Un brûlot contre Bush publié par son ancien porte-parole
AFP, le 28 mai 2008
Un ancien porte-parole de la Maison Blanche tire à boulets rouges contre son ex-patron, le président George W. Bush, et fustige l’attitude complaisante des médias américains lors de l’invasion de l’Irak, dans un ouvrage à paraître la semaine prochaine.
Dans ce livre de 341 pages intitulé "What happened: inside the Bush White House and Washington’s culture of deception" (Ce qui s’est passé: au coeur de la Maison Blanche de Bush et la culture de la désinformation à Washington), Scott McClellan accuse le président Bush d’avoir promu la guerre en Irak à coups de "propagande" que les journalistes ont largement relayée, selon lui.
Ce Texan de 40 ans s’en prend également à la réponse désastreuse de l’administration Bush face à l’ouragan Katrina qui avait dévasté La Nouvelle-Orléans en 2005.
"L’un des pires désastres de notre histoire est devenu l’un des pires désastres de la présidence Bush", écrit Scott McClellan dans cet ouvrage dont des extraits sont publiés mercredi dans la presse américaine, en particulier le magazine Politico.
Il stigmatise aussi "la décision d’envahir l’Irak" dont le public américain a déjà jugé selon lui qu’il s’agissait d’"une sérieuse bourde stratégique". Bush s’est "précipité dans une guerre" avec un "calendrier inadapté" et "sans avoir préparé l’après-conflit", relève l’auteur.
"J’aime et admire toujours le président Bush", écrit-il néanmoins dans son livre.
M. Bush, sans répondre directement, a insisté mercredi sur la nécessité de mener la guerre contre le terrorisme, devant les nouveaux officiers de l’Air Force à Colorado Springs (Colorado, ouest).
Il a rappelé qu’il n’avait fallu que quelques semaines pour renverser les régimes de Saddam Hussein et des talibans d’Afghanistan. Mais aujourd’hui, "nous aidons des démocraties émergentes à se reconstruire sous la menace des réseaux terroristes et de politiques terroristes d’Etat". "C’est une tâche difficile et sans précédent et nous apprenons au fil de l’eau", a-t-il reconnu.
Dans son livre, Scott McClellan tire aussi à boulets rouges contre l’ancien stratège et conseiller de M. Bush, Karl Rove, et le responsable de l’équipe du vice-président Cheney, Lewis "Scooter" Libby, accusés de l’avoir dupé à propos de leurs rôles dans le scandale de la divulgation de l’identité de l’ex-agent de la CIA Valerie Plame.
Cette dernière était l’épouse de l’ancien ambassadeur Joseph Wilson qui avait accusé l’administration américaine d’avoir menti sur les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein.
Révéler au grand public l’identité d’un agent de la CIA est un crime fédéral.
M. McClellan avait démissionné de la Maison Blanche, ou y avait été incité, en avril 2006, éclaboussé par le scandale Plame, qui touchait au bien-fondé de la guerre en Irak et avait fortement entamé le crédit de la Maison Blanche.
MM. Rove et Libby ont rétorqué dans des interviews télévisées séparées mais tout aussi virulentes que Scott McClellan n’avait pas élevé d’objections à l’époque contre les méthodes qu’il dénonce aujourd’hui et n’assistait pas aux réunions-clés où était élaborée la politique américaine.
Principal porte-parole de George W. Bush depuis juillet 2003, Scott McClellan avait déjà travaillé pour le futur président quand il était gouverneur du Texas. Il avait ensuite été son porte-parole pendant la campagne présidentielle de 2000, puis responsable adjoint de la presse à la Maison Blanche.
La porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a déclaré mercredi dans un communiqué: "c’est triste, ce n’est pas le Scott que nous connaissons". M. McClellan n’a pas répondu pour sa part à une demande d’interview de l’AFP.
Un autre ancien porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer s’est dit "navré" et déconcerté" par ce livre et a jugé, sur la radio NPR (National Public Radio), qu’il aurait dû refuser ce poste s’il n’adhérait pas à la politique menée.