Olivier Taymans au sujet du 11-Septembre : « C’est un sujet sale que l’on ne peut toucher que si l’on n’a plus rien à perdre »

Voici une interview captivante d’Olivier Taymans, le réalisateur du film "Epouvantails, autruches et perroquets – 10 ans de journalisme sur le 11-Septembre" sur le traitement médiatique du sujet du 11/9 en France. Il y évoque sa découverte, puis son étude du malaise voire de la schizophrénie qui s’empare des journalistes dès qu’il s’agit de traiter des attentats de 2001, et parle de sa propre expérience de critique des médias, et des difficultés qu’il a rencontrées lors de l’élaboration de son documentaire, lorsqu’il s’est heurté aux refus systématiques des journalistes ou des télévisions de lui fournir certaines images ou de répondre à des interviews. Voici le témoignage édifiant d’un journaliste intègre confronté à l’omerta au sujet du 11/9.

 

Le réalisateur Olivier Taymans


 Epouvantails, autruches et perroquets – 10 ans de journalisme sur le 11-Septembre

Visionnez gratuitement le film ici

 


Epouvantails, autruches et perroquets – 10 ans… par ReOpen911
 



"C’est un sujet sale que l’on ne peut toucher que si l’on n’a plus rien à perdre"

par Olivier Mukuna, sur AgoraVox, le 5 oct. 2011

Invité, puis déprogrammé de l’unique émission de radio de la RTBF sur les médias (la bien nommée : "L’envers des médias"), Olivier Taymans sort d’une projection-débat consacrée à son film par le cinéma bruxellois Nova. Entretien avec l’auteur du premier documentaire francophone sur le malaise journalistique autour des attentats du 11 septembre.

Comment vous est venue l’idée de questionner et de mettre en critique la couverture médiatique francophone des attentats du 11 septembre ?

Olivier Taymans : C’est venu en plusieurs temps. Lorsque Thierry Meyssan a sorti son livre (« L’effroyable imposture »), je l’ai interviewé dans une émission de radio que j’animais à l’époque (Radio Campus, ULB). Puis, j’ai cherché des contre-points aux thèses de Meyssan et j’ai trouvé plusieurs personnes qui critiquaient son travail avec sérieux. Je les ai aussi interviewées. Sans vraiment pouvoir trancher, il y a avait déjà matière à s’interroger sur le rôle des médias dans leur couverture du 11 septembre. Très vite, le traitement médiatique envers Thierry Meyssan n’a plus été ni honnête ni équilibré. Mais en tant que critique de médias, ce phénomène habituel ne m’a pas paru surprenant. Bref, je suis passé à autre chose. Jusqu’en 2004, où j’apprends qu’un troisième gratte-ciel new-yorkais, le bâtiment n°7, s’était effondré le 11 septembre 2001 (sans avoir été percuté par un avion, ndlr). A nouveau intrigué, ce qui va définitivement me lancer sur cette enquête, c’est une séquence diffusée en 2006 au JT de la RTBF. Il s’agit de ces fameuses images de l’attentat sur le Pentagone, prises d’une caméra de surveillance. Si l’on voit effectivement une explosion, on ne voit pas du tout ce qui percute la façade du bâtiment. De mémoire, ces images étaient accompagnées du commentaire journalistique suivant : « On voit brièvement et clairement un Boeing rentrer dans le Pentagone et donc les théories du complot sont nulles et non avenues » … Là, je me suis dit : « on est arrivé à un point où le gars peut dire le contraire de ce qu’il montre lui-même ! ». Il y avait une schizophrénie totale. Du coup, l’aspect psychologique de journalistes capables de faire cela m’a intéressé énormément.

Avec cette séquence de 2006 et d’autres, la plupart des journalistes ont-ils cessé de faire leur métier et, pour certains, sombré dans une propagande pro-américaine ?

O.T. : On peut le voir comme ça. En même temps, je refuse de tomber dans le piège, style : « regardez ces journalistes qui manipulent ! ». Ce qui m’intéresse, c’est la psychologie de ces journalistes qui ne constituent pas, à mes yeux, les dernières petites mains d’un « grand complot  ». Toute l’idée de mon film réside là : examiner pourquoi un gars, qui n’a aucun intérêt apparent, dit le contraire de ce qu’il voit ? On voit pourtant tous la même chose que lui et ça nous amène à conclure qu’il n’y a rien sur ces images ! Sur le coup, les médias officiels sont tombés dans l’écueil qui consiste à mettre au service de leur thèse des images qui ne disent absolument rien et ne démontrent rien. Si ce journaliste ne trempe pas dans un quelconque « complot  », alors, pourquoi agit-il de la sorte ? C’est ce qui m’a intrigué.

