intensité passionnée »). Ce fut le cas après l’ouragan Katrina. C’est tristement ironique car cette catastrophe est une conséquence du capitalisme : le réchauffement climatique augmente le nombre et l’intensité des ouragans ; les infrastructures de mauvaise qualité écroulées sont les résultats de trente ans de guerre contre la sphère publique. En Europe notamment, certains pensaient que cela allait réveiller la gauche américaine. Mais l’administration Bush et ses amis n’ont pas perdu une seconde pour se saisir de l’opportunité et finir le job : éliminer le secteur public de la Nouvelle-Orléans. Les progressistes ont bien tenté de dénoncer la relation entre l’ouragan et le réchauffement climatique mais ils se sont vu rétorquer : « Ne politisez pas la tragédie ! ». Alors les progressistes ont abandonné la ville. Barack Obama ne s’en est même pas approché.
Quels effets pourraient produire sur la Chine le récent tremblement de terre de la province du Sichuan ?
La Chine, c’est un peu comme le Chili. Ils n’ont pas besoin de crises car ils ont déjà la terreur. Dans le livre, je raconte que le massacre de Tiananmen a constitué un choc pour signifier à la population que les résistants à la dictature seraient écrasés. Le gouvernement a peur des désastres naturels car tout doit être sous contrôle, les désastres comme les manifestations. C’est pourquoi les autorités sont intervenues rapidement après le tremblement de terre. Aujourd’hui, la Chine est le plus grand marché de la surveillance.
Avez-vous l’impression, comme nombre d’observateurs, que le mouvement altermondialiste est en perte de vitesse ?
En 2000-2001, nous pouvions parler d’un mouvement global. Ce moment a changé les choses. En Amérique latine, il est plus fort que jamais. Aux Etats-Unis et au Canada, le mouvement dénonçait l’économie, il est aujourd’hui centré sur la guerre. C’est pour cela que je fais le lien entre les deux dans mon livre. En France, la résistance a toujours été spécifique, dans la continuité de mouvements antérieurs, alors qu’ailleurs le mouvement était mené par des plus jeunes. En même temps, il est vrai que vous avez des mouvements étudiants incroyables. Dans beaucoup de pays, la gauche est tellement faible que cela a permis la création de nouveaux mouvements, ce qui a moins été le cas de la France où la gauche reste forte.
Vos ouvrages font office de manifestes. Assumez-vous ce statut ?
Je ne sais pas où les gens vont chercher cette idée que j’écris des manifestes. [...]
La Stratégie du Choc s’attache à raconter l’histoire non officielle. No Logo n’a rien à voir avec un manifeste qui dirait : « Ceci est notre monde parfait ». Ma façon d’être une activiste est de faire du journalisme. Avec mon équipe de chercheurs, nous sommes particulièrement attentifs à ne pas faire d’erreur pour ne pas être poursuivis. Le plus dur n’est pas de dévoiler des documents secrets mais plutôt de passer du temps à lire des documents bancaires très ennuyeux (rires) ! Je fais du journalisme à l’ancienne et je suis plus pragmatique qu’utopiste. L’important est de protéger ce qui est bon – nos systèmes publics de santé, d’éducation, les médias indépendants – d’en agrandir les espaces et de faire une société plus humaine.
Aujourd’hui, dans le contexte de la crise alimentaire, il faut se battre contre les grosses compagnies agroalimentaires qui brevètent les semences de céréales adaptées au changement climatique. Sinon on se dirige vers une issue terrifiante : à l’identique de celle de l’épidémie du sida en Afrique, où les gens sont morts parce que les compagnies pharmaceutiques avaient breveté les médicaments. Ils les ont laissés mourir.
Cela vous inquiète-t-il que le réchauffement climatique soit source de profit ?
Il vient de se passer une chose importante en Equateur. Le président de gauche Rafael Correa réclamait une taxe sur les profits des pipelines qui traversent l’Amazonie afin de financer la santé et l’éducation. Or il s’est heurté à l’opposition d’un mouvement indigène très organisé qui réclame le départ des compagnies pétrolières et l’arrêt des extractions. Ce groupe refuse un modèle qui participe au réchauffement climatique, quitte à faire une croix sur une politique redistributive. Ce débat est excitant car il va à l’encontre des réponses actuelles au réchauffement climatique, comme la taxe carbone ou le marché de la pollution.
Vos détracteurs ont critiqué le lien fait entre torture, psychiatrie et économie ainsi qu’une vision complotiste.
