Le journaliste Chris Hedges nommé « homme de la semaine » par TruthDig pour sa dénonciation de la loi NDAA sur la détention préventive indéfinie
Peut-on attaquer le Président Obama et le ministre de la Justice… en justice ? C’est ce que vient de faire le grand journaliste, écrivain et militant américain Chris Hedges – Prix Pulitzer en 2002 et connu pour ses ouvrages sur le terrorisme et son analyse de la politique étrangère américaine – en dénonçant la loi NDAA (National Defense Authorization Act) sur la détention indéfinie et sans procès, comme étant une loi "illégale". Cette semaine, le célèbre site américain en ligne TruthDig tente de réveiller la relative apathie ambiante, et a nommé Chris Hedges "militant de la semaine" (TruthDigger of the week) pour cette démarche aussi audacieuse que justifiée face à une disposition légale qui enfreint de façon aussi flagrante la Constitution des Etats-Unis, et en particulier un de ses plus anciens principes, l’Habeas Corpus, ou le droit à la justice civile pour tout citoyen.
Nous avions, pour notre part, déjà eu l’occasion de mentionner le courage et l’engagement de Chris Hedges notamment au travers de ses articles contre la guerre en Afghanistan, ou lors de la manifestation devant la Maison-Blanche au cours de laquelle il fut arrêté avec la lanceuse d’alerte Colleen Rowley et 134 autres personnes.
Le journaliste du New York Times et militant anti-guerre Chris Hedges
Le "TruthDigger" de la semaine : Chris Hedges
paru sur TruthDig, le 20 janvier 2012
Traduction GV pour ReOpenNews
A la fin de l’année dernière, le Président Obama [nous] a joué un sale tour en opérant une volte-face aussi drastique que fulgurante à propos de la loi National Defense Authorization Act, laissant les Américains face à un coup terrible au niveau législatif – et une très sérieuse atteinte à nos libertés civiles. Ce revirement stupéfiant d’Obama met en lumière l’absolue nécessité de dénoncer et de contrecarrer les abus de pouvoir du gouvernement par des prises de position nettes de la part de la presse et du peuple. C’est pour cette raison que TruthDig a décidé sans aucune hésitation de choisir cette semaine l’éditorialiste, écrivain et militant Chris Hedges comme « TruthDigger » (militant pour la vérité) de la semaine.
Mais tout d’abord, revenons sur le contexte. De nombreux citoyens et juristes de tous bords politiques ont fait part de leurs inquiétudes légitimes, en particulier sur la section 1021 de la loi NDAA qui autorise la détention indéfinie et sans procès de toute personne soupçonnée d’avoir « apporté un soutien à al-Qaïda, aux talibans, ou aux autres forces engagées dans des hostilités contre les États-Unis, » et sur la section 1022, qui stipule que les personnes suspectées de lien avec le terrorisme peuvent être détenues dans des prisons militaires. (Lisez les explications claires et complètes de ces deux passages controversés ici). Nous avons, nous aussi, manifesté à plusieurs reprises notre inquiétude. Comme l’écrivait le rédacteur en chef de TruthDig, Robert Sheer, dans son article du 15 décembre 2011 à propos du NDAA, le soutien du Congrès à cette loi, ainsi que la décision-surprise d’Obama de ne pas y opposer son véto, « devrait soulever l’indignation générale. »
Depuis lors, des initiatives ont vu le jour un peu partout dans le pays et à Capitole Hill – dont un discours très médiatisé du candidat républicain à la Présidentielle Ron Paul – pour abroger cette loi. Mais la palme du courage face à ce déni de justice revient clairement à Chris Hedges, qui avec l’aide des avocats Carl J. Mayer et Bruce I. Afran, vient de porter plainte contre Obama et le ministre de la Justice Leon Panetta, en « remettant en cause la légalité de l’Autorisation de l’usage de la Force militaire (Authorization for Use of Military Force) telle que formulée dans la dernière version du National Defense Authorization Act. » Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, cela signifie que Chris Hedges est en train d’attaquer le président devant les tribunaux.
Cela signifie aussi que celui que les lecteurs avaient plébiscité en si grand nombre depuis plusieurs mois pour cette nomination a finalement été récompensé de « truthdigger » de la semaine. L’engagement constant de Chris Hedges pour défendre nos libertés clairement mises en danger l’a récemment amené non seulement à soutenir cette cause lorsqu’il prend son stylo, mais à le faire de vive voix lors de débats ou de manifestations, à la télévision ou à la radio, et à se rendre en personne là où cela avait le plus de poids, devant la Maison-Blanche et à Wall Street. Nous republions son interview par Amy Goodman mise en ligne mardi dernier sur le site DemocracyNow! à propos de cette plainte, et nous vous proposons une compilation de certaines de ses meilleures phrases et apparitions sur cette page qui lui est consacrée.
Bravo Chris, et merci.
Traduction GV pour ReOpenNews
En lien avec cet article :
- Etats-Unis : Obama signe la loi controversée sur la Défense et la détention indéfinie sans procès paru sur mondialisation.ca, le 2 janvier 2012, article original de Russia Today
- Un lauréat du Prix Pulitzer, un ex-analyste de la CIA et un whistleblower parmi les personnes arrêtées devant la Maison Blanche par David Edwards, pour Raw Story, le 16 déc. 2010
- USA : Vers une loi autorisant la détention illimitée et sans procès ? | par John Burton sur World Socialiste Web Site, traduction emcee, le 26 déc. 2010
- Afghanistan: Tout le monde s’en fiche | article original paru sur truthdig le 3 mai 2010, traduit par Le Grand Soir
Personne ne doute une fraction de seconde que les journalistes Français vont défendre bec et ongles leur collègue de l’autre côté de l’Atlantique comme ils l’ont fait pour Charlie Hebdo!
Bon, je sors…
Bravo à cette lumineuse intervention d’un journaliste engagé, tourné davantage vers ses valeurs que son salaire.
Et honte aux autres, moutons de Panurge.
Je doute que nos journaleux et commentateurs français nous parlent de cette loi, ou de ce journaliste
Il l’a fait… Il l’a fait… Il l’a fait…
Yes, he can !… :-/