Dans votre film, chez chaque interlocuteur francophone, on sent une dose de malaise plus ou moins grande. C’est un documentaire sur dix ans de malaise journalistique ?

O.T : Oui, mais le premier malaise, c’est celui qu’on ne voit pas : celui du journaliste responsable de l’incroyable séquence qui m’a lancé sur cette enquête. J’ai tout essayé auprès de la RTBF pour obtenir cette archive que je n’avais pas enregistrée. D’une part, celle-ci illustrait parfaitement mon sujet et, d’autre part, c’est celle qui m’avait fait bouger. Puisque l’exploitation secondaire de ces images n’était pas autorisée, j’ai demandé au journaliste concerné sa permission pour disposer de son commentaire. Sur la base des mêmes images d’attentat circulant sur le net, j’aurais réalisé un montage avec sa voix off afin de redonner fidèlement ce que j’avais vu en 2006 au JT de la RTBF. Très sèchement, le journaliste m’a refusé cette archive sonore ! Abandonnant toute exploitation, j’ai demandé à pouvoir simplement visionner cette fameuse séquence. Refusé, également. Ensuite, je suis parvenu à ce qu’une parlementaire interpelle la Ministre de la Culture et de l’Audiovisuel en Communauté française. Sur base de l’Article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui assure au citoyen un accès à l’information, la députée Florence Reuters (MR) a demandé au ministre Fadila Laanan (PS) : « Comment se fait-il qu’un réalisateur de documentaire n’ait pas le droit de visionner une séquence produite par le service public de la Communauté française ? ». La ministre a répondu à côté en tartinant sur les droits d’exploitation secondaire dont ne dispose pas la RTBF. Autrement dit, elle a répondu à l’impossibilité d’insérer ces images dans mon film mais pas sur l’interdiction qui m’était faite de les visionner. Florence Reuters ne s’y est pas trompée en répliquant : « Ce n’est pas la question, Madame la ministre ! La question est : pourquoi n’a-t-il pas le droit de visionner ces images ? » … L’incident était clos : je n’ai jamais pu voir cette séquence ; ne fût-ce que pour vérifier que je ne m’étais pas trompé, que je n’avais pas rêvé leur commentaire journalistique. C’était le premier malaise de mon enquête ; tellement fort, qu’il a échappé à la caméra ! Il y a en d’autres, mais laissons aux spectateurs le soin de les découvrir.

A deux exceptions, il n’y a aucun journaliste belge francophone qui s’exprime dans le film. Ils ont tous refusé vos demandes d’interview ?

O.T : Exact. J’ai interpellé une série de journalistes qui, systématiquement, soit me fuyaient et me renvoyaient vers quelqu’un d’autre soit s’énervaient et m’insultaient. Si on leur dit que ce sujet « 11 septembre et médias » les terrorise, ils vont le nier. Pourtant, force est de constater qu’il y a un malaise. Je me souviens aussi de ce journaliste d’un grand quotidien belge, auteur d’un article posant la question : « Peut-on enquêter sur le 11 septembre ? ». Rendez-vous fût pris. Il semblait enthousiaste, disait que mon projet était « très intéressant  » mais qu’il avait besoin de prétextes – c’est-à-dire d’un sujet d’actualité lié au contenu de mon film – pour rédiger un article. Le soir de notre entretien, je lui ai envoyé plusieurs prétextes d’actualité tels que, par exemple, la venue prochaine de David Ray Griffin en Belgique. Jusqu’à ce jour, je n’ai plus eu aucune nouvelle de ce gars …

En tant que critique des médias, qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans les réponses que vous avez pu obtenir ?

O.T : Ce qui m’a le plus surpris ? (bref silence) … C’est de me faire insulter par Bruno Clément, (éditeur et présentateur de l’émission d’investigations Question à la Une (RTBF). Cet épisode est dans le film car il s’agit de la plus forte illustration du malaise journalistique concernant le traitement médiatique du 11 septembre. Néanmoins, je ne m’attendais pas du tout à une telle réaction de sa part. Chacun est libre de refuser une interview, mais en arriver, comme Clément, à perdre les pédales pour s’enfermer dans une attitude ordurière de rejet, je ne l’ai pas compris et ne le comprends toujours pas.

