Appel à défendre Muntadar al Zaidi
Le journaliste irakien qui a jeté ses chaussures sur le président américain George Bush lors d’une conférence de presse dimanche à Bagdad aurait effectué une demande de grâce au gouvernement irakien. Arrêté sur-le-champ, Muntadar al Zaidi, dont le geste filmé par les caméras a été diffusé par les chaînes de télévision et sites internet du monde entier (cf. vidéo en bas de page), aurait demandé par écrit le pardon du Premier ministre irakien Nouri al Maliki, qui était au côté de Bush lors de l’incident. Il risquerait jusqu’à sept ans d’emprisonnement.
Zaidi, qui avait également traité Bush de "chien", aurait eu un bras cassé et subi un traumatisme crânien lors de son interpellation musclée par des agents irakiens et américains, a déclaré sa famille. Le juge d’instruction irakien en charge de l’affaire a confirmé que le journaliste porte des signes de coups et semble avoir été battu.
A l’occasion de la grande prière du vendredi, les prédicateurs irakiens, tant chiites que sunnites, ont réclamé la libération du journaliste. Pour sa part, la famille de Muntadar al Zaidi a manifesté à l’entrée de la "zone verte" ultraprotégée dans le centre de la capitale, où le reporter serait sous bonne garde dans un hôpital.
Nous nous joignons aux milliers de personnes qui sont descendues dans la rue en sa faveur et aux innombrables déclarations écrites en sa défense. Mobilisons-nous afin d’exiger la libération de Muntadar al Zaidi et de lui assurer un procès équitable. Une pétition a été lancée pour dire non à la répression contre le journaliste irakien :
http://www.thepetitionsite.com/9/in-support-of-the-iraqi-shoe-throwing-journalist
Cette pétition qui souhaite réunir 100.000 signatures sera transmise à l’Ambassade d’Irak aux Etats-Unis, à Amnesty International et à Human Rights Watch (à l’inititative de Haithem El-Zabri).
Lettre ouverte à J-F Julliard, secrétaire général de Reporters sans Frontières
APPEL À DÉFENDRE MUNTADAR AL ZAIDI
Monsieur le secrétaire général,
En avril 2003, G.W. Bush décrétait que la guerre en Irak était finie.
En juillet 2003, RSF publiait un rapport intitulé : « Les médias irakiens trois mois après la guerre. Une liberté nouvelle mais fragile ».
On y lisait : « Voici trois mois qu’un vent de liberté souffle sur la presse irakienne… », mais aussi que « Le décret 7 de l’administrateur Paul Bremer, de fin juin 2003, interdit et réprime entre autres, l’incitation à la violence contre les forces de la coalition ».
En clair, rien ne peut être dit dans la presse contre l’occupant, toute critique de l’envahisseur étant assimilée à une incitation à le bouter dehors.
Muntadar Al Zaidi vient de faire voler en éclat cette censure. Pour cela il doit être défendu.
Reporters sans frontières dispose d’un réseau, appelé Damoclès, dont la fonction est de soutenir devant la Justice les journalistes emprisonnés.
C’est le moment de l’activer. Non pas pour cautionner le lancer de chaussures à la tête des conférenciers, mais parce que ce journaliste-là n’avait pas d’autre moyen d’exprimer dans les médias irakiens et aux yeux du monde, un reproche au chef des envahisseurs venu pérorer devant lui après avoir dévasté son pays, pillé son pétrole et ses musées, tué 800 000 civils d’après certains, un million d’après d’autres. Parmi les victimes, figure une partie de la famille de Muntadar Al Zaidi.
222 journalistes ont été assassinés en Irak depuis le début de l’invasion. Vous indiquez sur votre site qu’entre 2003 et 2006, 12% d’entre eux sont tombés sous des tirs états-uniens.
200 avocats ont déjà fait savoir qu’ils souhaitaient assurer gratuitement la défense de Muntadar Al Zaidi. On ignore à ce jour dans quel bagne il est encagé. Des milliers d’Irakiens ont défilé dans la rue pour exiger sa libération.
Le film du lancer de chaussures nous montre que le journaliste était en parfaite santé après le deuxième jet. Or, il « a été hospitalisé à l’hôpital Ibn Sina car il a un bras et des côtes cassées et souffre de blessures à l’oeil et à la jambe » a affirmé son frère à l’AFP. On apprend par ailleurs qu’il souffrirait aussi d’un traumatisme crânien. Il a donc été sévèrement tabassé alors qu’il était inoffensif.
