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Une mine d’or pour qui veut aborder le déroulement au fur et à mesure des évènements du 11-Septembre, dans l’intimité de ceux qui en ont été les témoins directs.

Les textes publiés retracent les communications émises par texto entre 3h du matin, ce mardi 11 septembre 2001, soit 6 heures avant les attaques, jusqu’à 3h du matin, le lendemain. Plus de 573 000 SMS seront ainsi disponibles en ligne pour un total d’environ 6,4 millions de mots.

Il s’agit pour la plupart de messages transmis par une multitude de citoyens du secteur privé ou public comme, par exemple, des fonctionnaires opérant au Pentagone et à la police de New York, ainsi que des témoins de la chute des tours. Dans cette impressionnante base de données figurent également des messages automatiques comme certaines alertes adressées aux serveurs par les ordinateurs installés dans le World Trade Center.

Selon un responsable du site, «ces archives constituent un témoignage objectif de ce moment crucial de notre époque. Nous espérons que cette révélation aboutira à une compréhension plus profonde et nuancée de cette tragédie et de la manière dont elle aurait pu être anticipée».

Cette divulgation intervient avec une semaine de retard, en raison de problèmes techniques invoqués. Sur Internet, les citoyens s’échinent déjà, au travers de forums de discussion ou sur Twitter, à mettre à jour et à débattre des SMS les plus poignants ou les plus intrigants.

«Bien que nous soyons dans l’obligation de protéger nos sources, il est clair que cette information provient d’une organisation qui interceptait et archivait les télécommunications américaines bien avant le 11 septembre», précise Wikileaks, sans ajouter plus de détails sur le mystérieux fournisseur de ces documents.

À l’origine, le site à but non lucratif, réputé pour sa crédibilité, fut fondé fin 2006 par un groupe hétéroclite composé de dissidents chinois, de journalistes et d’activistes des droits de l’homme qui voulaient, grâce au web 2.0, contourner la censure des États autoritaires et l’autocensure des médias occidentaux sur certains sujets sensibles.

Ce qui en ressort? L’état de panique, les rumeurs confuses, des distorsions évidentes et quelques éléments d’information inédits sur ce qui se passait à Manhattan et à Washington le 11 septembre 2001, comme l’illustre l’exemple de ces SMS récurrents, vers 10h30, faisant état d‘une explosion, relative à une voiture piégée, aux abords du Département d’État.

Il s’agit d’ores et déjà d’une ressource fantastique pour les historiens et les enquêteurs qui étudient la perception et la gestion des attentats par les témoins directs et les forces de sécurité.

Mais une controverse apparaît déjà quant à cette divulgation, relative au conflit entre la protection de la vie privée des auteurs de ces SMS et la nécessité de mettre à la disposition de tous des éléments jugés d’intérêt public pour éclairer certaines zones d’ombres du 11-Septembre.

En parallèle à la controverse éthique, des énigmes demeurent : qui a collecté toutes ces données ? Quand un tel programme d’interception et d’archivage a-t-il débuté ? Est-il encore en cours et, le cas échéant, quelles sont ses frontières géographiques ?
Le véritable scoop qu’offre Wikilekaks, huit ans après le drame, apporte quelques réponses qui ne manqueront pas, à leur tour, de susciter bon nombre de questions. Jamais la conclusion de l’enquête menée en 2004 par le grand reporter Éric Laurent sur ces attentats -”Le 11-Septembre est un mensonge nimbé de mystères”- n’a paru plus appropriée qu’aujourd’hui.

Hicham Hamza pour LaTélélibre.fr, le 25/11/09

Voir la page de wikileak dédiée aux SMS du 11/9