Que répondez-vous à ces critiques ?
Je n’ai pas inventé ce lien. Ce sont les économistes qui appellent leurs travaux « traitement de choc », « thérapie de choc ». Cela fait enrager l’establishment économique que je confronte leurs métaphores à la réalité, mais je ne dis pas que ce sont des tortionnaires. Certains déforment mes déclarations dans le but de me discréditer. Je me suis contentée de mettre en lumière des similarités de pensée entre des stratégies économiques, médicales, psychiatriques et militaires. Sans cette partie, j’aurais subi moins de controverses, mais démystifier les économistes est un de mes buts. Dans mon essai, je cite un passage d’une lettre écrite du Chili à Friedman par l’économiste André Gunder Frank, un de ses étudiants : « Votre théorie, c’est un massacre ». Il l’a appelée « génocide économique » et ils l’ont viré. Ceux qui dénoncent la réalité sont traités avec dédain par les théoriciens. L’économiste Joseph Stiglitz, qui a aussi critiqué le lien avec la torture, m’a beaucoup soutenu en disant que mon livre est avant tout un texte journalistique et politique.
(…)
Propos recueillis par Jean-Marie Durand et Anne Laffeter
Extraits d’un entretien paru dans Les Inrockuptibles le 17 juin 2008
à l’occasion de la sortie du livre.
Le documentaire de Michael Winterbottom et Mat Whitecross
La Stratégie du choc – Trailer
envoyé par hautetcourt. – Regardez des web séries et des films.
La Stratégie du choc – extrait
envoyé par hautetcourt. – Regardez des web séries et des films.
Michael Winterbottom est un réalisateur anglais né en 1961 à Blackburn. Il a réalisé, entre autres, Code 46 (thriller de science-fiction, 2003), In this world (Ours d’or au festival de Berlin) et Tournage dans un jardin anglais (en 2004).
Michael Winterbottom
Mat Whitecross est coréalisateur (avec Michael Winterbottom) de The road to Guantanomo, réalisateur de Sex & Drugs & Rock & Roll, et de Moving to mars.
Mat Whitecross
Présentation du documentaire La Stratégie du Choc par Michael Winterbottom :
« J’ai découvert La Stratégie du Choc grâce à Alan Hayling et Alex Cooke, mes producteurs. Ce livre a été un véritable choc pour moi ! Et j’ai eu envie d’en faire un film. J’ai proposé cette aventure à Mat Whitecross, avec qui j’ai coréalisé The Road to Guantanamo.
Avec Mat nous souhaitions respecter l’architecture du livre : en commençant par les recherches de Cameron et les théories de Friedman des années 50, puis en suivant les mises en oeuvre concrètes de cette pensée à travers l’Histoire. Les étapes du film étaient clairement définies dès le départ : le Chili de Pinochet, les politiques de Thatcher et Reagan, l’effondrement du bloc soviétique, le 11 septembre et l’essor de l’industrie sécuritaire, Guantanamo et la guerre en Irak. Nous avions également l’ambition de parler de la crise boursière asiatique et du chapitre de Naomi sur Israël mais nous avons dû faire des choix. Par ailleurs, il nous semblait essentiel de parler de Katrina et du Tsunami. Enfin, l’élection d’Obama comme la crise financière sont survenues pendant le montage du film. Nous les avons donc intégrées à notre travail. La crise financière est de toute évidence le résultat de la dérégulation des marchés.
Même les plus fervents défenseurs du libre échange ont commencé à se poser des questions. D’une certaine façon, l’élection d’Obama était une réponse à cela.
Ce qui nous a guidé tout au long du processus de création, c’est qu’avant tout, nous voulions réaliser un documentaire qui ait du sens pour la jeune génération. Ma fille vient d’avoir 18 ans et a donc désormais le droit de vote. En adoptant son regard, nous avons tenté de proposer un éclairage pertinent sur la situation actuelle. Le film dans sa forme et dans son rythme est le résultat d’un long processus de recherche d’archives d’une part et d’articulation entre une narration et les interventions publiques de Naomi d’autre part. Elle n’a pas hésité à réagir sur le matériel que nous lui soumettions. Bien qu’elle ait cautionné l’idée de départ, elle a cependant émis quelques réserves sur l’absence de témoignages d’experts. Mais comme le dit très justement Naomi, ce film n’est pas son livre mais l’adaptation que Mat et moi en avons fait. Nous voulions que le film s’achève sur l’encouragement de Naomi à ne pas laisser les politiques décider seuls des changements. Si vous voulez que quelque chose change, vous devez contribuer personnellement à ce changement. »
Michael Winterbottom
On ne peut trouver meilleure conclusion : « Si vous voulez que quelque chose change, vous devez contribuer personnellement à ce changement. »
Si les livres de Naomi klein, ses interviews, conférences, articles, et ce documentaire, pouvaient contribuer à ce qu’un maximum de personnes prennent leur destin en main, le pari serait en passe d’être gagné…
« Dans beaucoup de pays, la gauche est tellement faible que cela a permis la création de nouveaux mouvements, ce qui a moins été le cas de la France où la gauche reste forte. »
Oulà, elle surestime légèrement notre gauche là… c’est un gouvernement « de gauche » qui a commencé à appliquer le processus de Bologne en France si je ne m’abuse.