Vous ne pouviez ignorer que le seul fait de questionner le travail des médias et leur relais inconditionnel de la version officielle du 11 septembre allait vous exposer à des réactions de haine voire développer une diabolisation à votre endroit …

O.T : Oui, bien sûr. Si ce n’est que je n’ai pas le sentiment d’avoir eu la même démarche que, par exemple, Thierry Meyssan. Je ne pense pas avoir d’autre thèse que celle-ci : certaines choses signifiantes concernant le 11 septembre ne sont pas relayées par les grands médias. Ce qui me paraît absolument démontrable. Prenons le fait qu’il existe une série d’associations de professionnels (soit des personnes compétentes dans les domaines qui touchent au 11 septembre ; ex-agents de la CIA, ingénieurs, architectes, pompiers, etc.), respectés par leurs pairs et non identifiés comme des agitateurs politiques ou des cinglés, qui déclarent que tel, tel et tel point pose des problèmes factuels et scientifiques. Des problèmes qui contredisent sur le fond les conclusions de la Commission d’enquête sur les attentats du 11 septembre ! Eh bien, ce fait, hautement signifiant, n’est pas relayé par les médias ou alors de manière extrêmement superficielle. Pendant la réalisation du film, on m’a effectivement souvent renvoyé que j’avais une « thèse » et que je tentais de l’illustrer en images. Ce n’est pas le cas : qu’il s’agisse de Jean-Pierre Jacqmin (Directeur de l’information à la RTBF, ndlr), d’Yves Thiran (ex-Directeur de l’éthique, puis Chef de rédaction des nouveaux médias à la RTBF, ndlr) ou de Bruno Clément, j’ai approché ces personnes sans thèse sur le fond des évènements. Ce n’est même pas le sujet du film ! Mon sujet porte sur la couverture médiatique de la contestation raisonnée et non-conspirationniste de la version officielle des attentats du 11 septembre.

Pour quels motifs cette contestation raisonnée est-elle interdite de parole dans les médias traditionnels ?

O.T : Très bonne question ! Et dès qu’on cherche à y répondre, on devient un épouvantail prêtant aux amalgames et aux invectives. Si vous posez cette question, c’est que vous avez une « thèse  ». Si vous avez une thèse, vous êtes forcément « conspirationniste », puisque vous soupçonnez l’existence d’un « grand complot » – il est toujours « grand », le complot ! – qui implique une bonne partie de l’élite américaine. En conséquence : vous êtes « anti-américains » et, sans doute, « antisémite » parce que « négationniste », puisque vous « niez » les attentats du 11 septembre. Je n’ai jamais compris d’où venait cette locution absurde. De la remise en question d’un évènement historique, on passe à la « négation » du 11 septembre lui-même. Amalgame complètement absurde, mais qui revient tellement souvent … La rumeur selon laquelle les employés juifs du World Trade Center avaient été prévenus de ne pas venir travailler le 11 septembre 2001 a dû avoir sa néfaste influence. Pourtant, cette assertion est fausse et personne ne la relaye ; excepté quelques extrémistes qu’il est malhonnête d’amalgamer avec tous les gens qui osent remettre tel ou tel aspect en question.

Dix ans plus tard, vous êtes le premier journaliste francophone à réaliser un documentaire sous l’angle de la critique du fonctionnement médiatique. Vos confrères des médias traditionnels subissent-ils une totale absence de liberté ou sont-ils terrorisés par l’idée de faire leur métier … jusqu’à risquer de le perdre ?

O.T : Sur ce type de sujet, je pense que la liberté se confond avec la curiosité. En travaillant pour les médias traditionnels, si vous cherchez vraiment à enquêter jusqu’au bout, vous vous confronterez à un manque de liberté. Bien sûr, on ne vit pas dans un État totalitaire avec le bâillon sur la bouche ; par contre, on fera tout pour que vous n’ayez pas les moyens d’enquêter ni de diffuser au plus grand nombre ce que vous avez à dire. Dans le cadre hiérarchique d’une entreprise, l’employeur ne vous donnera ni les moyens ni la liberté d’enquêter. En indépendant, il faut chercher des soutiens financiers, très difficiles à trouver pour ce type de documentaire. Avant de tourner, je suis allé voir un producteur belge de petite taille, ouvert et soutenant des projets alternatifs. Son refus n’a pas seulement été motivé par les aspects « sensibles » du projet, mais aussi par mon manque d’expérience en documentaires. Je suis journaliste depuis quinze ans, mais c’était mon premier film. Ce fait incontestable combiné au côté épineux du sujet ne l’a pas encouragé à me trouver des financements. Néanmoins, j’ai obtenu un petit soutien financier de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias) que je tiens à remercier ici. Ceci étant dit, si je suis le premier sur un tel film, c’est aussi parce que d’autres documentaristes, plus expérimentés, ne cherchent pas à traiter le sujet. Peut-être parce qu’ils savent qu’ils n’obtiendront aucun financement ? Je n’en sais rien.

