La destruction des vidéos de la CIA mène à Cheney
Par Solidarité et Progrès, Mercredi 09 Janvier 2008
L’ambiance a dû être particulièrement morose dans le bureau du vice-président Cheney le 2 janvier, lorsque le nouveau ministre de la Justice, Michael Mukasey, annonça que son ministère avait ouvert une enquête au criminel sur la destruction par la CIA, en 2005, d’enregistrements vidéo d’interrogatoires « musclés ». La poursuite de cette affaire pourrait très bien exposer la guerre secrète qui oppose, depuis sept ans, l’agence de renseignement à la faction de Cheney à la Maison Blanche.
Il est bien connu à Washington que le vice-Président est le principal partisan du recours à la torture dans la « guerre au terrorisme » et autres pratiques qualifiées de crimes de guerre par toute nation civilisée. Ce que l’on sait moins, c’est que la plupart des responsables professionnels de la CIA, et dans les forces armées, étaient opposés au programme de torture et de techniques d’interrogatoire « accrues » que la Maison Blanche avait imposé à l’Agence.
On croit savoir que les vidéos en question montraient l’interrogatoire et la torture de deux agents présumés d’al-Qaida en 2002. L’un d’entre eux, Abe Zubaydah, aurait « craqué » moins de 60 secondes après l’application de la vieille technique du « supplice de la baignoire », poussant la victime à la limite de la mort pour obtenir des renseignements et des aveux. Dans le cas d’ Abe Zubaydah (et aussi, semble-t-il, de Khalid Sheikh Muhammad), il commença alors à débiter tout un flot d’information. Mais de nombreux experts mettent en doute la crédibilité de ces informations, et d’autres les rejettent entièrement.
Jose Rodriguez, le responsable de la CIA qui dit avoir autorisé la destruction des vidéos, veut que les faits soient connus et a demandé à être convoqué devant le Congrès pour témoigner. Un ancien officier de l’agence, Larry Johnson, pense que Rodriguez « est probablement la personne la moins coupable de tout le processus. Il ne s’est pas réveillé un jour en se disant : "Je vais détruire ces vidéos". Il a vérifié auprès de plusieurs personnes et en fin de compte, il va être entendu. »
Effectivement, avant la destruction des enregistrements, selon le New-York Times, des discussions ont eu lieu entre des responsables de la CIA et les avocats de la Maison Blanche. Un des participants était David Addington, le conseiller juridique de Dick Cheney, qui s’est montré plus insistant que tous les autres conseillers, y compris celui du président Bush.