À Washington, le Département d’État a averti qu’il condamnerait d’éventuelles violences infligées au journaliste par les forces de l’ordre après l’incident de Bagdad. « Nous condamnons bien évidemment tout recours inutile à la force à l’encontre d’un journaliste », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Robert Wood, tout en assurant ne pas savoir si M. al-Zaïdi avait effectivement été frappé, et en précisant qu’il condamnerait d’éventuelles violences infligées au journaliste par les forces de l’ordre après l’incident de Bagdad. Ce qui prouve que l’humour (noir) n’est pas l’apanage des Anglais.
RSF a publié un communiqué implorant la clémence du gouvernement mis en place par l’occupant. Mais il est de votre devoir d’intervenir autrement qu’en paroles, autrement que par un communiqué platonique.
Il faut exiger que Washington condamne, comme il s’y est engagé, le « recours inutile à la force à l’encontre d’un journaliste », puisque l’on constate des « violences infligées au journaliste par les forces de l’ordre après l’incident de Bagdad ».
Vos liens particuliers avec les USA vous positionnent avantageusement pour intervenir auprès des envahisseurs, qui sont en mesure de faire cesser les sévices.
En effet, le rapport « Commission for Assistance to a free Cuba « (458 pages) remis au début du mois de mai 2004 par Colin Powell à Georges Bush vous distingue parmi des centaines d’autres ONG. À presque toutes les pages (et jusqu’à dix fois à la page 77), Powell fait appel aux ONG. Une seule est nommée (dès la page 20) comme on cite le bon élève : Reporters sans frontières (associating Reporters Without Borders).
Personne ne comprendrait que RSF tolère que Muntadar al Zaidi continue à être maltraité en secret, sauf à y voir une collusion de votre organisation avec un pays qui vous verse des subsides depuis 2002.
Vous avez su, au mois d’avril, décorer de banderoles revendicatives la Tour Eiffel et Notre-Dame de Paris. Fort de votre expérience, agissez ainsi pour ce journaliste que l’opinion publique mondiale (y compris aux USA) ne condamne pas.
Vous avez su cadenasser à Paris les grilles de l’ambassade d’un pays du tiers monde, refaites-le à l’ambassade états-unienne à Paris. Ou à celle de Bagdad si vous croyez qu’elle ne dépend pas de la première.
Vous avez su faire connaître, parmi les centaines de journalistes assassinés depuis 10 ans à travers le monde, le nom d’Anna Politkovskaïa. Faites de même pour un journaliste d’un pays occupé, qui n’a blessé personne et dont le geste n’eut pour conséquence que de rendre visible l’opinion de la rue irakienne dans le monde entier.
Vous avez su établir d’éphémères liaisons radios et créer des sites Internet à destination de pays dont vous vouliez dénoncer le comportement à l’égard de la presse. Refaites-le en Irak et aux USA.
Vous avez manifesté devant l’UNESCO, déguisés en bagnards, refaites-le devant les ambassades d’Irak et des États-Unis à Paris.
Vous disposez d’un budget de plus de 5 800 000 euros pour venir en aide aux journalistes. Usez-en pour que la famille (ce qu’il en reste) de Muntadar al Zaidi puisse survivre pendant sa détention.
Vous avez su organiser avec Médiapart deux rencontres au théâtre du Rond-Point à Paris. Organisez la troisième sur un sujet qui remplira la salle.
Vous avez su distribuer des tracts dans les aéroports pour dissuader des touristes français d’embarquer pour les Caraïbes. Revenez-y en tractant devant les salles d’embarquement pour Bagdad et New York.
Vous avez organisé une conférence de presse à l’hôtel Hilton de Caracas pour soutenir une chaîne de télévision complice de putschistes qui appelèrent à l’assassinat du Président élu. Agissez de même depuis Bagad pour soutenir celle qui employait un lanceur de chaussures contre un Président venu narguer un peuple écrasé par son armée.
Vous avez su impulser les actions des partisans de l’indépendance du Tibet, persévérez avec les mêmes procédés pour celle de l’Irak débarrassée d’un intrus botté qui « interdit et réprime » les écrits des journalistes patriotes.