Ou peut-être craignent-ils des sanctions professionnelles capables de nuire définitivement à leurs carrières ?

O.T : Certainement. C’est ce qui explique aussi la timidité – c’est un euphémisme ! – d’une partie de la gauche de la gauche que beaucoup attendaient sur cette controverse. Or, des intellectuels comme Noam Chomsky, les journalistes du Monde diplomatique ou les politiques classés à la gauche de la gauche sont parmi les plus virulents à se démarquer de ce sujet. A l’instar des journalistes qui font les autruches, ces gens-là craignent énormément de perdre leur crédibilité. Il y a eu tellement d’amalgames autour des remises en question de la version officielle des attentats du 11 septembre que nombreuses sont les personnalités qui ne s’associeront pas à de telles interrogations ; de peur que toutes leurs autres activités, journalistiques ou militantes, soient frappées de ce sceau d’infamie. C’est la loi du « Qu’en dira-t-on ? ». La peur qu’on dise : « Monsieur X ? Oui, mais vous savez qu’il fricote avec les conspirationnistes ! ». C’est une sorte de contagion de la décrédibilisation qui est encore à l’œuvre. En cela, une partie des Français présents dans le film, qui n’ont cessé à crier à l’antisémitisme et au négationnisme, ont engrangé un certain succès. Ils sont parvenus à ce que des interrogations légitimes constituent désormais un « sujet sale », qu’on ne peut toucher que si l’on n’a plus rien à perdre …

Unanimement respecté dans le milieu du journalisme belge, Jean-Jacques Jespers qualifie votre sujet d’enquête de « tabou  » journalistique mais semble, lui aussi, marcher sur des œufs …

O.T : Jean-Jacques Jespers est dans une position intermédiaire. Après trente ans de journalisme à la RTBF, il est désormais Professeur de journalisme à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et n’est plus loin de l’âge de la retraite. A ces différents titres, il bénéficie de plus de liberté d’expression que d’autres. Sa position intermédiaire se reflète aussi sur le fond du dossier. Jespers estime qu’il y a beaucoup d’éléments troublants, mais en reste, grosso modo, à la position suivante : « Les autorités américaines ont sans doute eu une attitude d’ignorance coupable. Ils étaient sans doute au courant des projets d’attentats et les ont laissé se dérouler parce que cela les arrangeait bien ». C’est déjà un grand pas pour quelqu’un qui a une crédibilité à défendre.

Le cap de la commémoration des dix ans va-t-il favoriser un vrai débat contradictoire sur cette couverture médiatique bancale comme sur le fond du dossier ?

O.T. : Cela me paraît assez mal parti. En période de commémorations, on revient principalement sur l’émotionnel, les victimes, les témoignages. Ces aspects ont indéniablement leur place en journalisme. Mais ce ressort est aussi utilisé par certains pour affirmer que remettre en question « la vérité » demeure scandaleux vis-à-vis des victimes qui ont souffert. Pour ma part, je pense exactement le contraire. D’ailleurs, un grand nombre de familles des victimes du 11 septembre sont parmi les gens qui remettent les choses en question. Pour la sphère médiatique, à quelques exceptions près, il existe une antinomie entre cette émotion qu’ils véhiculent et les idées critiques de remise en question. Maintenant, à la décharge des journalistes, leur position est très inconfortable. J’ai eu des échos de certains journalistes qui ont tenté d’aborder le sujet dans leurs rédactions respectives. Avec prudence, ils ont développé l’une ou l’autre incohérence de la version officielle. Ils ont tous essuyé une réaction épidermique de rejet, qui vous fait vite comprendre que si vous voulez garder votre job, il ne faut plus insister !

« Position très inconfortable » dans l’espace francophone. Car votre documentaire montre qu’il en va tout autrement pour les journalistes norvégiens qui, eux, ne risquent pas de perdre leur travail en faisant leur travail …

O.T. : Oui, en Norvège, il y a au moins eu une véritable controverse. Tous les journaux n’ont pas rivalisé d’enquêtes ou de dossiers spéciaux sur le sujet, mais le vrai débat est possible. Jusqu’à l’intérieur d’un même journal où un rédacteur en chef n’a pas voulu en parler tandis que le responsable du même quotidien en ligne a décidé d’en faire sa « Une ». Tout cela se décide sans heurts et ne mène pas à une cascade d’anathèmes invraisemblables. Sur la controverse autour du 11 septembre, la particularité française de recours systématique à l’antisémitisme et au négationnisme a fort surpris les journalistes norvégiens. Ils ne comprenaient pas comment on pouvait relier les deux domaines. Le négationnisme et la remise en question de la version officielle du 11 septembre n’ont en effet rien avoir entre eux. Si cette dérive est peu présente en Belgique, elle est fort développée en France et ne se limite pas qu’au 11 septembre ! L’antisémitisme et le négationnisme sont devenus des épouvantails, brandis devant toute dissonance idéologique ou dès qu’est défendue une analyse qui déplaît aux « intellectuels médiatiques » régnant sur le débat en France.

