Un ex-détenu de Guantanamo hospitalisé à Clamart tandis qu’Obama durcit le ton.
Le nouveau Président des Etats-Unis a décidé la fermeture définitive du Camp de Guantanomo pour 2010. Mais que faire des anciens détenus ? Selon Dick Marty (1), sénateur suisse, "si d’anciens prisonniers demandaient asile aux Etats-Unis, ils seraient susceptibles de prétendre à des compensations pour avoir été illégalement détenus. S’ils rentraient dans leurs pays, ils seraient menacés de mort ou empêchés d’entrer". Des premières négociations entre l’Algérie et les Etats-Unis auraient échoué, l’Algérie refusant les conditions imposées par les Etats-Unis concernant le retour des prisonniers sur le sol algérien. (2) La solution viendra donc des pays "amis" des Etats-Unis. Mais alors que l’Union Européenne vole au secours d’Obama pour fermer le camp, deux revirements inattendus du président américain alarment les associations de défense des droits de l’homme : il décide de rétablir les tribunaux d’exception mis en place sous l’ère Bush (lire à ce sujet le récent article repris sur ReOpenNews) et, par une astuce juridique, il s’octroie la possibilité de maintenir les détenus indéfiniment et sans jugement sur le sol américain (3). Que faut-il comprendre ? Le Président Obama s’alignerait-il sur la politique de l’administration Bush ?
En attendant, le sort d’un ex-prisonnier se règle sur le territoire français. Parmi les détenus se trouvaient Lakhadar Boumediène, et Saber Lahmar, d’origine algérienne mais résidents bosniaques. Arrêtés en 2001, incarcérés en janvier 2002, ils avaient été soupçonnés de préparer un attentat contre l’ambassade américaine à Sarajevo (4). La police bosniaque, n’ayant rien à retenir contre eux, les avait tout de même livrés aux Etats-Unis. Ils auraient dû être libérés le 20 novembre 2008 après avoir été innocentés par un juge fédéral (5). Il a fallu attendre la fin des tractations entre le Département d’Etat américain et la France pour que Lakhdar Boumediène trouve refuge en France. Il est le deuxième (6) détenu non américain de Guantanamo à être remis à un pays tiers par l’administration Obama.
Un ex-détenu de Guantanamo hospitalisé à Clamart
L’Algérien Lakhdar Boumediene, 42 ans, innocenté par la justice américaine, est arrivé vendredi en France. Il était emprisonné depuis plus de sept ans.
L’Algérien Lakhdar Boumediene, ex-détenu de Guantanamo arrivé vendredi en France, se trouvait samedi à l’hôpital militaire Percy à Clamart, à l’ouest de Paris, une admission entourée de la plus grande discrétion.
L’ex-détenu de 42 ans innocenté par la justice américaine, affaibli par plus de sept ans d’emprisonnement et plus de deux ans de grève de la faim, avait atterri vendredi sur la base militaire d’Evreux (Eure), selon les mêmes sources.
Le ministère des Affaires étrangères a précisé samedi que son épouse Abassia Bouadjimi, et leurs deux filles, Radjaa, 13 ans, et Rahma, 8 ans, arrivées d’Algérie, étaient vendredi à l’aéroport pour son arrivée.
Selon l’avocat américain de l’ex-détenu, Robert Kirsch, Lakhdar Boumediene devrait passer quelques jours à l’hôpital pour des examens. Il devrait ensuite rejoindre un appartement mis à sa disposition par le gouvernement français pour se réadapter à une vie normale.
Heureux et soulagés
"La France a fait un geste inimaginable. Un geste qu’on reconnaît, nous sa famille, ses parents en Algérie, l’Algérie", a déclaré à l’AFP sa belle-soeur, Louiza Baghdadi, qui vit à Nice avec ses cinq enfants.
"On est heureux, on est soulagés. Je suis très reconnaissante au gouvernement français. Si c’était moi qui attribuait le prix Nobel, j’attribuerais le prix Nobel à la France", a-t-elle ajouté, revenant sur des déclarations antérieures dans lesquelles elle avait souhaité davantage d’informations sur la situation de son beau-frère.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier, a déclaré que "nous avons évidemment associé et informé la famille de Lakhdar Boumediene à son arrivée en France" et que "la venue en France de son épouse et de ses deux filles a été facilitée de manière à ce qu’elles puissent être présentes au moment de son arrivée, ce qui a été le cas".
