Bagram, un Guantanamo en Afghanistan

Bientôt la fin de Guantanamo, alors que Bagram prospère. Même modèle, même recours à la torture, mêmes crimes commis au nom de l’Amérique : voici Bagram, prison US violant les droits de l’homme… en terres afghanes.

C’est un reportage de la BBC publié ce mercredi qui a relancé l’affaire : 25 ex-détenus de Bagram, relâchés sans être inculpés ni jugés, ont vécu pendant plusieurs années la torture au quotidien, témoignent à visage découvert. L’affaire est relancée, car Bagram n’est pas inconnue.

La prison est située au cœur d’une des plus importantes bases militaires en Afghanistan, à 50 km au Nord de Kaboul, et elle a été ouverte en 2002, dès le début de l’opération. C’est à Bagram que sont regroupés les prisonniers que les troupes US estiment proches des réseaux. Bagram est le lieu de premières vérifications, avant le transfert sur Guantanamo.  

bagram_ii100702e.small.jpgUn vol Bagram – Guantanamo : l’horreur.

Tout change lorsqu’en 2004, lorsque la Cour suprême américaine reconnaît aux prisonniers de Guantanamo le droit de ne pas être emprisonné sans jugement, l’Habeas Corpus. Les détenus resteront à Bagram, loin des regards occidentaux, loin des juges US. Loin de tout : aucune organisation hors CICR n’a accès à la prison de Bagram. Résultat : Guantanamo se vide, passant de 600 à 200 détenus, alors que Bagram se remplit jusqu’à 600 détenus.  

Devant la BBC, le Dr Khadran, l’un des anciens de Bagram explique : « Ils nous versaient dessus de l’eau froide en hiver, de l’eau chaude en été. Ils utilisaient des chiens contre nous. Ils posaient un pistolet ou une arme sur votre tête et vous menaçaient de mort. » D’autres détenus rapportent les violences physiques, les atteintes à la pudeur, l’administration de traitements empêchant de dormir… En mai 2005, le New York Times avait révélé que deux prisonniers afghans étaient morts sous les coups de leurs gardiens, trois ans plus tôt, lors de leur interrogatoire.

Bagrams_Gitmo.jpgEn janvier 2009, un magistrat US, le juge Bates, avait demandé au gouvernement Bush de révéler combien de personnes étaient incarcérées à Bagram, combien d’entre elles avaient été capturées hors d’Afghanistan et combien étaient de nationalité afghane. L’administration a réagi en classant comme confidentiels tous ces renseignements.

En avril, ce juge a autorisé trois ressortissants non-afghans détenus à Bagram à exercer leur droit d’habeas corpus devant un tribunal fédéral des Etats-Unis, et l’administration Obama a fait appel. Motif : Bagram est situé sur le champ de bataille. L’habeas corpus ne joue pas : pas de juge, pas d’avocat, pas de notification des griefs, pas de jugement. Avec le reportage de la BBC, il faut ajouter : la torture aussi ».

48 heures après son élection, Obama avait signé le décret de fermeture de Guantanamo, et il gère avec difficultés cette décision. Pendant ce temps, Bagram prospère avec les mêmes violations du droit, mais un effectif trois plus important, loin des regards indiscrets. Ce qui donne une idée de la partie de realpolitik qui se joue en Afghanistan.

Quant à Bush et à son administration, il vraiment regrettable qu’ils ne puissent être jugés pour leurs méfaits. Un monde sans justice, ce n’est pas un monde humain.

AIHu_bagram-english.jpg

Publié sur http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/

4 Responses to “Bagram, un Guantanamo en Afghanistan”

  • claudia angers

    [EDIT MODO]. Au Vietnam ils ont fait pire. Qu’est-ce que le monde attend pour réagir? Ce n’est quand même pas la fin du monde si on dit aux Américains d’aller se faire foutre. Même Obama avec son sourire enjôleur est un hypocrite et tous les chefs d’état sont a ses genoux. Incroyable!!!

  • Philippe

    Quand on pense que tous ces américains ordonnant, permettant et appliquant de telles tortures se réclament de « Jiseusse » et du « good Lord », on croit rêver !

    et pas une voix de la hyérarchie chrétienne pour s’élever fermement ou excommunier tout cela. comme en 40, quoi…

  • Moimeme

    Yes, we can !
    Après toute la pleurnicherie pro-Obama, le gentil noir enfin élu, on voit bien que tout cela n’est que du spectacle.
    Et ça nous rassure sur un point : il n’y pas de races supérieures, la preuve même les noirs peuvent être des enfoirés.
    Le dernier espoir : l’Internet. Veillons à ce qu’il ne soit pas vérouillé prochainement…

  • Cathy des airs

    Les « petits » chrétiens du monde entier ( j’en fais partie ! ) s’élèvent absolument contre de telles pratiques dignes d’un autre âge, car cela est à l’opposé de toutes les valeurs fondamentales de leur foi, comme de toutes les autres religions aussi…
    Comment appellerons-nous ces barbares qui dirigent actuellement la planète ? Si ce n’est des fascistes, des néo-nazis, des criminels contre l’humanité ?
    Et les médias sont leurs complices !
    Nous ne devons pas lâcher cette arnaque du 11/9 et de la guerre au terrorisme… à AUCUN prix.

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