Belle, brillante, généreuse…je suis sous le charme ;-)
Je sais ce que je vais aller voir ce week-end! ;D
Plusieurs incohérences dans le discours de Naomi Klein:
-Son assertion concernant le lien entre l’ouragan Katrina et le réchauffement climatique n’est pas prouvé.
Al Gore, un mondialiste ultra-capitaliste soutenu par la banque Goldman Sachs vert fait le même constat. Plutôt étrange que Naomi Klein le rejoigne en tout point.
-Le terme altermondialiste me paraît impropre. Cela veut donc dire qu’elle est mondialiste. Etrange encore. Il n’y a qu’une mondialisation. On est pour (comme Al Gore, Sarkozy, Obama, Tony Blair…), ou on est contre, point.
-Attaque de la Chine déplacée, dans la droite ligne de la politique impérialiste Américaine (néo-cons, Dalaï-Lama-CIA etc.). Vous avez dit altermondialiste?
-En Amérique Latine, les politiques menées n’ont rien à voir avec l’altermondialisme. Aucun de ces pays n’a l’intention de recréer une Union Européenne-bis. Au contraire, les pays affirment leur souveraineté et leurs frontières face à l’Américanisme.
Alors on me répondra: oui mais elle contre la taxe carbone. Certes. Et que sous-entend elle? Qu’on supprime l’automobile! Comment? Mystère. Grâce à des mesures totalitaires? On va revenir à l’age des cavernes comme disent les ultra-libéraux?
Inconsciemment ou non, nous voilà face à deux systèmes en réalité très proches sous lesquels affleurent des idées fascisantes. Seul la couleur change, mais le goût est le même.
Naomi Klein n’est pas une femme politique, c’est une « activiste ». Terme fourre-tout qui permet de ne pas répondre aux questions essentielles et concrètes: comment on applique ses vagues mesures démocratiquement? Question simple à poser mais ô combien difficile à réaliser. Naomi Klein s’arrête sur le seuil de la porte sans l’ouvrir. On n’a pas avancé d’un pas.
Naomi Klein et le 11 septembre. Quelques éléments :
http://www.rense.com/general78/naom.htm
http://newsoftomorrow.org/spip.php?article2593 :
« Elle l’a affirmé sans équivoque : ce sont les attaques du 11 septembre 2001 qui l’ont poussée à écrire. Le vase débordait. Elle a eu envie d’écrire sur ce changement rapide qui s’opérait au sein de la société américaine et sur la justification des nouvelles politiques guerrières du président états-unien. « Je ne vois guère de différence entre les doctrine de l’école de Chicago et la plateforme politique de George W. Bush en 2000 », a-t-elle soutenu. »
http://www.mecanopolis.org/?p=8422 :
Extrait d’un texte de Anthony J.Hall publié par le Réseau Voltaire:
« Comme la plupart des auteurs qui écrivent sur la guerre contre le terrorisme, Klein aborde les attentats du 11 Septembre du bout de l’orteil pour arriver indemnes sur un terrain professionnel plus sûr. Pour elle, cette zone plus sûre consiste à documenter la façon dont Bush, Cheney, Rumsfeld, Paul Bremer, et les autres architectes et ingénieurs de la privatisation de l’économie de la terreur ont exploité le 11 Septembre pour faire progresser leur ordre du jour politique. Mais éludant quasiment le sujet de ce qui s’est réellement passé le jour du Grand Choc, Klein s’incline devant le mantra « des échecs de la sécurité le 11-Septembre ». Klein emmène alors ses lecteurs dans sa très originale et importante analyse économique de l’Irak, le « Ground Zero » de la guerre contre le terrorisme.