Si les médias francophones recouvrent de silence votre film, pensez-vous que leur objectif est d’éviter d’éclabousser une partie des journalistes ? Que ceux-ci n’aient pas à reconnaître qu’au minimum ils ont menti par omissions au sujet du 11 septembre ?

O.T : Non. Et je ne pense pas qu’ils pourraient le reconnaître parce que cela ramène à des processus relevant davantage de l’inconscient que de l’intention. Si l’omission d’informations est réelle, elle peut aussi être inconsciente. Ce qui me semble être le cas. Une partie du métier de journaliste consiste à hiérarchiser et sélectionner en permanence. Ils doivent, en âme et conscience, juger de l’importance ou de l’insignifiance de tel ou tel élément d’information. Dans ces processus, nombre de journalistes sont victimes de la fenêtre personnelle qu’ils ont sur la réalité. Autrement dit, ils fonctionnent d’après un certain conditionnement. Interrogés là-dessus, ils ne verront pas cela comme un mensonge par omission, mais comme une saine hiérarchisation et sélection de l’information. Rares sont ceux à qui je serais tenté d’imputer une intention de falsification pour des raisons idéologiques. Je pense que l’idéologie à suivre est largement inconsciente : on baigne dedans sans s’en rendre compte.

« Rares », mais souvent titulaires d’émissions d’informations télévisuelles. A l’instar de Daniel Leconte (Arte) dont l’intégrisme pro-américain est implacablement disséqué dans votre film. Concernant son « travail », peut-on parler « d’inconscience » ou même de journalisme ?

O.T : Non, effectivement. Lorsqu’on voit les sujets produits par Docs en stock, la société de production de Daniel Leconte, c’est très orienté et univoque jusqu’au choix des invités pour de pseudo-débats. Avec Leconte, on se trouve dans des choix conscients qu’on peut assimiler à de la mauvaise foi. Un « débat » où aucun invité n’a une opinion contraire à celle du présentateur (Daniel Leconte, ndlr), où tout le monde s’entre-congratule en répétant : « C’est fou ce que vous avez raison ! », ce n’est plus ce que j’appelle un débat. Et lorsqu’on constate qu’une majorité des intervenants – au pseudo-débat et dans les documentaires diffusés – font partie d’un même cercle idéologique néoconservateur, identifié et tout à fait identifiable, j’estime qu’on n’est plus dans le journalisme, mais dans la propagande.

Votre film est désormais visible sur le net, vous attendez-vous à être diabolisé ?

O.T : Je n’en ai aucune idée. L’avenir nous le dira. Si certains médias traditionnels décident de parler du film, il ne serait pas étonnant que je sois rangé dans un camp. Or, je ne me sens appartenir à aucun camp. Si j’ai des relations avec des personnes considérées comme des « conspirationnistes », cela ne fait pas de moi un militant de leur cause. Je me sens davantage militant du journalisme que d’une position tranchée au sein de cette controverse. Ce que je défends, c’est une pratique du journalisme telle que je la conçois et non telle que je l’ai vu pratiquée pendant dix ans sur le 11 septembre. Il est assez malheureux d’être forcé d’aller jusqu’en Norvège pour trouver des personnes qui tiennent un discours sur le métier qui devrait être celui de n’importe quel journaliste ! Tout journaliste devrait avoir pour instinct naturel de se poser des questions, de ne fuir aucun sujet et de manier le doute en toutes circonstances. Cela devrait tomber sous le sens, mais, visiblement, il faut faire des milliers de kilomètres pour entendre ces évidences ! Et surtout, les voir pratiquées au quotidien par les Norvégiens sans qu’ils trouvent cela extraordinaire. Normal : c’est la base du métier ! Dans l’espace francophone, les professionnels que j’ai interrogés ont complètement perdu de vue ces balises. Celles-ci sont encore enseignées dans les écoles de journalisme, mais comme une sorte de truc théorique obligatoire. Un peu comme la prière du soir chez les cathos qui ne pratiquent plus vraiment …

 

Propos recueillis par Olivier Mukuna

 


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15 Responses to “Olivier Taymans au sujet du 11-Septembre : « C’est un sujet sale que l’on ne peut toucher que si l’on n’a plus rien à perdre »”

  • Citron

    Bravo M. Taymans pour ce documentaire de très haute tenue… et pour faire votre métier, tout simplement…

    Je dirais bien « votre courage », mais comme dit dans le film, en arriver à devoir souligner le courage d’un journaliste qui fait son métier, c’est le comble !

