Guerre en Irak : huit milliards portés manquants
LE MONDE, le 25 mai 2008
Un audit de l’Inspection générale du département de la défense américain, intitulé " Contrôle interne des versements payés en Irak, au Koweït et en Egypte ", a décelé que ses responsables sont incapables de justifier 8,2 milliards de dollars payés à des contractants américains ou des sous-traitants locaux en Irak. Cette somme représente 1,5 % des dépenses du Pentagone depuis le début de la guerre, en mars 2003. Selon le service des recherches du Congrès, celles-ci atteignent à ce jour 540 milliards de dollars (d’autres sources poussent le calcul jusqu’à 800 milliards).
Ces sommes ont fait l’objet de facturations ne permettant pas d’en retracer la destination ou ont été versées sans factures. Un contractant américain, IAP Worldwide Services, a par exemple perçu, à une occasion, 11,1 millions de dollars sur présentation d’un bon, sans que la nature du service rendu soit connue. Le même audit indique par ailleurs que 1,8 milliard de dollars d’avoirs irakiens gelés après la conquête de Bagdad ont disparu. Il n’a pas plus retrouvé la trace de 134,8 millions de dollars versés aux alliés britanniques, polonais et sud-coréens des Etats-Unis en Irak.
Vu le nombre monumental de documents à vérifier, les auditeurs ont sélectionnés 702 contrats représentatifs. La somme sans traçabilité est une extrapolation faite à partir de leur bilan. Le cas le plus exceptionnel consiste en un versement de 320,8 millions de dollars avec la simple mention " paiement de salaires irakiens ", sans aucune indication de l’identité des personnes ou des organismes rémunérés ni du travail qu’ils avaient effectué. Dans la colonne suivante apparaît le chiffre " 1 000 ". Un représentant au Congrès a demandé s’il s’agissait du nombre de personnes payées. Auquel cas chacune aurait perçu 320 800 dollars…
Interrogée par des parlementaires pour savoir si elle avait une idée de la destination de ces sommes, Mary Ugone, directrice-adjointe de l’Inspection générale du Pentagone, a répondu : " nous ne savons pas ce qu’il en est ".
Sylvain Cypel
Il faut accorder des promotions à tous les responsables des fuites, ils ont parfaitement fait leur boulot. On devrait aussi leur donner des primes calculées sur les sommes disparues. Et enfin proposer Donald Rumsfeld pour le prix nobel de la paix.