La guerre secrète des drones US au Pakistan (1/2)
L’administration Obama et la CIA ne laissent filtrer pratiquement aucune information sur les frappes de drones au Pakistan, et pour cause, ce programme de "drones" est classifé. Il est donc impossible de savoir qui est visé et pourquoi, quel est le nombre de victimes, etc… puisque par définition, ce programme est secret et se déroule de plus dans une zone de guerre. Pourtant, des voix commencent à s’élever aux USA suite à un récent article paru dans le Wall Street Journal et à l’exécution le mois dernier du citoyen américain Anwar al-Awlaki par une attaque de drone au Yémen. Voici une analyse parue sur le site "Wired", où l’on apprend que devant l’augmentation des "effets collatéraux", le Département d’État et le Pentagone ont maintenant leur mot à dire dans ces opérations jusqu’ici supervisées uniquement par la CIA.
Nous verrons dans un prochain article les problèmes de droit international que pose cette stratégie d’attaques par drones de la CIA, qui s’est considérablement renforcée depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir.
Photo: U.S. Army Central Command
Les drones de la CIA tuent des personnes sans savoir qui elles sont
Par Spencer Ackerman, sur Wired.com, le 4 novembre 2011
Traduction GV pour ReOpenNews
L’expansion de la guerre non déclarée utilisant des drones de la CIA dans les zones tribales au Pakisan a demandé un élargissement considérable de la définition de ceux qui « peuvent être tués ». Par le passé, le standard des cibles à éliminer se situait au niveau des chefs d’al-Qaïda ou de leurs alliés. Tout cela est bien fini, et le nombre de personnes visées à la fois a [fortement] augmenté.
C’est le « nouveau » standard, d’après un article phare du Wall Street Journal : « des personnes considérées comme militants collaborant avec des groupes terroristes, mais dont les identités ne sont pas toujours connues. » La CIA assassine désormais des gens sans connaitre leur identité, sur la base de soupçons d’association avec des groupes terroristes. Cet article du Wall Street Journal ne précise pas la définition standard de « soupçons » ou d’ « association ».
Les frappes visant ces individus – généralement des groupes d’individus – sont appelées des « frappes groupées » (Signature strikes). « La plupart des frappes de la CIA sont des ‘frappes groupées’, » indique un rapport du journal d’Adams Entous, Siobhan Gorman et Julian E. Barnes.
Et par « la plupart », ils entendent bien « la grande majorité ». Le Wall Street Journal indique que l’augmentation des groupes de personnes visés par la CIA est tel que l’agence doit avertir ses collègues pakistanais lors des attaques massives. Lorsque l’Agence envisage d’éliminer 20 personnes ou plus à la fois, elle doit en avertir les [services] pakistanais.
Déterminer qui sera visé n’est pas une question relevant de la collection de renseignements. Les caméras installées sous les ailes des drones Predator et Reaper font cela très bien. C’est une question d’ « analyse » des informations – interprétation des images, et en fonction des espions et des guetteurs au sol, comprendre qui est réellement un terroriste, et qui est là simplement pour leur rapporter leur linge propre. Il est vrai que lors d’une guerre contre un ennemi caché et mystérieux. Il peut s’avérer difficile de faire la distinction entre les deux.
Mais fondamentalement, c’est bien une question politique : est-il acceptable que la CIA tue des gens sans vraiment savoir si c’est un terroriste kamikaze ou l’employé du pressing.
Le Wall Street Journal rapporte que la volonté de la CIA de frapper sans connaitre l’identité des cibles – une pratique pleinement autorisée par le Président Obama – pose certains problèmes au Département d’État et aux militaires.
Comme nous l’avons écrit cette semaine, le volume important de frappes de drones dans les zones tribales pakistanaises contribue à exacerber l’intransigeance des Pakistanais sur un autre problème d’une grande importance : convaincre les Pakistanais d’envoyer les groupes d’insurgés qu’il sponsorise pour participer aux pourparlers de paix destinés à mettre fin au conflit en Afghanistan. Les drones ne sont pas la cause de cette intransigeance. Après tout, les leaders pakistanais coopèrent aux frappes de drones et exploitent le sentiment populaire antiaméricain pour « racketter » Washington. Les frappes deviennent pour le Pakistan des atouts pour se la jouer « cynique ».
Le Département d’État veut sortir de cette situation. Il craint l’apparition au Pakistan de leaders réellement antiaméricains qui prendraient le pouvoir, portés par une vague d’indignation due aux drones. Le Wall Street Journal avait déjà expliqué il y a quelques mois que le Département d’État avait désormais son mot à dire sur les cibles. Même chose pour les militaires, qui redoutent que les Pakistanais ne leur coupent la route d’approvisionnement vers l’Afghanistan, et qui passe sur leur territoire.
Cela dit, c’est toujours la CIA qui a le contrôle. Non seulement l’Agence a maintenant défini 14 « orbites » de patrouilles pour les drones, chacune parcourue par trois Predators ou Reapers, mais il a déplacé la plupart de ses drones du Pakistan vers des bases afghanes. C’est la preuve d’un contrôle unilatéral, même si cela offre au Pakistanais une meilleure visibilité sur les opérations des drones.
