Madrid aurait été informé des vols secrets de la CIA dès 2002
Nous reproduisons ci-dessous un article du Monde informant de la dernière révélation en date sur les vols secrets de la CIA. Dans la "guerre contre le terrorisme" menée par les États-Unis, la complicité des États européens ne s’est malheureusement pas limitée à autoriser des vols de la CIA pour des transferts illégaux de prisonniers entre les zones de conflits et Guantanamo. L’an dernier, suite à une enquête menée par Dick Marty, le Conseil de l’Europe a apporté les preuves que certains États ont participé à l’enlèvement, sur leur propre territoire, de personnes suspectées de terrorisme. D’autres États européens ont même abrité des prisons secrètes, gérées par la CIA, entre 2002 et 2005. L’existence de prisons secrètes de la CIA, qui est contraire au droit international, a été reconnue par Bush en septembre 2006.
Madrid aurait été informé des vols secrets de la CIA dès 2002
Article paru sur Le Monde.fr avec l’AFP le 30.11.08
Le quotidien espagnol El Pais, qui s’est procuré un document officiel classé "très secret", affirme que le gouvernement espagnol alors mené par le conservateur José Maria Aznar, était au courant dès 2002 des vols secrets américains transportant des prisonniers taliban depuis l’Afghanistan vers la base de Guantanamo. Le document, daté du 10 janvier 2002 soit quatre mois après les attaques du 11-Septembre, a été rédigé par Miguel Aguirre de Carcer, directeur général des affaires étrangères pour l’Amérique du Nord, après un entretien effectué avec un "conseiller politico-militaire de l’ambassade des États-Unis à Madrid", selon El Pais.
"Les États-Unis vont commencer très prochainement des vols pour transférer des prisonniers taliban et d’al-Qaida depuis l’Afghanistan vers la base de Guantanamo à Cuba", écrit M. Aguirre de Carcer dans cette missive adressée au chef de la diplomatie de l’époque, Josep Piqué. Washington aurait demandé "l’autorisation du gouvernement espagnol" pour que des avions puissent effectuer "des atterrissages d’urgence" en Espagne, de préférence dans des aéroports militaires.
AUCUN RESPONSABLE N’A RECONNU ÊTRE AU COURANT
L’administration de George Bush était également en train de faire des démarches similaires auprès de "différents pays", note le fonctionnaire espagnol dans sa lettre. Le responsable américain n’a pas précisé la quantité des vols ni leur calendrier, se contentant de prévenir son interlocuteur que les voyages commenceraient "très vite" et que Madrid devrait répondre à cette demande "le plus vite possible". M. Aguirre de Carcer s’est ensuite engagé à obtenir une réponse "dès vendredi à la mi-journée", soit "moins de vingt-quatre heures après l’entretien", note El Pais.
Pour le quotidien, ce document prouve "que le gouvernement de José Maria Aznar savait que des avions
américains qui survolaient ou faisaient escale en Espagne, transportaient à bord des personnes détenues dans des conditions légales plus que douteuses". Depuis que l’affaire des vols secrets de la CIA a été révélée en novembre 2005, ni les responsables du Parti populaire (conservateurs), ni le gouvernement socialiste du PSOE au pouvoir par la suite "n’ont reconnu jusqu’à présent être au courant de ces transfèrements" alors que l’Audience nationale, plus haute instance pénale espagnole, enquête sur cette affaire.
LEMONDE.FR avec AFP le 30.11.08
Note ReOpenNews :
- l’article du Monde Diplomatique rédigé par Giulietto Chiesa en aôut 2006 :
Au mépris de l’Europe et du droit : L’archipel des prisons secrètes de la CIA - et celui du Monde du 06/10/07 :
Prisons secrètes de la CIA : le Conseil de l’Europe accuse la Pologne et la Roumanie
Lorsque Giovanni Claudio Fava, président de la commission temporaire sur les prisons secrètes de la CIA en Europe, se rendit avec Giulietto Chiesa aux USA pour enquêter sur ces prisons secrêtes, ils eurent beaucoup de mal à accèder aux informations détenues par le ministère de l’intérieur américain (home secretary) et par le FBI. Il leur fallu expliquer qu’ils ne souhaitaient pas se prononcer sur les actes du gouvernement américain, qui s’appuient sur les lois d’exception, mais bien sur les propres actes des pays européens eux-mêmes, à la lumière du droit européen. ILs devaient pour cela vérifier et croiser leurs informations, avec celles des américains.
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=IM-PRESS&reference=20070716IPR09209&language=FR
L’embarras de l’UE fut tel qu’à ce jour, le rapport FAVA n’est toujours pas publié, ni disponible sur le site de l’UE. Seul un communiqué de presse est disponible (voir avec le lien ci-dessus). A la différence du rapport de Dick Marty qui lui est disponible dans son intégralité.
C’est que Dick Marty est membre du conseil de l’Europe, qui regroupe 47 pays d’une europe élargie, et dont l’existence remonte à 1949, avant l’initiative franco-allemande qui allait donner naissance à l’europe économique de la CECA / CEE / UE. Le Conseil de l’Europe est l’antichambre de l’UE, et s’occupe notamment de droits de l’homme….
Le mouvement européen pour la vérité devrait s’adresser à lui, avec la liste des brimades médiatiques que nous supportons depuis 2006, et avant si on se réfère aux déboires de Thierry Meyssan. Non?
Précison supplémentaire: Le rapport de Dick Marty pointe du doigt environ 1200 vols civils secrets affrêtés par la CIA pour les extraordinary renditions, de 2002 à 2005. Mais ce rapport n’évalue pas le volume des vols militaires, et depuis 2005 nul ne sait à combien s’élève désormais ce nombre…
Quelqu’un sait-il si Sarko trempe dans le coup ?
@ looping.
N’ oublions pas que pendant la période début 2002 / 2005 nous avons eu de trés bons ministres voire premiers ministres (y compris » socialiste » ) tentés de bien plaire aux sollicitations de l’oncle Sam.
Dans la période précitée, Sarko fût » maîtrisé » par Chirac et de Villepin qui ne sont jamais laissés embarquer dans la galère d’Irak et ont marqué une certaine indépendence vis à vis des E-U ( BUSH ). Mais je pense que Sarko a dû ronger ses freins devant ses maîtres et que, une fois aux commandes, il aurait succombé aux chants des sirènes. Son désiratat de réintégrer le haut commandement de l’OTAN le prouve.