Hélas, vous avez su aussi oublier pendant deux ans un journaliste innocent (Sami Al Haj) à Guantanamo, et attendre, pour demander la fermeture de ce bagne où croupissaient des journalistes, qu’Amnesty International, l’Union européenne, et l’ONU l’aient exigé solennellement.
Ne renouvelez pas ce genre d’« erreurs » : exigez la fermeture des bagnes de Bagram en Afghanistan et d’Abou Ghraib en Irak.
Enchaînez-vous aux grilles de Guantanamo. Protestez dans des combinaisons orange devant les barbelés de cette zone de non-droit.
Et surtout, agissez sans relâche pour Muntadar al Zaidi.
Dans l’improbable hypothèse où vous en resteriez à des communiqués sur votre site Internet, nul ne comprendrait en quoi l’association RSF d’aujourd’hui est différente de celle qui fut longtemps dirigée par un homme désormais salarié d’une dictature arabe (le Qatar) où la presse n’a pas le droit de critiquer la famille régnante.
Veuillez agréer, Monsieur Julliard, l’expression de mes sentiments attentifs au sort des journalistes.
Par Maxime Vivas, le mercredi 17 décembre 2008
Publié sur Oulala.net
Si un homme en Irak est condamné pour « lancer de chaussures », que méritent donc ceux qui se rendent coupables dans ce même pays de « lancer de roquettes » ?
« Zaidi, qui avait également traité Bush de « chien », aurait eu un bras cassé et subi un traumatisme crânien lors de son interpellation musclée par des agents irakiens et américains, a déclaré sa famille. »
Et voilà, les américains ont exporté la démocratie : force contre chaussure, force contre les défenseurs du journaliste (voir ContreInfo).
C’est quoi ces forces de l’ordre qui tabasse un journaliste sans défense ? Ils ont bien du recevoir des ordres pour agir ainsi sans risquer d’être blamé.
j’adore la lettre ouverte à RSF…
Entierement d’accord avec toi Phoebus, cette reaction du journaliste resume la situation dans ce pays.
J’envoie une participation pour venir en aide à ces journalistes.
Un moyen comme un autre pour museler les journalistes !
Chapeau à Maxime Vivas pour sa lettre percutante à RSF .
Cette lettre dénonce dans sa subtilité et sans ambages le relationnel entre Rsf et ses sponsors à savoir les E-U via la Cia et leur fric pourri .
Pour Julliard et Redecker leur seule solution se résume donc à raser les murs et de trés prés . Affaire àsuivre….
Quand pensez-vous obtenir la déclaration d’utilité publique ?
Le seul problème de la lettre envoyée à Monsieur Julliard, c’est que vous omettez une petite chose : à partir du moment où le journaliste à envoyer un objet qui risquait de heurter une autre personne (bon.. un petit bleu de rien du tout, mais quand même) , il a laissé son habit de journaliste à l’entrée de la salle, pour endosser celui de contestataire virulent… (virulent… virulent… « en colère » pour le moins…)
RSF n’est pas voué à soutenir les lanceurs d’objets…
Muntadar al Zaidi se retrouve esseulé, et il va le payer très cher… (C’est apparemment déjà fait… On l’entend hurler de douleur lorsqu’il est au sol entouré par les molosses… c’est monstrueux…)
:(
Cet homme, effectivement, a beaucoup plus de courage que Bush. Il faut comprendre son action totalement éperdue et pourtant si méritoire, de s’en prendre ainsi à l’homme le plus puissant de la planète, lequel soit dit en passant, n’est pas un des meilleurs représentants de l’espèce humaine.
Pour tous ceux qui, comme moi, regrettent que les nobles desseins de ce pauvre bougre n’aient pas pu être atteints, il vous est tout à fait loisible de combler vos humeurs en virtualisant quelque peu vos émotions, sur un site internet convenant fort bien à cet usage.
http://www.sockandawe.com
Je remarque avec intérêt que la France a, comme il se doit, une place très honorable dans le classement des pays les plus mobilisés pour cette revanche du destin.