« Ce n’est pas comme si on avait retiré les clefs à la CIA, » explique un officiel – sous couvert d’anonymat – au Wall Street Journal. « Il y a simplement plus de monde dans la voiture. »
Et la question de base, à savoir « qui doit être visé » reste la même. La réponse par défaut, en termes bruts, est : tous ceux que la CIA peut atteindre.
Clive Staffort Smith, un avocat des Droits de l’Homme, raconte l’histoire [d’une de ces frappes]. Un jeune homme appelé Tarik est décédé lors d’une frappe de drone avec son cousin âgé de 12 ans, Waheed Khan, alors qu’ils revenaient en voiture chez leur tante.
« Tarik était un bon gars, très courageux, » écrit Stafford Smith. « Je lui avais récemment serré la main, en signe d’amitié ; cette main est désormais froide, saisie par la mort infligée par mon gouvernement. »
Aussi longtemps que la CIA – appuyée désormais par les militaires et le Département d’État – a les mains libres pour envoyer en secret ses drones faire la guerre dans les zones tribales du Pakistan, elle continuera de réprimer al-Qaïda et ses alliés, affaiblissant [ainsi] la menace qu’ils représentent. Mais elle tuera aussi davantage de Tarik et de Waheed. Et puisque la guerre des drones est un programme classifié de la CIA, elle n’aura de comptes à rendre à personne pour ses actions, surtout pas aux peuples pakistanais ou américains.
Spencer Ackerman
Traduction GV pour ReOpenNews
En lien avec cet article :
- La Justice américaine à deux vitesses, le programme d’assassinat suivi par Obama et le Printemps arabe | par Glenn Greenwald et Amy Goodman, pour DemocracyNow, traduit par Le Grand Soir, le 26 oct. 2011
- Obama, le fils de l’Afrique, s’accapare les joyaux du continent | par John Pilger, sur mondialisation.ca, le 21 oct. 2011
- La montée en puissance des opérations secrètes occidentales | par Sara Ledwith et Simon Robinson, Reuters, 18 oct. 2011
- Anwar al-Awlaki : exécution sommaire d’un citoyen américain | par Suzanne Ito sur ACLU.org, le 30.09.11
- Les frappes de drones US au Pakistan sont un « nouveau Guantanamo » | paru sur Channel4 News, le 9 mai 2011
- Newsweek : A l’intérieur de la machine à tuer (In the killing machine) | paru dans Newsweek, le 13 février 2011
- Pourquoi le Pakistan ne peut pas relâcher l’homme qui se fait appeler Raymond Davis | par Shaukat QADIR, « This Can’t Be Happening » le 19 février 2011, repris pas Le Grand Soir
Je connais un gars aux US, un black aux origines musulmanes, qui vit dans une grande maison blanche à Washinton. Au début c’était un chef très apprécié, mais plus le temps passe plus il a l’air louche, le mec. Il faudrait que j’envoie un mail à la CIA pour qu’ils aillent y faire planer une série de drones.
@Hugues
Bonjour.
Qu’est-ce qui te pousse à affirmer que quelqu’un dont le père, bien qu’il ait été élevé dans la tradition musulmane se dit athée, et la mère de religion catholique se dit agnostique est d’origine musulmane ?
Rappelons que Barack Obama a été élevé par sa mère et ses grand-parents maternels dans des écoles catholiques.
Remarque, tu peux très bien soutenir cette idée, puisque d’autres n’hésitent pas à le présenter comme un noir.
Tout ça me fait penser que ce qui caractérise Barack Obama est finalement la duplicité. Chrétien-musulman, blanc-noir et peut être aussi démocrate-néocon …
Plus je vois des drones en images, avec leur tir de missile Hellfire plus il me semble évident qu’un drone a touché le Pentagone.
Tout concorderait puisqu’il existe certains drone-missile qui sont véhiculé par guidage informatique. On peut imaginer que la trace blanche peinte diagonalement plusieurs jours avant le 9-11 et qu’on aperçoit distinctement par imagerie satellite était un axe directeur pour le guidage visuel ou pour bien prévenir certaines personnes de façon opérationnelle d’où le drone arriverait le jour fatidique à moins que ce soit pour le pilote d’hélicoptère qui aurait tiré un missile ( autre hypothèse).
Ainsi quand on revisionne la vidéo US du Pentagone après les attentats- vous savez, celle où l’on ne voit rien sinon un vague objet qui semble rouler péniblement sur un rail – on arrive à bien faire la synthèse entre les faits, le drone missile. Surtout quand on a vu des vidéos où l’on voit le même type d’impact du au missile Hellfire que celui du Pentagone. Que ce soit un drone lanceur de missiles ou un drone-missile ne servant qu’une seule fois, la piste me semble plausible.
