Cour suprême des USA : appel rejeté, cinq Chinois ouïghours resteront à Guantanamo

Cinq Chinois arrêtés par erreur fin 2001 en Afghanistan croupissent depuis dans la prison de Guantanamo, alors qu’ils ont été blanchis de toute  accusation de terrorisme. Ils font partie des 172 personnes toujours détenues illégalement par les USA sur l’île de Cuba. La chose étrange dans cet article est l’information selon laquelle ces cinq prisonniers ouïghours auraient refusé d’être extradés à Palau, une petite île de l’Océanie comptant 20 000 habitants. Toujours est-il que leur récent recours devant la Cour Suprème des États-Unis ayant été rejeté, ils risquent bien de rester en prison encore longtemps si aucun pays ne se propose pour les accueillir. Mais qu’attendent donc la France et les autres grandes démocraties européennes pour se proposer et sauver ces cinq pauvres bougres de cet enfer ?

La Cour suprême des Etats-Unis a rejeté lundi le recours déposé par cinq Chinois ouïghours
innocentés depuis des années d’accusations de terrorisme mais toujours à Guantanamo
faute d’un pays tiers pour les accueillir. | Tim Sloan

 


Cour suprême : appel rejeté, cinq Chinois ouïghours resteront à Guantanamo

paru dans Le Parisien (AFP), le 18.04.2011

La Cour suprême des Etats-Unis a rejeté lundi le recours déposé par cinq Chinois ouïghours innocentés depuis des années d’accusations de terrorisme mais toujours à Guantanamo faute d’un pays tiers pour les accueillir.

Ces détenus appartiennent à un groupe de 22 hommes de la minorité ouïghoure, musulmane et turcophone, arrêtés par erreur en Afghanistan fin 2001 et totalement blanchis de toute accusation de terrorisme depuis, par l’administration Bush puis Obama.

Les Etats-Unis se refusent à les renvoyer en Chine où ils risquent des persécutions.

Leurs cas symbolisent la situation inextricable dans laquelle s’est placé Washington en transférant des centaines de prisonniers sur la base navale américaine de Cuba, au lendemain du 11-Septembre.

Sur les vingt-deux Ouïghours, dix-sept ont été libérés dans des pays tiers, comme l’Albanie (qui en a accueillis 5), les Bermudes (4), l’archipel pacifique de Palau (6) et la Suisse (2). Le cinq derniers refusent de s’exiler à Palau, qui compte 20.000 habitants et dont ils ne pourront sortir.

Dans un court commentaire, la Cour explique que les cinq détenus ont reçu "au moins deux offres d’accueil", dont Palau. "Ces offres, l’absence de raisons valables pour les refuser et l’engagement constant de l’administration à travailler à des solutions" ne justifient pas l’intervention de la plus haute juridiction des Etats-Unis, assure celle-ci.

Cette année, huit recours ont été déposés par des détenus de Guantanamo devant la Cour suprême. Tous ont été rejetés, un seul reste désormais en instance.
Dans leur requête, les cinq Ouïghours ont rappelé qu’ils avaient d’abord été blanchis par le Pentagone puis par la justice fédérale.

Un juge de première instance avait même ordonné la libération immédiate de 17 d’entre eux sur le sol américain fin 2008. Mais une cour d’appel s’y est opposé. Puis le Congrès a adopté plusieurs résolutions successives pour interdire toute venue de détenus ou d’anciens détenus aux Etats-Unis.

Placés dans une situation absurde car enfermés depuis près de neuf ans bien que libérables, quatre ont accepté l’offre des Bermudes en 2009 et six celle de Palau la même année. La Suisse a accueilli deux frères en 2010.

A l’automne 2009, la Cour suprême avait accepté d’examiner leur demande de libération aux Etats-Unis mais elle s’est dessaisie en mars 2010 lorsque la Suisse a fait une proposition pour accueillir les deux frères dont un nécéssite un suivi médical et que Palau a renouvelé son offre aux cinq détenus restants.

Cette succession d’infortunes judiciaires pour les détenus ouïghours constitue une victoire pour l’administration Obama, très embarrassée par ce dossier. Un revers l’aurait obligée à défendre la situation inextricable créée par son prédécesseur George W. Bush.

La prison de Guantanamo accueille à l’heure actuelle 172 détenus.

L’administration espère en rapatrier ou envoyer dans des pays tiers une petite centaine, en juger 33 pour "crimes de guerre" et prévoit d’en garder 48 indéfiniment derrière les barreaux sans procès.

Saisie à trois reprises – 2004, 2006 et 2008 – depuis l’ouverture de Guantanamo, la Cour suprême a toujours donné jusqu’ici raison aux détenus contre l’administration Bush.

 


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