@ Cyrille
Je pense que vous n’ avez rien compris au drame iraquien et que 1 200 000 morts, du seul fait de l’occupation étatsuniène, ça n’est pas rien. Faudrait-il vous rappeler que l’invasion de l’ IRAK par les E-U, donc par Bush et sa triste suite, n’a aucune mais vraiment aucune légitimité .
Vous pourriez modérer vos propos à l’égard du journaliste ZAIDI et je vous cite » contestataire virulent » . A vous suivre, la collaboration avec l’occupant semblerait de mise . Faudrait-il vous rappeler que pour retrouver une certaine liberté, des milliers d’individus se sont battus pour boutter hors de France le nazisme et que bon nombre d’ IRAQUIENS, dont Zaidi, se préparent à faire de même ( à juste titre ) dans leur propre pays .
D’autre part quand vous dites que Rsf n’a pas pour vocation à soutenir les lanceurs d’objets je permetterai de vous rappeler que Rsf fait pâle figure pour dénoncer haut et fort les cortèges de bombes largememt distribuées par les F15, les F16, les F18, les Tomawaks sur les populations civiles . Quand on sait tous les pataqués que Rsf a fait lors du passage de la flamme olympique à Paris et dans d’autres circonstances, la lettre de Maxime Vivas ne peut-être que bienvenue .
@ Liberty
?
Relisez mes propos s’il vous plaît et allez taper sur quelqu’un d’autre.
Je n’ai jamais remis en cause les souffrances du peuple Irakien victime de l’agenda géo-stratégique des élites qui nous gouvernent.
Et je n’ai jamais soutenu l’attitude de RSF.
Et quand à modérer mes propos : je n’ai rien dit de déshonorant ou même d’agressif envers Monsieur Zaidi, qui a souffert en Irak ce que jamais je ne pourrai imaginer possible de souffrir.
Et pour finir : je n’ai envoyé ce message à propos de la lettre de Monsieur Maxime Vivas qu’avec l’intention de souligner l’état d’esprit d’RSF qui est bien loin de compatir aux malheurs de certaines personnes.
Ceci dit, l’agressivité que vous apportez en réponse à mon message me fait un peu peur quand je lis votre surnom : « Liberty »… d’autant que la citation que vous prenez de moi est tronquée… Et tronquer les citations de gens pour se donner raison, il me semble que c’est une technique employée par certains mouvements politiques dont je tairai les noms, afin que vous ne vous sentiez pas visé.
Fin de la discussion de mon côté.
Sur ce, je ne souhaite qu’une chose comme toute personne raisonnablement saine d’esprit : que Monsieur Zaidi survive et sorte AU PLUS VITE du bourbier dans lequel il se retrouve.
On ne peut quand même pas condamner un homme jusqu’à 7 ans de prison pour une malheureuse paire de chaussures envoyée à la tronche d’un des plus grands criminels de guerre que la terre ait jamais porté !!! Si Bush veut un tant soit peu redorer son blason (en supposant que ce soit encore possible) il aurait déjà dû ordonner la libération de Muntadar al Zaidi.
J’ai même entendu au JT de la RTBF qu’il risquait jusqu’à 15 ans de prison !!! C’est incroyable, quand même !!! C’est inique et tout à fait disproportionné.
Si vous lancez une chaussure à votre voisin, la police ne se déplacera même pas . Les policiers rigoleront bien de cette « attaque » !
un jet de chaussure sur Bush et c’est la tête dévissée, les bras cassés et des années de prison !
Certains dirigeants « démocratiques » se prennent donc bien pour des « rois » (voire des « dieux ») et non seulement pour ce qu’ils devraient être : de simples humains élus par le peuple !
Danton, Robespierre où êtes vous ? il y’a encore des têtes à couper, des têtes qui se « la pètent » , des têtes qui croivent péter plus haut que leur cul…
De toutes manières c’est ce genre de « fait divers » qui fomente la révolution qui un jour ou l’autre aura lieu.
@ Cyrille
Les choses sont un peu plus claires maintenant sauf que :
1 ) vos allusions sont plutôt du genre » mauvais goût »
2 ) si vous êtes incapable de vous relire à propos de Zaïdi et je vous recite, pour que les lecteurs de ce cite ne s’y m’éprennent pas, » CONTESTATAIRE VIRULENT… » ( ), il vous appartient d’être plus explicite dans vos propos.
Point barre et vive un Irak libre sans barbarie U-S.