» note intéressante » :
» Les Drone -Missiles ont un système de guidage spécial qui combinent plusieurs systèmes de guidage de missiles traditionnels disponibles normalement ( … ) Les trois systèmes de capteurs sont contrôlés par un système informatique sophistiqué. Sur les drones plus petits, les fonctions du système informatique sont comme un ordinateur de guidage standard et pilote automatique, mais sur le plus grand, de taille C (type 4 et type 5) des drones, l’ordinateur est équipé d’un système de guidage intelligent (… ) Au drone standard lui sera donnée sa cible quand il est tiré, et le drone va continuer vers cet objectif jusqu’à ce qu’il soit atteint ou il est détruit.
Bien qu’il soit possible pour le navire de lancement pour faire exploser le drone avant qu’il n’atteigne sa cible, le système de guidage standard ne permet pas au drone d’ être réorientée après qu’il ait été congédié. « http://homepage.mac.com/cheethorne/Palladium/dronemissiles.htm
Autre article intéressant :
» Le AGM-114 Hellfire (hellfire signifie en anglais « feu de l’enfer ») est un missile antichar à guidage laser semi-actif de type tire et oublie de fabrication américaine fabriqué par Lockheed Martin. Il est principalement utilisé sur hélicoptères, notamment sur l’AH-64 Apache, mais également sur le drone MQ-1 Predator. Très polyvalent, il peut être employé contre tout type de véhicules, mais aussi contre des bâtiments. Sa portée relativement longue permet au lanceur de rester à l’abri, voire invisible. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/AGM-114_Hellfire
Point important : « Très polyvalent, il peut être employé contre tout type de véhicules, mais aussi contre des bâtiments. Sa portée relativement longue permet au lanceur de rester à l’abri, voire invisible. «
« Tout ça me fait penser que ce qui caractérise Barack Obama est finalement la duplicité. Chrétien-musulman, blanc-noir et peut être aussi démocrate-néocon … »
De là à considérer avec ce mélange que bien que pourtant intelligent ce gars aux US ce serait finalement » un paumé » dans ce monde de fou. ?
C’est une hypothèse qui peut se défendre certes. mais pas la mienne
Pour moi , c’est un pur produit du système, et qu’il est là parce que le système l’a voulu et l’y a placé.
Ah oui je crois entendre l’objection » Mais les élections, la démocratie et tout et tout ? »
Oui Oui, Mais de nos jours les peuples ça se manipule et ça vote souvent docilement comme souhaité dans le sens que souhaitent les ploutocrates et autres oligarques, quoique parfois ils se réveillent et se rebiffent.
Rien de plus facile avec les moyens actuels en tout genre que faire la promo d’un gars et d’assurer son élection.
Sa réelection c’est une autre histoire ! et d’ici là… ? la situation ?
Je reviens sur le fond de l’article. Il est proprement effrayant.
La CIA assassine impunément partout dans le monde et extermine qui elle veut, où elle veut. Notamment des civils innocents en grand nombre et des gosses de 12 ans.
Cela va faire des ravages dans les populations. Des générations entières relèveront le gant de la vengeance. On peut aisément le comprendre. Les USA, première puissance criminelle au monde est devenue complètement folle. Délirante et pourvoyeuse de mort.
Les USA dit encore » l’Amérique » est vraiment morte. C’est un Etat réel toxique et un état imaginaire psychopathe.
Des crimes fomentés par une poignée de psychopathes qui tiennent tous les pouvoirs : militaire, financier, économique, juridique, médiatique. Ce système devenu autiste extermine dans le monde n’importe qui sous prétexte d’hygiène et de rationalité. Ces crimes de masse engagent pourtant tout un peuple de 250 millions d’individus.
Mais quand donc le peuple US comprendra t-il que tout cela les mène à la dissolution et au ban des nations ? Car, y ‘a t-il une nation aujourd’hui dans le monde plus haïe que les USA ? Je ne le pense pas.
Il faut remonter aux sources. Histoire et origine de la CIA. On apprend beaucoup sur ses états de faits dont ses innombrables participations aux actions de subversions déguisées en démocratie, révolutionite, opposition contrôlée (et non pas démolition contrôlée quoi que les résultats soient identiques). Notamment sur son soutien à la création de certains syndicats, y compris en France…
@René M
« De là à considérer avec ce mélange que bien que pourtant intelligent ce gars aux US ce serait finalement » un paumé » dans ce monde de fou. ? C’est une hypothèse qui peut se défendre »
Je soutiens l’idée opposée, justement. J’espère que tu as trop vite lu mon post, car si je suis incompréhensible, il va falloir que je révise mon style ;-)
@ Doume
Non ne révise pas ton style C’est plutôt moi qui a fait une maladresse,
en reprenant une phrase de ton commentaire .
En fait je m’en servais comme pour enchainer et se voulait un peu à la fois une réponse à Hugues et une synthèse avec la tienne.
Ce que j’ai un peu raté donc
Nous sommes tous d’accord sur une chose Obama a déçu Et le mot est fa
Déçu, le mot est » faible » voulais-je dire . Il à trahit l’espoir de ses électeurs, quand aux raisons de cette trahison nous ne manquons pas d’ hypothèses n’est-ce pas.