« Citoyens, arrêtons Bolton, le criminel de guerre », par George Monbiot (Mis à jour)
ContreInfo, le 27 mai 2008
Monbiot rappelle le rôle déterminant des mensonges et des manipulations de John Bolton dans le déclenchement de la guerre d’Irak, une guerre d’agression injustifiée, qui au regard des critères de Nuremberg, constitue le « crime international suprême. » Il appelle à procéder à l’arrestation du néo-conservateur lors de sa visite au festival littéraire de Hay-on-Wye, au nom d’une loi britannique qui autorise les citoyens à se saisir d’une personne soupçonnée d’avoir commis un crime.
Par George Monbiot, The Guardian, 26 mai 2008
Nous avons pratiquement oublié la guerre d’Irak. Nous avons tendance à n’y voir désormais à peine plus qu’une « erreur politique », au même titre que d’autres décisions mineures du Labour. La presse et l’opinion publique ont évolué et se préoccupent maintenant de questions plus pressantes, comme le prix de l’immobilier.
Mais c’est une erreur qui a tué ou blessé des centaines de milliers de personnes dans un pays qui ne nous faisait aucun mal. Les erreurs de ce genre – une guerre d’agression injustifiée – ont été qualifiées de « crime international suprême » par le tribunal de Nuremberg. Les erreurs de ce type, dans tout régime régi par le droit international, devraient voir leurs auteurs mis derrière des barreaux pour le reste de leur vie. Mais ce crime majeur qu’est la guerre en Irak a été banalisé.
Ce processus de normalisation a si bien réussi que dans trois jours, l’un de ses auteurs viendra ici au festival littéraire de Hay-on-Wye – haut lieu de la bienséance – pour promouvoir son livre et tenter d’en vendre quelques exemplaires. Je ne regrette pas le fait qu’il vienne ici – loin de là – mais j’y vois comme un signe indiquant que ce crime qu’il a aidé à commettre est désormais considéré comme un évènement normal relevant du processus politique.
John Bolton avait tout d’abord appelé à la guerre contre l’Iraq en tant que signataire d’une lettre ouverte envoyée au président Clinton par le Projet pour un Nouveau Siècle Américain en 1998 [1]. En 2001, il a rejoint l’administration Bush pour y occuper la fonction à l’appellation hilarante de Sous-Secrétaire d’État pour le contrôle des armements au Département d’Etat. Sa présence au Département d’Etat semble avoir été imposée par Dick Cheney qui voulait le voir surveiller Colin Powell.
Il a immédiatement commencé à s’en prendre au droit international, menant avec succès ses batailles contre le Traité SALT de limitation des missiles balistiques, le protocole sur les armes biologiques, le traité sur les armes légères, et peut-être avec prescience, la participation de l’Amérique à la Cour Pénale Internationale.
En avril 2002, Bolton a orchestré le licenciement du chef de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, José Bustani. La faute de Bustani consistait à avoir offert de régler le différend portant sur les supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, par l’envoi d’inspecteurs du désarmement en l’Irak.
Par la diffusion d’un document provenant de son ministère, Bolton a contribué à promouvoir l’affirmation fausse selon laquelle Saddam Hussein avait cherché à se procurer de l’uranium au Niger. Il a joué un rôle central dans le montage et la promotion de ce motif de guerre trompeur.
C’est seulement lorsque ceux qui contribuent à lancer des guerres illégales prendront peur devant les sanctions encourues que les futurs gouvernements s’abstiendront de les déclarer. En tant que citoyen, je crois que nous avons le devoir d’essayer de dissuader les futurs crimes de guerre. Je propose donc que nous permettions à John Bolton de prendre la parole ici, pour ensuite procéder à une arrestation citoyenne.
La section 24A de la loi sur la criminalité organisée dangereuse permet à tout citoyen de procéder à « l’arrestation sans mandat d’une personne … qu’il a des motifs raisonnables de soupçonner d’être coupable » d’une infraction.
Je ne veux pas défendre quelque chose que je ne serais pas disposé à faire moi-même. J’avais envisagé de rester chez moi ce mercredi, mais j’ai maintenant l’intention de revenir, pour écouter M. Bolton parler, puis ensuite procéder à cette arrestation. A Hay, j’espère que d’autres pourront se joindre à moi.
[1] Letter to President Clinton. L’original n’est plus disponible, le site du PNAC, n’ayant pas réglé sa facture d’hébergement, est depuis peu suspendu.
Publication originale The Guardian, traduction Contre Info
Mise à jour (29 mai 2008) : John Bolton a échappé à son arrestation citoyenne au festival de Hay. Georrge Monbiot a en effet été bloqué par deux imposants gardes du corps avant qu’il puisse atteindre l’ancien conseiller de Bush.
Source : The Telegraph
Ce serait super de pouvoir aussi arrêter Bush le criminel de guerre lorsqu’il viendra en Europe !!!