Emprisonné pendant sept ans
La France est le premier pays de l’Union européenne à accueillir un détenu libéré de Guantanamo, qui ne soit ni un résident ni un citoyen français, sur la foi de la promesse du président américain Barack Obama de fermer la prison.
L’Algérien était emprisonné depuis plus de sept ans et observait une grève de la faim depuis décembre 2006, arrêtée très récemment. Pendant sa grève de la faim, il était nourri de force deux fois par jour, à l’aide d’un tuyau introduit dans une narine qui diffusait un liquide protéiné.
«Il a passé sept ans et demi avec quelqu’un qui vérifiait toutes les dix minutes ce qu’il était en train de faire, sous le contrôle de gardiens qui pensaient qu’il était dangereux», a rappelé son avocat. «Il va devoir se réhabituer à marcher, à décider quand il prend un repas, quand il prend une douche…»
Arrêté à l’automne 2001 avec cinq autres Algériens en Bosnie, où il résidait légalement, Lakhdar Boumediene avait été remis aux autorités américaines sous le soupçon qu’il fomentait un attentat contre l’ambassade américaine de Sarajevo. Il avait ensuite été transféré à Guantanamo dans les premiers jours d’existence de la prison, avec ses cinq compagnons d’infortune.
Les accusations sont très vite tombées mais tous étaient restés enfermés, en criant leur innocence. Après des années de bataille judiciaire et une décision de la Cour suprême qui porte son nom, ce n’est qu’en novembre 2008 que Lakhdar Boumediene et quatre autres Algériens ont été définitivement innocentés par un juge fédéral américain. En rendant sa décision, le juge américain avait tancé l’administration de George W. Bush pour l’insignifiance des éléments à charge.
Il reste aujourd’hui 240 détenus dans la prison de Guantanamo à Cuba, créée en janvier 2002 pour les «combattants ennemis» de la guerre contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001.
Source de l’article : Libération (Source AFP), le 16/05/09
Références :
(1) Dick Marty : en 2005, chargé par le Conseil de l’Europe d’enquêter sur l’affaire des prisons secrètes de la CIA sur territoire européen; dans son rapport du 24/01/06 il précise que « de nombreux indices convergents permettent de conclure à l’existence d’un système de ‘délocalisation’ ou de ‘sous-traitance’ de la torture ». Un autre rapport concerne 14 pays européens. Il affirme que « Nous avons aussi un apartheid de type juridique et judiciaire : des personnes non américaines sont exclues de tout système judiciaire du simple fait d’être suspectées de terrorisme ». En 2007, il reçoit le Prix Europe 2007 du Nouveau mouvement européen suisse (nomes) pour son rôle dans la dénonciation des prisons secrètes de la CIA et la « défense des valeurs européennes ». (Source : Wikipedia)
(2) Voir à ce propos l’article ci-dessous : Négociations autour des 26 détenus algériens de Guantanamo
(3) Le ministre de la Justice américaine, Eric Holder a visité le camp de Guantanmo pour s’informer des conditions d’incacération des détenus en prévision de la fermeture du camp. Dans ce but, Matthew Olsen est chargé de rééxaminer les dossiers au cas par cas. Ce qui risque de légitimer la détention illégale : illimitée et sans charge. Les avocats du gouvernent Obama s’alignent sur les positions adoptées par G. W. Bush concernant les droits des prisonniers de Bagram en Afghanistan. (source)
(4) Les détenus auraient eu des liens avec al Qaida et soutenu Bensayah Belkacem
(5) Le 20 novembre 2008, le Juge Richard J. Leon ordonne la libération de L. Boumediène et de quatre autres Algériens détenus avec lui. Le sixième, Bensayah Belkacem est maintenu en détention.
(6) Le premier fut Binyam Mohamed accueilli en Grande Bretagne en février dernier.
Articles connexes :
- Informations sur la situation des droits humains en Algérie – Négociations autour des 26 détenus algériens de Guantanmo / Algeria-Watch
- L’UE veut aider Obama à fermer Guantanamo / Euractiv
- La France pourrait accueilir Lakhdar Boumediène / El Watan
- La Suisse tend la main à Obama / swissinfo.ch
« plus de deux ans de grève de la faim » Il est résistant le type !!
Cet algérien résidant bosniaque doit être renvoyé chez lui et non pas en France où il n’y a rien à faire . . . .
La France patrie des droits de l’homme, ah ah ah ah quelle franche rigolade, allez casses toi pauv’ con.