Je crois comprendre la décision journalistique de Naomi. Je considère cela comme un compromis nécessaire, si elle voulait conserver un espoir de faire connaître son très utile travail sur les médias au Canada et aux États-Unis ainsi qu’auprès de jeunes militants dans le monde entier. »
Eaux Troubles et Sebastien,
Je voix que Reopen fait bien des progrès en ce qui concerne l’acquisition de lecteurs avec un vrai esprit critique qui se donnent la peine de commenter.
Il me semble qu’en anglais il y a un terme pour désigner des gens comme Naomi Klein: c’est « Gatekeeper ».
Par contre la notion du « gestion par la catastrophe » c’est réellement en train de se passer. Ce n’est pas propre au Capitalisme comme elle le suggère mais c’est un phénomène authentique.
J’attends avec hâte de vous relire ici, bientôt.
Même sur la crise elle est consensuelle.
Finalement, elle ne serait due qu’à la dérégulation.
Les riches ne feraient que saisir des opportunités.
S’il y a destruction économique (voir in fine génocide mais elle ne développe pas ce terme) les politiques ne sont surtout « pas des tortionnaires »…
Pourtant il me semble évident que certains riches croient pour eux-mêmes à la théorie du verre brisé qui relance l’économie via les contrats étatiques, alors qu’évidemment, en globalité, cela ne fait que « renflouer » de l’argent qui aurait mieux servir à laisser prospérer ailleurs de nouveaux ilôts de vie plus autonomes. En fait les gens de droite sont devenus très opposés aux vrais libéraux à la Bastiat. Et ils étendent leur contrôle international pour aller dans le sens de leurs intérêts.
Elle dit vouloir faire le lien entre l’économie et la guerre, mais évoque-t-elle au moins des stratégies militaires comme celles du PNAC où l’on perçoit bien l’impatience de charognards de ces gens à voir survenir ledit choc ou déluge de pépettes ?
Non seulement les destructions et les attentats par infiltration sont voulus et pratiqués depuis belle lurette pour maintenir ou relancer l’ordre capitaliste conventionnelle.
Mais la crise a tout l’air d’être à nouveau un providentiel Pearl Harbor sans lequel le processus de transformation vers le NWO, révolutionnaire, aurait eu peu de chances de se faire même à long terme.
Naomi est-elle vraiment libérée de ses propres contraintes matérielles et de son ancien désir d’adolescente de beauté – sous-entendu de réussite – pour faire autre chose que du journalisme, comme elle le dit, « à l’ancienne » ?
Force est de constater qu’elle n’est pas très résistance à la propagande du choc des civilisations.
Plus généralement, il faut noter que le sens critique ou la sensibilité font souvent défaut aux femmes – ou du moins n’ont-elles pas trop envie de cultiver ces qualités qui les isoleraient de leur entourage ou les déprimeraient. Et pour revenir à la résistance aux stratégies du choc dans la vie, dans le révélateur et désormais culte « jeu de la mort » de Christopher Nick, j’ai cru relever qu’on ne voyait qu’une femme sur neuf hommes résister vraiment à la pression de la présentatrice-tortionnaire et du troupeau, et arrêter, sans trop donner de raisons d’ailleurs pour sa part, ce jeu macabre quand le cobaye demande à ce que soit mis fin aux chocs…
(Désolé si tout n’est pas au clair, mais il est tard…)
Je viens de lire ce livre. Il est terrifiant. Je pense qu’il faudrait absolument le promouvoir a chaque fois qu’on en a l’occasion. Au passage, les critiques ci-dessus me laissent froid. Quand on se rend compte que le 9/11 résulte a n’en point douter d’une machination monstrueuse, après, ce qu’on lit du livre La Stratégie du Choc a beaucoup de sens. Tout ce qui arrive suit les même logiques et va dans la même direction. Peu importe que par endroit l’analyse ne soit pas totalement pertinente. (Par exemple, Milton Friedman promouvait un ultra-libéralisme absolu, mais ceux qui se sont servi de ces thèses pour justifier leurs vols n’ont pas donné dans le libéralisme, mais dans une sorte d’étatisme dictatorial odieux. Bon d’accord, peut-être que N. Klein a mal jugé M. Friedman, mais ça ne change rien au fait qu’une dictature odieuse est en train de se répandre sur la planète sous masque de libéralisme-liberté, et qu’il serait nécessaire d’en prendre conscience !)
[Commentaire modéré : hors-sujet]