    Un jour je m’f'rais Norvégien !!!

    ===============

    On m’a montré des tours exploser…
    Puis les mêmes m’ont dit : « Ce n’étaient pas des tours qui explosent ! »

    Extrait de « La caverne » – Platon

  • Fab

    « des intellectuels comme Noam Chomsky, les journalistes du Monde diplomatique ou les politiques classés à la gauche de la gauche sont parmi les plus virulents à se démarquer de ce sujet », « ces gens-là craignent énormément de perdre leur crédibilité » ils se sont battu pendant des années pour que critiquer Israël ne soit pas taxé d’antisémitisme, mais en fin de compte, s’ils ont peur de ce qu’on dirait d’eux s’il parlaient du 911 (ou de la Libye…), alors ils ont perdu et ils ont perdu toute crédibilité ! tout magistère ! toute influence ! il ne parlent plus que pour la secte du répondeur de 15h00 de France Inter. Et en plus ils laissent un autoroute à la droite de la droite, qui elle reprend le sujet du 911. Sans Reopen, Réseau Voltaire et LGS, le sujet du 11 septembre serait quasiment livré à l’extrême droite, Soral en tête. Je m’en suis ouvert à Acrimed qui m’avait répondu du tac au tac dans un premier mail mais qui ne se presse pas de répondre à mes questions sur leur dédain du 911 (et de la Libye…)

    j’ai hâte de regarder le film d’Olivier Taymans

    merci de l’avoir mis en ligne

  • Je ressens comme un malaise dans le malaise….

    - Le comportement étrange des journalistes n’est absolument pas limité au sujet du 11/09. Prenez n’importe quel sujet, politique, économique, social, géo-politique, scientifique etc. et essayez de gratter un peu sous le vernis, juste pour voir.
    Bizarre que TOUS les médias traitent tous des MEME sujets, de la MEME façon, en MEME temps. Le hasard a bon dos.
    Les journalistes sont certes des moutons comme les autres, ce ne sont pas tous des crétins. Il y a des lâches aussi… Et des agents infiltrés. Vu l’importance des enjeux de la communication dans la gestion du monde depuis un Siècle, vous n’allez tout de même pas me faire croire qu’on a laissé libre et incontrôlée ce secteur stratégique. Il est le nerf de la guerre.

    - Les journalistes n’acceptent aucune critique et aucune remise en question. Ca s’appelle de l’intégrisme, c’est dangereux et inacceptable, point.

    -L’information concernant la présence ou non de personnes de confessions juives dans le WTC n’est pas une rumeur, elle est parfaitement vraie. Elle se trouve d’ailleurs dans le livre d’Eric Laurent « La Face cachée du 11 septembre », et elle a été confirmée par des sources Israëlienes. Ne commencer pas à tomber dans les mêmes pratiques que ceux que vous critiquez.

  • Lucien

    J’AI du bon sens
    TU as du bon sens
    IL A du bon sens
    NOUS SOMMES de plus en plus nombreux à avoir du bon sens sur ces questions essentielles.

    La version de majorité de la presse, exécrable copié-collé du gouvernement US, tombant aujourd’hui en lambeaux, ne tiendra bientôt plus face à la poussée de l’internet. Ce n’est qu’une question de temps.

    Et les dirigeants US de l’époque ne seront pas les seuls à tomber. Tous leurs relais-perroquets viendront avec.

  • Zorg

    Sébastien a écrit :
    « -L’information concernant la présence ou non de personnes de confessions juives dans le WTC n’est pas une rumeur, elle est parfaitement vraie. Elle se trouve d’ailleurs dans le livre d’Eric Laurent « La Face cachée du 11 septembre », et elle a été confirmée par des sources Israëlienes. Ne commencer pas à tomber dans les mêmes pratiques que ceux que vous critiquez. »

    Mais de quoi parles-tu ?
    Attention à ne pas confondre la rumeur des 4000 juifs qui ne seraient pas allés travailler au WTC avec l’affaire ODIGO ou l’histoire des 5 israéliens arrêtés à New York le 11 septembre qui elles sont avérées.

    La rumeur des 4000 juifs a été magistralement utilisée par Antoine Vitkine dans un des ses reportages diffusés sur Arte le 13 avril 2004 où par une série d’amalgames Meyssan se voit associé à cette rumeur.
    Ce qui est un comble puisque Meyssan démonte cette rumeur dans son livre, l’Effroyable Imposture et il traite le journaliste qatari ayant lancé cette rumeur d’affabulateur.

    Pour faire la part des choses entre info et intox sur ce sujet, vous pouvez lire les articles d’Hicham Hamza :
    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/israel-et-le-11-septembre-une-100620
    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/israel-et-le-11-septembre-2-7-le-100817

  • Zorg

    Excellente interview d’Olivier Taymans à mettre en parallèle avec l’édifiante interview (réalisée le lendemain) de Bruno Clément (le journaliste de la RTBF qui insulte Taymans) :
    http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/les-conspirationnistes-defendent-101819

  • Phrygane

    Que la presse nous qualifie de « conspirationnistes » et autres noms d’oiseau, depuis 10 ans est peut-être blessant pour notre amour propre mais n’empêche nullement l’opinion d’évoluer.
    Cette attitude beaucoup trop agressive ne répond pas aux questions et devient suspecte aux yeux d’un nombre croissant de personnes qui se dirigent vers internet.

    Gageons aussi que les mouvements d »indignés »qui gagnent maintenant l’Amérique et qui témoignent de la perte de confiance des gens envers leurs gouvernants vont, indirectement, ouvrir encore un peu plus la voie au soupçon.

    Je veux dire que la confiance en la version officielle doit beaucoup à la crédibilité de la parole du gouvernement US (les partisans de la VO refusent de vérifier et de voir par eux-mêmes).
    Or on ne peut, à la fois être en colère contre un pouvoir qui laisse de plus en plus de monde sur le carreau, au profit de Wall Street et avoir confiance en sa parole.

    La pauvreté et la misère va peut-être accélérer une certaine prise de conscience.

  • alexov

    MERCI !!!

  • RECTOR

    j’ai vu le doc, très intérêssant, et attitude connue des gens qui ne veulent pas entendre parler de ceux qui contestent la version officielle US malgré la pertinence des arguments qu’ils avancent.
    Choqué et dégouté par le sieur VAL totalement ordurier dans ces
    propos ainsi que son complice Leconte et sa clique inféodée au système BUSH ( « appuyant » le bien fondé d’une guerre en irak).
    Je suis dans ces conditions plutôt fier de faire parti de la
    frange de la population qui demande une révision complète de
    la version officielle us des attentats du 11 septembre 2001.
    Et que dire de malterre qui interwievé à une télé US comparer
    les personnes qui ont achetées l’ouvrage de Thierry Messan, l’effroyable imposture à des gens incultes n’ayant jamais été à l’école et proche de la débilité profonde.
    Bref, essentiel doc qui hélas ne passera jamais en prime time
    sur les chaines publiques françaises. Quelle démocratie ?

  • Alphonse

    Une voix de plus pour dire : Bravo, et merci M. Taymans.
    Et au passage, re-merci à Re open. La logique et la sagesse finiront par l’emporter, mais que c’est long et dur !

    Je ne fais aucun aucun commentaire sur les propos de B. Clément (lien Agoravox donné plus haut), je ne voudrais pas être grossier. De plus, d’excellentes réponses sont apportées dans les commentaires d’Agoravox.

    Bientôt la lumière

  • Manfredi

    La dénonciation de Daniel LECONTE est parfaitement justifiée ! ARTE, le service Public de France-TélévisionS, Guillaume Durand, et RAdio-France (Culture en particulier), et Le Monde (Pleynel , Colombani & Co.) qui a été le premier à organiser un contre-feu au livre de Th. Meyssan !… La liste est longue et pitoyable tellement l’hystérie et la mauvaise foi sautent aux yeux et oreilles des moins avertis !!

    Il faut transmettre ce travail aux écoles de journalisme francophones, qu’ils ‘planchent’ là-dessus avec les jeunes confrères qui sont pour la plupart très ignorants et surtout conformistes….On ne mécontente pas les rédac-chefs en début de carrière et On souhaite des boutiques prestigieuses si possible !

    * Remarquons au passage que les journalistes français se font donner la leçon par les Belges, les Suisses, les Italiens, les Espagnols, Suédois, Allemands ! S’il n’en restent que qques-uns obtus – et restant ‘aux ordres’ de la manière la plus stupide – , eh bien ce sera les nôtres !!

  • j.kerviel

    le 11/9 est essentiel :

    il a permit aux gens de s’instruire, de dévorer internet, d’essayer de comprendre la géopolitique, de démasquer les mensonges des médias, d’acheter des livres, de visionner des documentaires plutôt que des films, d’être moins naïfs, de se poser des questions sur l’avenir de leurs enfants, de comprendre qui domine le monde enfin de voir la réalité de l’Histoire au jour le jour.

    Quel événement médiatique mondiale pouvait réaliser une tel prise conscience ?

    L’entité qui a perpétré la 9/11 a complètement raté son attaque, les gens(jeunes) seront septique, alternatif et subversif à long terme.

    On a presque envie de dire merci mais c’est impossible à cause de la misère qui s’est abattue sur l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et les citoyens qui subissent les conséquences des opérations noire de l’entité qui les gouverne.

    Le doc de Taymans nous montre que la carte de presse est devenue un simple ticket de métro vraiment banal et sans intérêt.
    Merci Olivier pour ton courage

  • mehmeti

    Totalement ridicule : l’article et les commentaires.
    Si les journalistes ne parlent pas du 11/09, c’est parce que la vérité est connue sur le sujet ( désolé si les conclusions vous déplaisent ) et qu’ils ne veulent tout simplement pas alimenter par leur participation les élucubrations des paranoïaques que vous êtes.
    Mais enfin, réfléchissez un peu, si TOUS ne souhaitent plus parler du 11/09, est-ce parce :
    - qu’ils ont peur d’en parler ? et pourquoi ?
    - que tout a déjà été dit et que seuls des allumés SANS PREUVE AUCUNE continuent à alimenter un fantasme?
    Quelle est la réponse la plus logique, qui a le plus de chance de correspondre à la réalité ?
    N’est-ce pas une nouvelle preuve de votre paranoia que d’accuser les autres d’omerta, de censure, alors que rien de tel n’existe ?

  • lefebure

    @ Mehmeti

    Nous n’avons pas de preuves mais de fortes présomptions:
    - la chute des WTC 1 et 2 ne correspond pas à une chute naturelle (théorie officielle du pancake) provoquée par l’effondrement des étages supérieurs.
    - la chute du WT 7 ne correspond pas non plus à une chute naturelle. De petits incendies ne peuvent réduire en poussière une telle masse de béton sur structure d’acier.
    - il est peu probable que des pilotes novices sur bi-moteur à hélice aient pu piloter des jets sur des cibles bien précises et cela à trois reprises. un sans faute parfait pour des novices est étonnant.
    - L’ensemble des preuves (à charge ou à décharge de la version officielle) est inaccessible. Les bandes vidéos ont été saisies, l’acier des WTC a été envoyé dans des fonderie en Asie, les débris de béton ont été utilisés comme remblai pour combler une partie de la rivière, les boites noires n’ont pas été retrouvées ou retrouvées mais inexploitables, les débris de l’avion qui a percuté le pentagone ont été mis sous séquestre, etc, etc …
    Enfin, l’enquête officielle n’a démarrée que bien après ces évènements et cela sous la pression des familles des victimes. Sans leur démarche, pas d’enquête. Pourquoi cette volonté de cacher ?
    Pour revenir au travail d’Olivier Taymans et rester dans le sujet: Il démontre, preuves à l’appui, que la grande majorite des journalistes francophones ne souhaitent pas évoquer le 11 septembre et se pose la question: Pourquoi ?
    Avant Copernic et Galilée, le soleil tournait autour de la terre, c’était la version officielle. Il a fallu plus tard quelques « allumés » pour remettre en question cette version officielle et leur « fantasme » est devenu réalité aujourd’hui. Je vous l’apprends peut être mais la terre tourne autour du soleil maintenant. « Totalement ridicule » me direz-vous ?

  • rector

    lefebure : Mehmeti se fout totalement de toutes les preuves ou presomption que la VO ne tient pas debout. Seule la pensée
    dominante pour lui a de la valeur. Lorsqu’il dit =  » Si les journalistes ne parlent pas du 11/09, c’est parce que la vérité est connue sur le sujet … »
    Je crois que tout est dit non ? un déni, un refus absolu de refuser toute alternative à la VO. Ils disent que à s’est passé comme çà
    et c’est inutile de contester cette version.
    Siil se donnait la peine de regarder les excellents articles de Reopen911 ( docs et autres ) ou d’autres excellents sites sur le net,
    il changerait probablement d’avis. Mais il a décidé que les autres
    devaient PENSER POUR LUI.

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